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L’espoir d’un condamné

Par Cyriltuloup

En tête du classement IMDB des 250 meilleurs films de l’histoire du cinéma, Les Évadés appartient à une catégorie rare, celle du film sublime mais discret. Modestement popularisé, le film de Frank Darabont n’a pas volé sa place et reste à ce jour le meilleur film carcéral, et même l’un des meilleurs films tout simplement.

Sortit en 1995, Les Évadés est le premier long métrage de son réalisateur, difficile à croire tant il accole la perfection. C’est aussi l’adaptation d’une nouvelle de Stephen King, publiée en 1982 sous le mon de Rita Hayworth et la rédemption de Shawshank. Jamais, mais alors jamais un film n’avait véhiculé autant d’espoir. Misanthrope avec ces gardiens de cellules qui tabassent les prisonniers, humaniste avec les aspirations du personnage joué par Tim Robbins, il rapproche les réflexions sans tirer un trait sur les idées secondaires. On comprends mal l’échec commercial, le film allant même se prêter au Carpe Diem. On nous conte le malheureux destin de Andy Dufresne, jeune banquier condamné à l’enfermement à perpétuité pour le meurtre de sa femme. On l’envoie à Shawshank, le pénitencier le plus sévère de l’Etat du Maine. C’est entre quatre murs qu’il rencontre Red, un noir privé de liberté depuis 20 ans. Les deux hommes vont lier une profonde amitié, le premier rêve de prouver son innocence alors que le second n’espère plus.

L’espoir d’un condamné

Autant vous le dire tout de suite, les deux personnages principaux sont particulièrement charismatiques et interprétés par de acteurs irréprochables. Tim Robbins diffuse à l’image de son personnage un espoir énorme, Morgan Freeman prends la peau d’un détenu désespéré mais illuminé par la sagesse. L’acteur afro américain signe une prestation démente comme il en a l’habitude et confirme son immense carrière, presque sans erreurs (on regrettera juste son rôle tenu dans Gone Baby Gone  où il ne se familiarisait pas avec son personnage).Les Évadés est clairement un cinéma modeste qui dépasse la simple modestie. Glissant doucement la caméra vers les interprètes, articulant judicieusement le décor, le réalisateur nous fait part d’un savoir faire détonant pour un premier film. Les yeux ne s’amusent pas à se poser sur les arrières plans ou à délecter la mise en scène, ils suivent simplement les personnages. Avec ses petites lunettes et ses traits sévères, le directeur de la prison accentue la rigidité du système pénitencier déjà bien illustrée avec des gardiens haïssables. L’ours qui vient de mettre les pieds dans sa cellule pleure déjà ? Et bien il a mérité sa petite punition, les gardiens allant le matraquer jusqu’à la mort. Il y a aussi ces sodomites qui veulent profiter de Andy, véritable incarnation du malaise carcéral. Les Évadés n’est pourtant pas un film qui tombe dans la morale manichéenne, dressant moult portraits de dérisions humaines et imbriquant son humanisme via les différents détenus. Les histoires se mêlent sans nuire au rythme et enrichissent un récit clairvoyant. Vous l’avez compris, Les Évadés est un film à ranger précieusement dans sa vidéothèque et à conseiller à tous les amateurs du septième art. Une soif de vie trop rare.

Les Évadés de Frank Darabont (U.S.A, 2h20, 1194)


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