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Un fournisseur hors du commun

Publié le 26 janvier 2011 par Vuesdechine

Cette semaine, j’ai rencontré pour la première fois un fournisseur, que nous appellerons Wang et que je côtoie depuis plus d’un an déjà. Ceux qui suivent ce blog l’auront peut-être compris, je travaille dans le textile. Travailler dans le textile en Chine permet d’être au centre des échanges économiques internationaux et de comprendre beaucoup de notre monde mondialisé. Je l’avais évoqué ici, j’y reviendrai sans doute un jour.
Travailler dans le textile en Chine amène à être au contact avec une Chine qui évolue, qui change et qui n’est pas la Chine folklorique et éternelle qu’on promet dans les agences de voyage occidentales. C’est la Chine des banlieues industrielles du Shandong, du Zhejiang, de Tianjin ou d’ailleurs, avec de multiples interlocuteurs chinois, souvent pour le meilleur et parfois pour le pire.

Wang est un de mes plus gros fournisseurs. La plupart de nos rapports sont habituellement centrés autour de chiffres, de production textile ou de discussions polies et mesurées. Jusqu’à ce repas d’affaires, où pour la première fois nous avons parlé avec notre cœur, de personne à personne, laissant la relation de client à fournisseur au vestiaire.

Wang est né en 1966 et a vécu des années en France. Il y a appris le français et son métier sur le tas, en commençant au niveau zéro de l’échelle sociale. J’imagine un apprentissage à la dure sans personne pour le guider dans ce qui devait être un choc culturel permanent. Puis il est rentré en Chine et a créé un bureau de production textile destiné au marché français.

Et cette semaine j’ai découvert que, rentré depuis 1994, il continue à lire des livres en français. Car il est amoureux des mots et de la langue française. Car il a ainsi accès à des informations qui ne sont pas transformées, « harmonisées » comme on le dit souvent ici pour tout ce qui touche à la texte encodé - javascript doit être activé. Ses livres préférés sont donc ceux qui parlent de la Chine, d’auteurs français, chinois ou étrangers, mais traduits dans la langue de Molière…

J’ai passé ce qui aurait du être un repas d’affaires à parler littérature, histoire et échanges culturels. Où j’ai appris que nous partagions le même engouement que Qiu Xiaolong, où il m’a fait découvrir que Peter May, son pendant anglophone, existait et était tout aussi savoureux…
Et où j’ai eu devant moi l’incarnation même d’une intégration culturelle réussie : Wang a appris en France l’esprit critique et le sens de la remise en question de l’ordre des choses. A l’étranger et depuis son retour grâce aux livres en français, il a appris une histoire de son pays qu’on n’apprend pas dans les manuels d’histoire chinois, particulièrement pour sa génération née en pleine texte encodé - javascript doit être activé. Mais il est et sera toujours Chinois. Il est fier de son pays : il est bouddhiste, aime l’histoire de la Chine et veut que ses enfants aient la même éducation que lui, qu’ils sachent lire et écrire le mandarin.

Wang est une personne cultivée et raffinée. Une personne à qui j’aimerai ressembler pour qu’on me dise peut-être un jour :

Tu as compris le pays dans lequel tu as vécu pendant des années. Tu en as gardé le meilleur, et sans renier un instant ta propre culture, tu as amélioré ta propre compréhension du monde!

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