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[Critique] “Rien à déclarer”… et rien à en tirer

Par Kub3

Article originellement publié le 24 décembre 2010

Courquain contre Koorkin. Dans ce face-à-face entre deux douaniers, l’un français, l’autre belge, Dany Boon réutilise la recette qui a fait le succès de Bienvenue chez les Ch’tis, cherchant à tourner en dérision les préjugés. Résultat : un film à l’humour gras et indigeste.

[Critique] “Rien à déclarer”… et rien à en tirer

Frontière franco-belge, décembre 1992. De jour comme de nuit, Ruben Vandervoorde met sa francophobie au service de son zèle de douanier et mène la vie dure à ceux d’en face, parmi lesquels Mathias Ducatel. Un mois plus tard pourtant, la naissance de l’Union Européenne met un terme aux contrôles douaniers intérieurs et force les deux officiers à faire équipe dans la première douane volante franco-belge de l’histoire.

Comme dans son dernier film, Dany Boon s’attaque aux aprioris, mais avec beaucoup moins de succès. Là où Bienvenue chez les Ch’tis assumait la naïveté de son propos et faisait preuve d’une certaine forme de poésie, Rien à déclarer est une succession de scénettes aussi fades que grasses. Pire : tandis que l’humour servait dans le premier à prouver le caractère ridicule des préjugés des Français face aux Nordistes, il donne l’impression dans le second de n’être utilisé qu’au strict premier degré. Les blagues belges et autres gags racistes (vis-à-vis des français, des gros tout comme des homosexuels) semblent bien là pour faire rire le spectateur, non pour le faire réfléchir.

Certes, on n’attend pas d’un tel divertissement de nous permettre de déchiffrer l’œuvre intégrale de Georges Bataille. Mais on pouvait légitimement espérer autre chose qu’un canevas grossier sur la xénophobie dont le seul ressort est un humour populiste et paillard à base de réparties aussi percutantes que “J’ai fait caca” [sic]. Lorsque le trafiquant de drogue cherche à faire passer sa marchandise de l’autre côté de la frontière, où va-t-il la cacher ? Dans son anus, évidemment. Au détriment de toute logique (si les mules avaient l’habitude de procéder comme ça, ça se saurait) et avec pour seul intérêt de permettre au duo policier d’enchaîner les calembours fins comme des parpaings lorsqu’ils finissent par lui mettre le grappin dessus.

Ce couple d’officiers incarnés par Poelvoorde et Boon est loin d’être mauvais mais les rôles sont parasités. Le premier, porté par un Poelvoorde comme toujours excellent dans ses excès, voit son personnage mité par des scènes de fusillades dont on ne comprend pas l’intérêt dans ce type de comédie. Quant au deuxième, il est embarqué dans une histoire d’amour façon Devine qui vient dîner? : Mathias Ducatel s’entiche en effet d’une jolie belge (Julie Bernard), qui n’est autre que la sœur de Vandervoorde. Passons sur le personnage féminin, incroyablement plat et sans saveur, pour faire un constat simple : cette amourette aurait pu donner un peu de profondeur au film – les amants face au déterminisme de la naissance, façon Roméo et Juliette – mais ne parvient au final qu’à l’alourdir davantage.

La mise en scène, meilleure que celle de Bienvenue chez les Ch’tis, ainsi que le soin particulier apporté aux décors, ne suffisent pas à adoucir le jugement : Rien à déclarer connaîtra peut-être le même succès que son prédécesseur, reste à savoir s’il le mérite.

[Critique] “Rien à déclarer”… et rien à en tirer
En salles le 26 janvier 2010 dans le Nord – Pas-de-Calais et en Belgique
Sortie nationale le 02 février

Crédit photo : © Pathé Distribution


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