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Chapitre 337: Le tour du monde dans une petite cuillère au Paris des Chefs

Par Luciebeluga

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Quand j’étais petite, je voulais ouvrir un restaurant appelé à la noix de coco farcie (d’où le petit dessin à gauche qui bientôt quand je l’aurai réparé vous conduira à mes recettes créoles et exotiques) et faire un livre parlant du tour du monde dans une petite cuillère… J’aime cette idée de pouvoir voyager en une bouchée et hier, grâce à Dorian, mon rêve s’est rapproché de mes papilles.

Le monsieur qui ne sait pas pourquoi il nous raconte tout ça, m’a donné une invitation pour le Paris des chefs, une manifestation au cœur du salon Maison et Objet se tenant jusqu’à lundi dernier au Parc des Expos de Villepinte. L’idée était de mettre en équipe de deux des chefs et des artistes, ils devaient travailler en 30 à 40 minutes sur la thématique du visible et de l’invisible.

Je n’ai malheureusement pas pu rencontrer un de mes gourous, le pape du moléculaire Thierry Marx, parce que j’étais à prendre le thé avec mes chères lolitas. Toutefois, en trois prestations dimanche après-midi, j’en ai déjà pris plein les pupilles. Au final, je suis contente de m’être restreinte car tout comme lors une exposition rétrospective ou bien n’importe quel salon, où l’on est  frappé, marqué, et où naissent des tonnes d’idées, j’avais la tête pleine comme une courge sur le point d’exploser.

Je vais essayer de vous raconter sans prendre mille ans.

La première rencontre s’est faite avec Sat Bains, chef à Nottingham et Steven Dilks, un graffeur renommé de la même ville. Tout en se concertant très à l’avance sur le concept de leur performance, ils ne se sont jamais révélé le résultat qui nous serait présenté. Une grande toile avait été installée face au public, déjà bien entamée et derrière, le commis de Sat dressait les plats conçus à l’avance. Sur la toile, des couleurs électriques vers le haut descendant vers des teintes plus naturelles, du vert du jaune vers le bas.

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Dilks très impressionnant avec sa cagoule s’impatiente, mais son masque est nécessaire puisque l’homme est encore recherché en France pour vandalisme dans plusieurs stations de métro. Dans les plats, des produits typiquement anglais remaniés, qui ont l’air incroyablement savoureux. Du haddock fumé aux dashi, du canard à l’orange, et un carré de mouton roti. Sat a hâte de voir la toile, mais on sent déjà une osmose assez incroyable entre les deux artistes, l’odeur des plats se mêlent à l’odeur de la peinture de manière perturbante. je ne saurais vous dire si c’était bon, les gens se sont juste rués sur scène pour goûter. Surprise par ce que je prenais un peu pour un manque de manières, mais bon ça ne semblait choquer personne, je restais les papilles un poil frustrées..

La deuxième rencontre m’a moins bluffée, deux flamants, un jeune chef Kobe Desmaraults et un designer coutelier Antoine Van Loocke. Je n’ai pas vraiment l’impression que ce dernier ait vraiment joué un rôle important dans la démonstration, ou pas de manière directe. Le monsieur recycle de vieilles lames et de vieux matériaux pour faire des couteaux, plutôt intéressant mais vous me direz si vous vous voyez un rapport avec la suite.

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Le cuisinier avait commencé à préparer son plat 15 jours à l’avance, des pigeons fumés au foin brûlé, fourrés au foin brûlés, puis cuits devant nous. Malgré l’odeur alléchante, le côté très cru des bestiaux ne m’a pas tenté du tout. D’après les goûteurs, c’était fort mais plutôt bon.  Par contre son plat de légumes d’antan avait l’air génial, des cuissons différents pour chacun afin d’avoir de la texture, et une sauce au lait de chèvre pour une poêlée qui me tentait réellement.

Mon troisième duo restera sans doute mon préféré, Davide Scabin et Oliviero Toscani. Les deux trublions italiens, l’un chef très renommé de Turin, l’autre photographe mondialement reconnu (les pubs Benetton et les pubs Nolita contre l’Anorexique avec Isabelle Caro) ont tout de suite marqué leur différence, et que je m’installe et que je tchate et que je vais dans le public. Un air de comedia del arte et une bonne humeur à toute épreuve. Tout d’abord une petite démonstration du chef, il nous demande de lui marquer sur un post-it  une couleur, un goût primaire, un adjectif et un plat qu’on aime. Forcément pour moi impossible de faire autre chose que « Noir, acide, unique, gratin de potiron ». Puis il nous demande de lui coller les post-it sur sa personne.

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Même si l’exercice est plutôt amusant, l’audience a du mal à comprendre où il veut en venir jusqu’à ce qu’il explique. Dans l’esprit de l’invisible, il tenait à nous faire ressentir comment nous apparaissons à un chef en entrant dans son restaurant. L’infini possibilité face à laquelle il se retrouve avant de nous et le contraste avec l’envie de trouver précisément ce dont nous avons envie. J’ai adoré l’idée. A l’inverse, Toscani nous montre une série de portrait réalisés à la Arcimboldo avec des aliments. Puis le chef sort de sa valise une quantité de petits sachets de liquides, là encore, nous avons du mal à voir où il va. Et puis nous comprenons qu’il s’agit d’un seul et même plat servi à son restaurant, composé de 5 soupes et 23 accompagnements différents, représentant différentes parties du monde, pouvoir voyager en une bouchée, un tour du monde en 5 assiettes.

  • Une soupe carrottes/ gingembre la soupe la plus consommée en Californie servie avec une tortilla mexicaine
  • Une soupe de pommes de terres aux parfums méditerranéens
  • Un bortsch à la crème aigre et aux truffes noires
  • une soupe africaine épicées aux dés de banane poêlés
  • une soupe miso avec un zillion d’ingrédients qui avait l’air vraiment bonne..

Cela étant il recommence son manège avec les sachets, sort une plaque noir en nous racontant qu’il avait choisi la soupe pour son côté ancestral (un des premiers plats de l’homme) et familial, la soupe rassemble les hommes. Et le voilà qui renverse ses soupes sur la plaque et sort alors une carte de la pangée. Puis, il demande à Oliviero d’aller chercher 5 jeunes filles de 5 horizons différents dans la salle. Et nous explique enfin. Voilà encore une fois, rien qu’avec des soupes, j’ai rassemblé le monde entier. Jolie leçon.

Dans les phrases à retenir, la palme revient tout de même au photographe. Pêle-mêle: « le professionnel fait pour l’argent, c’est l’amateur qui ne fait ça que pour l’amour », « la cuisine c’est de la communication visuelle », « les photos de mode, c’est comme la cuisine, on choisit les détails, on raconte des histoires ».

Cette fois j’ai bravé ma timidité et j’ai été sur scène, sans pouvoir goûter les merveilleuses soupes, mais avec la possibilité de dire en personne à Davide que petite, j’aurais adoré les légumes si c’était lui qui me les avait racontés.


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