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Formation plongée sous-marine... à Marseille ?

Publié le 29 janvier 2011 par Vincent Defossez

www.aquadomia.com

Alors que je m'évertue à vous raconter qu'ici à Marseille nous avons les plus beaux fonds sous-marins du monde (foi de marseillais d'adoption), j'ai le plaisir de vous faire part ici du récit d'une plongée faite du bord à l'Escalette à Marseille. J'espère que ce récit pourra lui aussi vous convaincre de venir suivre vos cours de plongée sous-marine à Marseille.

Ce récit est fait par Marie-Ange Ostré, vous pouvez le retrouver sur le blog http://www.unmondeailleurs.net

"La semaine dernière quand l’Homme annonce un beau matin tout guilleret « allons plonger ! » je sais déjà que nous entrons en mode « trek ». Je l’ai vu préparer son matériel la veille, faire un repérage virtuel dans ses teraoctets de documentation, et si mon sac est déjà prêt (je suis rentrée de Maurice il y a une dizaine de jours) je dois juste remplacer la combinaison 5 mm par une 7 mm. Une heure plus tard, nous scrutons depuis la route un minuscule endroit appelé « port » où ne dansent que trois barques de pêche sur les vaguelettes couleur émeraude d’un port qui le fut peut-être au temps des Romains.

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Equipés, engoncés, surchargés sous le soleil intense de la Méditerranée et les 30° ambiants, nous descendons un escalier pour nous retrouver devant une grille close : le « port » est devenu privé semble-t-il, il faut faire demi-tour. Et il n’y a rien qui exaspère plus l’Homme que de devoir faire demi-tour : pour lui, c’est quasiment contre nature !

Nous nous délestons du matériel dans la voiture et je fais cinquante mètres à pieds pour tenter de trouver un accès. A Marseille, l’accès à la mer n’est jamais très loin, mais la route est souvent surélevée, et il faut donc crapahuter pour avoir le droit de tremper le moindre orteil. Je contemple un petit éboulis de pierres calcaires et avant même que l’Homme ne me rejoigne avec la voiture, je sais que je vais y avoir droit : il n’y a rien qui l’excite tant que la difficulté !…

Nous enfilons de nouveau les baudriers de plomb, les gilets avec les bouteilles, je cale les palmes sous le bras tandis que j’accroche le gros phare Bersub au gilet (juste au cas où…), et c’est parti : cinq longues minutes de descente sur un dénivelé de trente mètres, en essayant de ne pas s’effondrer sous le poids de la bouteille 12 litres acier, en glissant sur le sable qui se dérobe et en luttant contre les pierres fracassées qui en ont vu d’autres et ont décidé ce matin de se rebeller.

Au bord de l’eau il faut veiller à ne pas glisser sur la roche mouillée et parfois moussue, criblée de patelles, ces petits coquillages coniques qui font peut-être les délices de quelques gourmands (il faut que je me renseigne !). Quand je parviens à sa hauteur l’Homme a déjà sauté à l’eau, combi à la taille, pour mettre son caisson photo en température. Passer des 30° à moins de 24° dans l’eau (en surface seulement…) nécessite un petit temps de transition pour éviter que de la buée ne se forme. De mon côté je prends le temps de me délester de ma bouteille pour fermer la combinaison soigneusement et ajuster le baudrier sur mes épaules : 7 kg et demi de plomb dans le dos, cela me semble un peu excessif avec une bouteille en acier, mais c’est la première fois que je plonge en 7 mm et mon gilet Cressi Flex est très léger (conçu pour cela). Une fois à l’eau, pas question de revenir au bord pour prendre d’autres accessoires, et à Marseille il n’est pas recommandé de laisser quelques colifichets (même de plomb) sans surveillance…

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J’entre enfin dans l’eau, en me traînant un peu sur les roches tout en essayant de ne pas égratigner ma nouvelle combi flambant neuve. Un modèle spécial pour femmes, et chez Cressi on m’a démontré que le plastron doublé pouvait avoir quelques avantages. Si j’aime moins les manchons sans fermeture éclair (pas simple à enlever au niveau des chevilles, faites-vous aider !), il est vrai que l’eau pénètre peu et je vais apprécier le plastron ainsi que la fermeture de la combi qui monte haut sur la joue droite, vers la cagoule intégrée. J’ai horreur de mettre une cagoule : ça m’écrabouille littéralement et derrière le masque j’ai une tête de phoque ! J’ai bien le sentiment que c’est la même chose pour tout le monde mais voyez-vous, chez les autres, cela ne me gêne pas !

;-)

Immédiatement un filet d’eau s’introduit sous le cou, et j’ai beau me dire que c’est normal, je me raisonne pour penser à autre chose que le frisson qui vient de me saisir. Nous procédons à quelques ajustements sous l’eau, le temps de vérifier notre lestage par exemple, et je donne à l’Homme le plomb de deux kilos qu’il avait glissé fort opportunément dans l’une de mes poches. Il en aura plus besoin que moi : mon baudrier est efficace puisque aucune ceinture de plombs ne pèse cette fois sur mes hanches, mais joint à la bouteille acier et au phare Bersub qui pèse son petit kilo dans l’eau, je me retrouve au fond en moins de trois secondes. C’est le moment de jouer avec l’équilibrage du gilet Flex…

Autour de nous, les roches sont ocres, légèrement recouvertes de sédiments, et je songe illico à toutes les trouvailles faites aussi bien dans le port qu’aux alentours immédiats de Marseille, depuis moins d’un siècle. Ancien port romain, les fonds sous-marins de la cité phocéenne regorgent d’épaves et d’amphores.

Nous savons qu’à une cinquantaine de mètres devant nous se situe un petit amas de roches sur un fond de seize mètres maximum et sur lesquelles nous devrions trouver un peu de flore. Le but de cette plongée est de nous remettre en palmes, de faire quelques photos, et j’espère bien découvrir cette fois le charme tant vanté des plongées marseillaises. Jusqu’à présent, et en cinq ans, je n’ai fait que deux plongées en Méditerranée, et j’ai été déçue chaque fois.

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J’ai d’abord la surprise de découvrir une eau moins transparente que ce que j’escomptais, mais nous sommes près des côtes et le fond de sable blanc y est sans doute aussi pour quelque chose même s’il renvoie une belle lumière. Ensuite, j’ai beau fouiller du regard : pas de poisson !

Enfin, presque pas. Ici ou là, deux ou trois petits, tout petits poissons argentés qui s’éloignent vivement de ces deux énergumènes qui viennent s’agiter sous leur nez. Je réalise que j’ignore tout de la faune méditerranéenne et la perspective d’avoir à fouiller un peu dans les livres et sur le web pour mettre un nom sur ces nouvelles espèces que je vais découvrir m’enchante. Pas question de sortir de l’eau et de vous raconter ensuite : « j’ai vu un beau poisson rayé !« . Hum…

De petits oblades donc (c’est féminin ou masculin ça ?!) nous accompagnent sur quelques mètres avant de se détourner. En atteignant les premières roches qui s’accumulent tel un gros éboulis venu d’on ne sait où, je remarque tout de suite l’abondance d’étoiles de mer rouge alors que je m’attendais surtout à trouver des oursins. Les oursins à Marseille sont ce que le nougat est à Montelimar : une obligation ! Eh bien non, sur ce site les oursins noirs sont peu nombreux et les étoiles rouges abondent, posées lascivement en évidence sur une pierre brune ou en vrac dans une anfractuosité. Ma première touche de couleur en Méditerranée !

Ensuite, nous contournons une grosse roche et là, surprise !

De délicates petites gorgones jaune pâle offrent leurs bras graciles au courant léger qui fait frémir juste à côté les cheveux de la sphérocoque, algue finement ramifiée allant du rouge sombre au rouge carmin. L’ensemble est élégant, et je suis heureuse de découvrir enfin une vue colorée qui se rapproche de ce que j’avais pu voir dans quelques livres sur la Méditerranée. Il n’en faut pas plus pour que le flash ne se mette à crépiter et pour que je prenne la pose pour le Canon 5D qui s’active. Tandis que j’essaie de rester concentrée j’observe discrètement un tout petit gobie orangé, rayé de noir, oeil globuleux surveillant chacun de mes gestes. Quand j’avance un doigt léger pour le surprendre, il disparait aussitôt : je vous le dis, les gobies marseillais sont aussi peureux (et rapides) que les gobies mauriciens !

;-)

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Quelques minutes plus tard nous commençons à explorer ce sec qui se dresse vers la surface sans l’atteindre et sous la lumière chaude de mon phare se révèlent des couleurs que je n’attendais (presque) plus ici : du rouge sang, du pourpre, du violet cardinal, du jaune vif, de l’orange laiteux,… une débauche de couleurs illuminant la flore couvrant les roches qui forment de petites anfractuosités dans lesquelles jouent des sars, des castagnoles et quelques girelles colorées.

Détail qui me fait sourire, entre deux photos (disons douze) sous une petite arche recouverte d’éponges orangées, je découvre des tuniciers (ascidies) bleu sombre. Discrètement, entre deux éclairs de flashs, j’oriente le faisceau de mon phare vers ces gros tubercules qui pendent de la voute et je découvre qu’ils sont d’un beau rouge de velours. Inévitablement, et contrairement à ce qu’on nous enseigne en plongée, j’avance le doigt pour tâter la consistance de ce spécimen qu’en d’autres contrées j’ai vu jaune rayé de bleu lavande (parc national de Komodo par exemple). Honnêtement, et de vous à moi, la taille et la forme de ces tuniciers me font penser à des préservatifs gonflés d’eau ! Et lorsque j’avance le doigt donc, j’ai la grande surprise de voir ces petites choses reculer et même réduire de taille !!!… C’est tout juste si je n’ai pas éclaté de rire sous mon masque !…

Mais mon attention est alors attirée par d’autres girelles multicolore qui virevoltent entre les tuniciers, butinant quelque mets dans les éponges encroûtantes. Un serran chevrette rase le sable à quelques centimètres de ma main, et quand il s’aperçoit qu’elle peut se mouvoir, il file sans demander son reste. Pour revenir me scruter quelques secondes plus tard…

Plus loin l’Homme tente la photo d’un beau spirographe dont le tube s’élève sur au moins trente centimètres, sentinelle solitaire sur un lit de sable et d’algue. De chaque côté, comme au pied des roches du sec, ce sont des bouquets de padines qui dominent : harmonieuses vrilles d’algues d’un blanc nacré de quelques centimètres de hauteur elles forment un élégant tapis qui renvoie la lumière du soleil depuis la surface…

De fil en aiguille, et de gorgones rouges en anémones cristallines aux doigts lilas, nous rebroussons chemin et remontons lentement pour capter les reflets d’un petit banc de mulets et d’un nuage de sars, ces poissons argentés aux rayures noires. Finalement je viens de faire ma première plongée intéressante en Méditerranée, et je n’en suis pas mécontente ! Nous sommes restés 50 minutes dans une eau à 17° pour cette première immersion en liberté et il est temps de retrouver la terre ferme. Le plus dur reste à venir : remonter le raidillon de pierres calcaires avec tout le matériel sur le dos… "

Alors j'espère que ce type de récit pourra vous confirmer qu'apprendre la plongée sous-marine à Marseille, c'est aussi découvrir de magnifiques fonds sous-marins.... A bientôt ?

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