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André Glucksmann : « Vous avez dit "philosophe" » ? ! » [SUITE]

Publié le 30 janvier 2011 par Raoul Sabas

Le 29 janvier 2011

Objet :

« Vous avez dit "philosophe" » ? ! »

Monsieur André Glucksmann

Aux bons soins du quotidien

Le Monde

80, boulevard Auguste Blanqui

75013 Paris

Monsieur,

Une autre des fictions du moralisme, de la superstition moraliste [Morale et condamnations moralisatrices au nom de LA Morale : LAQUELLE ?], qui fonde vos anathèmes partisans, c’est la prétendue division par nature des humains en deux catégories : les bons, les gentils, les « vertueux », les antiracistes aujourd’hui, nous, et les mauvais, les méchants, les « salauds », les racistes eux, ainsi que l’a confirmé, en son temps, ce propos de Daniel Vaillant, alors ministre de l’Intérieur, déclarant :

« Eux - la droite - se battent pour leurs intérêts, nous - la gauche -, nous battons pour des valeurs ! »

C’est pourquoi j’ai commenté alors ce propos en écrivant à l’un de ces « vertueux », dont j’ai oublié le nom : « Et mon cul, c’est du poulet ? ! »

En effet, cette fable avait été déjà dénoncée sans ambiguïté, voici bientôt deux millénaires, par l’un des grands diseurs universels de LA Vérité éternelle absolue, mais elle demeure toujours d’actualité, et c'es pourquoi vous, les « vertueux », censeurs autoproclamés et donneurs de leçons de morale aux Autres, vous avez deux mille ans de retard sur la pensée du Christ – sauf à vous-même ou à quiconque, évidemment, de justifier le contraire !

Je passe rapidement, c'est-à-dire sans développer ici mon argumentation philosophique à validité éternelle, sur la troisième fiction de la superstition moraliste, à savoir notre soi-disant « libre arbitre ». Cette prétendue libre volonté en vertu de laquelle il nous suffirait de vouloir pour pouvoir, c’est le superstitieux « Yes, we can » d’Obama entre autres, puisque lui-même a pu tout récemment vérifier que la méthode Coué n’avait rien d’efficace « en soi », à moins que la « nécessité » spinoziste ne vienne à son secours, car il arrive, évidemment, que les faits soient conformes à nos vœux, mais très fréquemment contraires aussi

Et vous, les vertueux, vous appliquez également cette fiction de « libre arbitre » au domaine moral pour en conclure que, puisque notre volonté est libre, paraît-il, nous avons le choix de faire librement le Bien et d’éviter tout aussi librement de mal agir. Par conséquent, lorsque nous agissons mal, c’est dû uniquement à notre volonté de faire le mal, y compris, en cas de danger de mort, ou devant tout autre intérêt égoïste de première importance - nous sommes donc, inéluctablement et irrémédiablement, « mauvais » par nature, sauf miracle de la Nature, ou par élection divine, au profit des « vertueux » censés pouvoir faire la morale aux Autres, forcément voués au Mal de toute éternité ! ! !

Or, précisément dans mon courrier antérieur à votre intention, et dans mon courrier en général, je n’ai eu et n’ai de cesse de dire et de redire que, moralement parlant, il n’y a pas les bons et les mauvais, mais seulement des individus égoïstes, TOUS sans aucune exception - hypocrites et inconscients inclus !

Vous trouverez, dans la lettre annexée du 4 février 2002, de plus amples précisions sur notre égoïsme humain tel qu’il se manifeste dans nos affaires d’amour, quel qu’en soit l’objet (biens ou personnes), de possession, toujours de biens ou de personnes – d’où l’importance de l’argent comme instrument d’échange – et de gloire ou honneur-vanité à travers la recherche de titres, de distinctions et de médailles de toutes sortes – mais tout le monde n’accepte pas pour autant la légion d’honneur, contrairement à vous !

Comte tenu de ce qui précède, j’affirme :

« Face à l’Idéal, chacun est forcément coupable, coupable de crime de « lèse Idéal ». En effet, il n’y a pas, il n’y a jamais eu et il n’y aura jamais d’individus ni de groupes d’individus, TOUS critères d’appartenance confondus, réellement irréprochables, donc habilités à reprocher aux Autres ce qu’eux-mêmes ont fait hier, ou referont demain, à la première occasion où leurs intérêts égoïstes de toutes sortes, individuels ou collectifs, voire communautaristes, l’exigeront – alors, vos leçons de morale sur la « discrimination », utilisez les d’abord à votre propre usage ! »

Au vu des multiples critères de discrimination (sexe, âge, origine ethnique ou nationale, opinions religieuses et politiques, orientation sexuelle, situation de fortune, statut social, apparence physique ou vestimentaire, etc., etc.), il n’y a pas les gentils Roms ni les gentils musulmans « antiracistes », et donc a fortiori « irréprochables ».

Si vous reprochez à juste titre toute généralisation, qu’elle soit positive ou négative d’ailleurs, il faudrait peut-être ne pas ignorer que généraliser est une de nos fonctions psychiques inévitable, faute de pouvoir se représenter une multiplicité infinie d’images qui permettrait précisément de distinguer le bon grain de l’ivraie.

Or, encore une fois, ou vous l’ignorez, ou bien vous le taisez pour pouvoir lancer vos anathèmes moralisateurs, mais ainsi vous mentez et vous manipulez l’opinion : vous avez dit «philosophe» ? !

Pour terminer l’examen de votre penser superstitieux sous toutes ses formes, il me reste à dénoncer vos mensonges et vos « croyances au miracle » en matière d’idéologie, voire de scientisme.

J’ai déjà évoqué rapidement votre parcours personnel passant du maoïsme au sarkozysme, et j’apporte la preuve que vos « croyances au miracle » idéologiques perdurent, puisque vous avez déclaré, le 29 octobre 2009, au cours d’un entretien sur France Info culture :

« L’idée de transformer le monde ne m’a jamais quitté, et j’ai visé juste. »

Vous colportez ainsi les vieux « rêves » de l’humanité de transposer l’Idéal dans le quotidien, ceux des révolutionnaires de 1789 et de 1917, des bolcheviques, des maoïstes et autres sandinistes, etc., dont on voit ce que leur monde illusoire est devenu – et ce jusqu’à la fin des temps, compte tenu de la nature égoïste éternelle des humains, sauf à vous-même ou à quiconque, évidemment, de réfuter mes arguments de la lettre du 4 février 2002 sur ce point !

Après la religion, le moralisme et l’idéologie, j’en viens à votre silence sur le rêve actuel de l’humanité de transformer le monde dans son climat, à savoir établir sur la planète un « climat sur mesure » pour l’éternité, autre manière de transposer l’idéal dans le quotidien.

Faute d’avoir fait connaître clairement votre position argumentée sur cette chimère climatique, je vous invite à apporter votre réponse, intellectuellement et philosophiquement étayée, à cette simple question vainement posée tant au GIEC qu’à Barack Obama, Ban Ki-moon, José-Manuel Barroso, Nicolas Sarkozy, Claude Allègre et à l’essentiel des médias nationaux et régionaux :

« In an universe, which is perpetually in movement, and where EVERYTHING is in a constant movement, that is the SOLE cause of the unceasing transformation of all the things of our world, human beings included, HOW would-it be possible to definitively stabilize anything and thus to establish on the planet a custom-made climate for all eternity, excepted by stopping this movement itself, precisely? »

A TERMINER…


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