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La loi 101 au CEGEP : à quoi bon?

Publié le 30 janvier 2011 par Gregorykudish
Dans son étude intitulée L’application de la Charte de la langue française au collégial : un prolongement nécessaire, le député péquiste et porte-parole de l’opposition officielle, Pierre Curzi, plaide en faveur de l’application de la loi 101 au réseau des cégeps du Québec. Loin d’avoir le potentiel de sauver l’avenir du français au Québec, cette ambition interventionniste du Parti québécois (PQ) a tous les défauts nécessaires pour être qualifiée de ridicule.
La province du Québec, faisant partie du Canada, est sujette à la Charte canadienne des droits et libertés, dont l’article 23 accorde le droit, aux minorités anglophones et francophones, de faire instruire leurs enfants dans la langue de la minorité. Au Québec, l’article 72 de la Charte de la langue française stipule que l’enseignement se donne en français dans les classes maternelles, les écoles primaires et secondaires. Mais voilà que le PQ propose le projet d’étendre l’application de cette législature au réseau des CEGEPS. Bien que le whip en chef du PLQ, Pierre Moreau, juge le projet du PQ de radical, le chef de l’opposition, Pierre Curzi, croit que le prolongement de la loi 101 au réseau collégial doit faire en sorte que la population du Québec n’échappe pas à la culture dans laquelle elle vit. Cette mentalité arriérée que partage le PQ me semble tout à fait ridicule, au plan de l’acceptabilité politique.
Le député Pierre Curzi avance l’argument démolinguistique suivant pour justifier le bien fondé du projet du PQ de prolonger la loi 101 aux cégeps : sur les 170 000 étudiants (environ) qui terminent leur secondaire, entre 3000 et 3500 choisissent de poursuivre leurs études collégiales et universitaires en anglais plutôt qu’en français. Sur 35 ans, il s’agit-là de 150 000 spécialistes travaillant en anglais.
Pourtant, ce choix que font des jeunes d’étudier en anglais après l’école secondaire s’inscrit dans une logique de la mondialisation. En effet, force est d’admettre que la population francophone est minoritaire au Canada. Selon les données du recensement canadien de 2006, seulement 21,15% des Canadiens parlent le français à la maison. Qui plus est, seulement 2,14% des habitants de l’Amérique du Nord (Canada et États-Unis) communiquent couramment en français - une goutte d’eau dans l’océan. Il n’est pas étonnant alors de constater que de plus en plus de jeunes Québécois et Québécoises choisissent de poursuivre leurs études supérieures en anglais. En plus d’enrichir leur culture linguistique, l’anglais ouvre aux étudiants des cycles supérieurs un plus grand nombre de portes sur le marché de l’emploi.
Néanmoins, l’équipe du PQ ramène constamment le débat autour du phénomène d’anglicisation du Québec. Pourtant, ce phénomène est inéluctable. Dans un monde où le marché du travail s’anglicise de plus en plus, il va de soi que la population s’anglicise elle aussi. Cela étant dit, il ne faut pas se faire trop de soucis pour rien. Les jeunes étudiants francophones qui poursuivent leurs études supérieures en anglais ne perdent pas leur français; ils deviennent bilingues, c’est tout. Entre une population québécoise unilingue dont les possibilités de carrière sont limitées à cause d’une question linguistique et une population québécoise bilingue, apte à s’engager dans l’ère de la mondialisation en apportant son savoir-faire, je préfère la seconde.
Le PQ est loin d’être réfractaire à l’idée du bilinguisme québécois. Bien au contraire, Pierre Curzi insiste sur la nécessité de fournir un apprentissage solide de l’anglais aux élèves francophones du Québec. Les soucis de Pierre Curzi tournent davantage autour du phénomène d’anglicisation de la société québécoise et de la perte de la culture de travail francophone. Cependant, les projets du PQ d’étendre la loi 101 aux CEGEPS n’enrayeront pas ce processus. Si la loi 101 venait à être appliquée aux CEGEPS, les étudiants francophones désireux de poursuivre leurs études en anglais quitteront le Québec pour une autre province.
Il est grand temps aujourd’hui que le PQ prenne conscience de l’impossibilité de protéger le Québec des effets de la mondialisation des marchés, facteur d’anglicisation de l’ensemble des sociétés. À la place des ambitions ridicules et désuètes du PQ de préserver la société québécoise dans un cocon isolationniste, renforcé par l’hégémonie de la langue française, je propose au PQ, tout comme à l’ensemble des acteurs politiques du Québec, d’encourager les jeunes, après leurs études secondaires, à se former en anglais. C’est l’unique façon pour nos jeunes d’avoir une vraie place sur la scène internationale.

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