Magazine

LA COUR DE LUCIFER d'OTTO RAHN

Publié le 29 janvier 2011 par Caspersky

 

otto

Le livre :

Ouvrage peu courant et controversé que celui-ci, les amateurs d’ésotérisme et de catharisme le savent bien ! Un ouvrage mythique écrit publié en 1937. L’ouvrage fut en effet écrit peu avant la seconde guerre mondiale par un lettré allemand entré dans la S.S ; on ne sait toujours pas vraiment si tous les propos tenus dans cet ouvrage sulfureux sont de son fait ou si certains ont été écrits sous la pression des Nazis... Personnage trouble qui connut une fin mystérieuse, Otto Rahn fut un spécialiste des langues romanes et écrivit deux ouvrages sur les Cathares, le Graal et autres aventures de « Parsifal ». Cet ouvrage se lit comme une quête, celle du Graal et des origines cathares, écrite au jour le jour par l’auteur qui va sillonner la France et une partie de l’Europe à la recherche du Graal. Il convient pour le lire d’être déjà initié aux arcanes d’un certain ésotérisme et de l’histoire cathare, ceci afin d’être à même, par moment, de relativiser certaines idées énoncées dans cet ouvrage longtemps introuvable... et aujourd’hui redevenu très difficile à trouver ! Passionnant.

A en croire l'histoire officielle, la civilisation européenne médiévale devrait tout - ou presque - au christianisme. Un regard tant soit peu lucide jeté sur le millénaire qui s'étend (en gros) de l'évangélisation des Gaules à l'extermination des cathares d'Occitanie suffit à faire éclater l'absurdité d'une telle affirmation. L'art et la poésie des Xlle et Xllle siècles sont encore tout imprégnés de mythologie celtique. Ainsi en va-t-il de la légende du Graal, qui prend directement sa source dans les textes sacrés de l'époque druidique, et que célèbreront avec une même ardeur Minnesänger allemands et troubadours dévoués à la cause des "Albigeois". Car le catharisme, qui s'était répandu dans tous les pays de langue d'oc (mais que l'on rencontrait aussi en Allemagne), avouait plus d'une parenté avec les croyances "païennes" de la Gaule chevelue et de l'antique Germanie. Aussi ne faut-il pas s'étonner si les papes de Rome ne voulurent voir dans "l'Église d'Amour" dont se réclamaient les martyrs de Montségur qu'une entreprise du démon, le dernier refuge des sectateurs de Lucifer.

C'est le témoignage de ces martyrs qu'Otto Rahn veut faire entendre ici. La Cour de Lucifer réunit tous ceux qui payèrent de leur vie leur attachement à la lumière d'une foi plus pure (Lucifer n'est-il pas, après tout, l'ange "porteur de clarté" ?), tous ceux que Rome persécuta au nom de la Croix : cathares du Languedoc et de Haute-Hesse, vaudois de Lyon et de Provence, lollards d'Angleterre, hussites de Bohème, protestants de Rhénanie, camisards des Cévennes. A eux est dédié ce livre qui est d’un poète autant que d’un érudit, livre de ferveur et d’indignation.

rahn_01

L’auteur :

Otto Rahn est né le 18 février 1904 de Charles et Clara Rahn, à Michelstadt dans le Odenwald. Au lycée, il se passionne pour l'étude du Moyen-Age, et tout particulièrement du Catharisme et des bases de sa spiritualité. Rahn devait expliquer, plus tard, que ce sujet avait été pour lui une première source d’inspirations.

En 1922 il commence des études de droit qu’il suspendra, peut-être pour raisons financières, entre 1925 et 1928. Au début des années 1930 il s’installe dans le Razès, pour étudier l’histoire du Catharisme.

Rahn mène plusieurs expéditions dans l'Ariège français (Pyrénées) où il espérait prouver la véracité historique de la légende de Parsifal de Wolfram von Eschenbach et ainsi trouver le Graal qu'il croyait être un symbole païen. Il y rencontre entre autres Antonin Gadal, Maurice Magre, Déodat Roché et la comtesse de Pujol-Murat.

Il est l'auteur de deux ouvrages consacrés à la légende du Graal et à la croisade contre les Albigeois, Croisade contre le Graal (Kreuzzug gegen den Graal, die Geschichte der Albigenser, 1933) et La Cour de Lucifer (uzifers Hofgesind, eine Reise zu den guten Geistern Europas, 1937).

« La thèse d'Otto Rahn consistait pour l'essentiel à assimiler le château de Montségur à Montsalvage, le légendaire château du Graal, pour des raisons étymologiques. » René Nelli, préface de Croisade contre le Graal.

Le succès de son premier ouvrage avait attiré l'attention de Heinrich Himmler, qui s'intéressait aux thèmes ésotériques. Rahn entra dans la Schutzstaffel (SS) comme archéologue en 1934 pour pouvoir effectuer ses recherches sur le catharisme. En 1939, il fut dénoncé pour son homosexualité et démissionna de l'organisation. Otto Rahn est mort dans la nuit du 13 au 14 mars 1939 dans le froid glacial d’une montagne près de Kufstein (Autriche), sur le glacier de l'Empereur sauvage. Son corps congelé ne sera retrouvé que deux mois plus tard. Selon certains il se serait suicidé à la manière cathare (endura).

Mon avis :

La préface de Paul Ladame qui a très bien connu Otto Rahn est très intéressante. En effet, il nous conte l’histoire d’un jeune intellectuel passionné d’histoire dans une période troublée qui s’embarque malgré lui dans une aventure séduisante mais dangereuse. Rahn est allemand, il aime la France, seulement, il a besoin de vivre de sa passion et Hitler prend le pouvoir.
Les thèmes médiévaux qu’il aborde dans « croisade contre le graal », son premier livre, séduisent les nouveaux maitres de l’Allemagne nazie à la recherche d’éléments de propagande attestant de la réalité du surhomme et de la supériorité de la race germanique.
Par conséquent, à l’âge de 31 ans et sans ressource, il est convoqué par un officier de la SS qui lui offre bureau, avance sur salaire et traitement très attractif pour continuer ses recherches et, à son insu, participer à la gloire de nouveau Reich.
Seulement, le livre n’est pas finalisé, on perçoit des retouches qu’ont certainement opérées à ce document, les fanatiques qui se mirent rapidement à douter de lui et de son adhésion aux thèses du national-socialisme.
En effet, il est suivi, épié par ses collaborateurs, on tente d’orienter ses travaux et on le prévient que le confort qu’il a acquis doit être rendu par une fidélité aveugle au nouveau régime qui est une dictature totale.
Rahn disparait et est retrouvé mort dans une montagne en 1939 alors que la guerre mondiale n’a pas encore éclaté, la thèse officielle est celle du suicide, évidemment…

Oui, le livre ne semble pas finalisé car il ressemble à une juxtaposition assez désordonnée de rencontres avec des locaux des villes et régions que rahn visite. C’est aussi, des plongées inquiétantes dans les mythes nordiques, l’histoire médiévale mêlées à des élaborations de thèses racialistes et religieuses. Enfin, cela est très clair, c’est un livre militant, une croisade contre l’Eglise, Rome, le Vatican et la papauté. Il nous livre l’aspect ésotérique et les croyances paganistes de cette nouvelle Allemagne.

Je ne pense pas que Rahn ait totalement rédigé ce carnet de voyage avec toutes ses références éparpillées et ses thèses nauséabondes. Son histoire et ses qualités intellectuelles n’ont pu accouchées d’un tel fatras.
En définitive, ce livre devra être lu avec beaucoup de recul, des connaissances solides sur le catharisme (voir Markale) et être connaisseur de l’imprégnation ésotérique dans la littérature.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Caspersky 149 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossier Paperblog