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Afghanistan : l'ouverture de la session parlementaire met en évidence une crise de la responsabilisation

Publié le 31 janvier 2011 par Unpeudetao

Le gouvernement afghan doit enquêter sur des milliers d’allégations portées contre des députés afghans – faisant état de violations des droits humains, de faits de délinquance et de fraude électorale –, alors que la deuxième session parlementaire s’ouvre mercredi 26 janvier, a déclaré Amnesty International.

Pas moins de 40 députés sont ainsi accusés de graves atteintes aux droits fondamentaux (meurtre, enlèvement, extorsion, menaces visant des militants et des journalistes, et violences en relation avec les élections) alors qu’ils étaient déjà en fonction.

Des dizaines de personnes doivent répondre d’accusations crédibles de crimes de guerre tels que des attaques contre des cibles civiles et des massacres commis dans le contexte du conflit civil qui déchire l’Afghanistan depuis de longues années.

« Nous craignons que les délinquants présumés et les seigneurs de la guerre siégeant au Parlement et au gouvernement afghans continuent à ne pas être inquiétés pour les atteintes aux droits humains qu’on leur attribue, à moins qu’ils ne se prêtent aux enquêtes en cours », a déclaré Sam Zarifi, directeur du programme Asie-Pacifique.

Amnesty International exhorte les autorités afghanes à poursuivre, par le biais de la Commission des plaintes électorales et du système judiciaire, l’enquête sur les violations des droits humains qu’auraient commises ces députés, sans que l’immunité parlementaire puisse être invoquée.

« Il existe un certain nombre de députés courageux qui s’efforcent de représenter les intérêts du peuple afghan et font pression en faveur d’un gouvernement meilleur et plus juste, mais ils sont malheureusement moins nombreux que ceux qui font fi des droits et des besoins de leurs électeurs. »

Le président Karzaï a retardé l’ouverture de la session parlementaire, réclamant que les députés se présentent devant son propre tribunal spécial, institué pour enquêter sur les nombreuses fraudes qui auraient entaché les élections de septembre.

« La création du tribunal spécial d’Hamid Karzaï n’a pas de base légale et semble avoir pour objectif de remplir le Parlement de ses sympathisants plutôt que d’évaluer en toute équité et selon les normes la conduite des candidats, a ajouté Sam Zarifi. Face à cette impasse, la bonne solution est de respecter l’état de droit, et non pas de le contourner pour en tirer un avantage politique. »

« Depuis quatre mois, un Parlement composé en partie d’auteurs présumés de violations des droits humains est engagé dans un bras de fer avec un président qui essaie de se soustraire aux mesures légales de contrôle de son exercice du pouvoir. Le grand perdant dans l’affaire est le peuple afghan », a poursuivi Sam Zarifi.

La Commission des plaintes électorales a reçu près de 6 000 plaintes ; les Nations unies considèrent que plus de 2 700 d’entre elles sont suffisamment « sérieuses » pour changer le résultat du scrutin. Quelque 2 300 plaintes ont été enregistrées contre les candidats et leurs équipes, et plus de 700 autres en relation avec des actes d’intimidation et de violence.

« Il est vital que la Commission des plaintes électorales mène des enquêtes crédibles, afin de donner à ce nouveau Parlement la légitimité dont il a tant besoin, a expliqué Sam Zarifi. Et si de nouvelles allégations de graves atteintes aux droits humains sont portées contre des députés en exercice, la justice afghane doit rendre justice aux victimes et leur accorder des réparations. »

« Hamid Karzaï et le Parlement ont perdu leur légitimité aux yeux du public en raison de leur bilan médiocre et de leur incapacité à proposer une gouvernance réceptive, responsable et prête à rendre des comptes. »

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 Amnesty International :

http://www.amnesty.org/


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