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Plus de récidive

Publié le 01 février 2011 par Malesherbes

L’événement tragique de Pornic ramène à l’actualité la question de la récidive. Dans la foulée, certains en viennent à envisager de nouveau la peine de mort. J’ai ainsi eu la désagréable surprise, l’autre soir je crois sur Canal+, d’entendre Robert Ménard, un homme de conviction et de courage, aborder ce sujet. Il y a bientôt quatre ans, j’avais confié à ce blog, ici, mon sentiment sur la question. Naturellement, je ne retire rien de ce que j’écrivais alors. Mais, devant ce pouvoir qui se complaît et, malheureusement avec un certain succès, à brandir avant chaque élection le spectre de l’insécurité, il me semble nécessaire d’insister sur certains points.

Certes, la peine de mort est un outil efficace pour se prémunir contre la récidive. Comme je pense la plupart d’entre nous, si l’un des miens était victime d’un criminel, j’éprouverais le désir de tuer à mon tour son meurtrier. Mais je cèderais alors à un désir de vengeance et la justice a précisément été instituée pour remplacer la vengeance privée. Celle-ci impliquait autrefois, et peut-être même encore plus récemment, sous la forme de vendetta, l’extermination, au fil des générations, de la famille du coupable. La loi du talion constitua une première avancée vers la modération avant de voir advenir la justice de la société.

On met souvent en avant la nécessité de penser d’abord aux victimes. L’ennui, c’est que, pour les victimes, il est déjà trop tard ! Pour penser à elles, il faut, non seulement empêcher la récidive, mais aussi éviter le premier crime et donc admettre que la peine de mort a un effet dissuasif. C’est possible mais je ne suis pas certain qu’il se manifeste très souvent. Tout d’abord parce que, lorsqu’ils ne sont pas prémédités, les homicides ne sont pas obligatoirement intentionnels mais parfois commis dans l’emportement, voire accidentels. Et dans le cas de la préméditation, le meurtrier peut caresser l’espoir de ne pas être découvert. Quoi qu’il en soit, l’exemple des pays qui n’ont pas aboli la peine de mort, tels les États-Unis, permet de douter du caractère dissuasif de la peine de mort. On peut même se demander si la pratique par l’État de la mise à mort ne contribue pas plutôt à maintenir une société violente.

Il est cependant un domaine où la menace d’une sanction a un effet dissuasif, c’est celui de la circulation automobile. Combinée aux mesures d’amélioration des véhicules et du réseau routier, la peur du gendarme n’est assurément pas étrangère à la spectaculaire diminution du nombre de tués sur les routes. Alors, toujours en pensant aux victimes, épargnées cette fois, pourquoi, si des aspirants bourreaux parvenaient à obtenir le rétablissement de la peine de mort, ne l’appliquerait-on pas également aux automobilistes responsables d’un accident mortel ? J’entends déjà les protestations : « Mais ce n’est pas du tout pareil ! ». Certes, il est des morts plus horribles que d’autres mais, en fait, entre une enfant martyrisée par un psychopathe et une écolière renversée sur un passage piétonnier par un chauffard, il n’y a pas de différence : dans les deux cas, c’est une vie fauchée dans la fleur de l’âge et une famille plongée dans le deuil.

En réalité, il y a une différence : nous sommes certains que jamais nous ne commettrons un crime de sang tandis que nous prenons allègrement le risque de tuer en automobile. Tant pis pour les tueurs mais nous, il peut nous arriver d’être maladroits. De là à placer notre tête dans la sinistre lunette, n’exagérons pas. La victime n’avait qu’à être plus prudente !


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