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La France, reine des inégalités au niveau de l’Education

Publié le 02 février 2011 par Lyriciste

Tous les trois ans, l’Ocde teste les élèves des pays développés. Pour la France, les résultats de 2009 sont très moyens. Seules les inégalités semblent progresser.
Le programme Pisa (Programme international pour le suivi des acquis des élèves) a pour but d’évaluer l’acquisition des connaissances et des savoir-faire essentiels aux élèves de 15-16 ans, à l’issue de la scolarité obligatoire. En 2009 (résultats publiés en décembre 2010), la France obtenait le 22e rang pour les mathématiques et la lecture et le 27e en sciences.
Sur 65 pays, cela n’est pas très glorieux. C’est pour les inégalités que la France se classait parmi les premiers. Nous posséderions à la fois plus d’excellents élèves et un plus grand nombre de de jeunes en très grande difficulté scolaire (20 % d’une génération).

Cet écart s’est creusé de 5 % entre 2000 et 2009. En France, les inégalités entre élèves sont désormais plus importantes qu’au Royaume-Uni, pourtant connu pour son système scolaire à plusieurs vitesses. Mais l’influence du milieu social sur les résultats scolaires serait moins prégnante outre-Manche qu’en France.
Une seconde enquête, menée par le centre Unicef Innocenti de Florence sur «  la situation des enfants pauvres dans les pays riches  », confirme ces résultats. Si, en matière de bien-être matériel, la France, grâce à un haut niveau de prestations sociales, se classe 5e sur les 24 pays évalués, elle est en 15e position pour la santé (bonne dernière en ce qui concerne la pratique sportive des enfants des familles modestes) et avant-dernière pour les résultats scolaires.

Les filles meilleures que les garçons
Dans tous les pays du monde, les filles réussissent mieux que l es garçons, et particulièrement en compréhension de l’écrit, où elles dépassent leurs condisciples de plus de 40 points – soit l’équivalent d’une année d’études environ.

Internet : des effets positifs
Nos ados lisent moins de romans que les générations précédentes. Mais n’en déplaise aux nostalgiques, Pisa affirme que la lecture en ligne se révélerait très positive pour améliorer la compréhension de l’écrit.

L’Asie… grande championne
L’enquête Pisa montre la suprématie en mathématiques du continent asiatique, avec un podium pour Shanghai, Singapour et Hongkong. Shanghai est aussi première en sciences et en lecture. Pour l’Europe, c’est la Finlande qui est la mieux placée : 2e en sciences, 3e en lecture, mais aussi 6e en mathématiques.

Source

L’opinion de Philippe Meirieu, professeur en sciences de l’éducation à l’université Lyon II.

L’enquête Pisa témoigne d’un système éducatif français inégalitaire. Est-ce la fin du modèle républicain fondé sur l’égalité et la méritocratie ?

Notre modèle républicain n’a jamais été égalitaire. Jules Ferry lui-même avait laissé une école primaire publique payante pour les riches à côté de la communale ! Et la méritocratie n’a jamais valu que pour un petit nombre : tout comme ceux qui, aujourd’hui, veulent voir « sortir un Einstein dans le 9-3 » sans se poser la question des autres. La France sélectionne trop tôt, enferme les jeunes dans un destin trop vite et ne travaille pas suffisamment à compenser les injustices sociales. Les zones d’éducation prioritaire (Zep) sont des ghettos sans moyens supplémentaires suffisants où l’on envoie des jeunes professeurs débutants et non volontaires. Comment en est-on arrivés là ? On n’a pas compris qu’il ne suffit pas de démocratiser l’entrée dans l’école. Il faut aussi populariser la réussite par une pédagogie adaptée. On fait la classe avec des méthodes convenant à ceux qui ont trouvé leur panoplie de bon élève dès le berceau. On n’a pas assez insisté sur l’accès à la lecture et à l’écrit, qui ne se résume pas à l’acquisition de l’orthographe et de la grammaire, mais nécessite de trouver du plaisir et du bonheur à écrire !

Quelles sont les pistes de réforme du système scolaire français pour combler ces inégalités ?

Il faudrait déjà absolument travailler sur l’accompagnement personnalisé des élèves dans une pédagogie collective exigeante. On doit construire à l’école les conditions de la réussite, comme l’attention et la concentration : c’est ce qui manque le plus. Nous devons aussi avoir des programmes plus clairs et simples. Et puis, il faut dynamiser les enseignants, surtout dans les situations difficiles, et leur apporter un vrai soutien.

Et à l’étranger  ? Y a-t-il des modèles  ?

Il est difficile de répondre. Les résultats de l’enquête Pisa nous renseignent sur le niveau de performance des systèmes scolaires, mais pas sur la nature des projets éducatifs des sociétés qui les portent, ni sur le bien-fondé politique, pédagogique et éthique des méthodes utilisées. On peut avoir un score à peu près identique mais promouvoir des valeurs radicalement différentes. Les résultats comparables de la Finlande et de la Corée du Sud [1] ne permettent pas de conclure « scientifiquement » qu’il faille s’aligner sur ces pays. Mais ils nous obligent à examiner ces modèles sous l’angle de leurs valeurs, et à nous questionner sur notre propre système de valeurs. Si nous voulons améliorer notre efficacité, voulons-nous le faire avec les méthodes de la Finlande, de la Corée du Sud ou, mieux encore, avec nos propres méthodes qui restent à inventer  ?

[1] En Finlande, l’école est gratuite et ne connaît ni sélection ni redoublement. La Corée du Sud, elle, a développé un système scolaire hypersélectif

Source.



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