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Chatroom d’Hideo Nakata

Par Geouf

Chatroom d’Hideo NakataRésumé: Un petit groupe d’adolescents se retrouve régulièrement dans une salle de chat internet pour échanger. Mais William (Aaron Johnson), le créateur de la salle en question, a d’autres projets en tête que simplement discuter. Il s’avère rapidement être un garçon instable émotionnellement cherchant à extérioriser son mal-être en poussant à bout son entourage. Après avoir joué avec ses interlocuteurs, il ne tarde pas à s’attaquer au membre le plus faible psychologiquement du groupe…

Après une expérience américaine plutôt désastreuse (voir Le Cercle 2, l’assez mauvaise suite du remake de Ring), Hideo Nakata avait quelque peu disparu de la scène internationale, retournant tourner dans son Japon natal. Avec Chatroom, il retente l’expérience, par la petite porte cette fois, en adaptant à l’écran une pièce de théâtre britannique. Porté par un groupe de jeunes acteurs quasi inconnus (mis à part Aaron Johnson qui vient d’exploser avec le génial Kick-Ass), Chatroom est un petit film pas exempt de défauts, mais suffisamment original pour mériter qu’on s’y attarde.

Car Chatroom tente le pari risqué de s’intéresser à internet, et plus particulièrement, comme son nom l’indique, au phénomène des salles de chat. Un pari risqué car de nombreux réalisateurs avant lui se sont cassé les dents à essayer de rendre intéressant un thriller se déroulant sur le web. Première bonne nouvelle, Nakata réussit avec panache à éviter l’écueil du “mec derrière son PC pendant deux heures”. Car l’idée de génie du film, c’est de représenter physiquement les salles de chat et ceux qui y discutent. Sont donc représentées avec brio à l’écran toutes les caractéristiques de ces salles, que ce soit les mots de passe pour y pénétrer, l’habillage graphique, le passage par les salles de chat général, etc. Le film propose même quelques idées visuelles impressionnantes (la représentation du hacking), voire dérangeantes (le vieux pervers qui se fait passer pour une adolescente). Le film est donc visuellement très riche et jamais ennuyeux de ce point de vue.

Chatroom d’Hideo Nakata

Le scénario est aussi plutôt bien trouvé (et correspond tout à fait aux obsession du réalisateur, comme la contamination du Mal), même si on pourra déplorer quelques facilités (la brouille sérieuse entre l’un des protagonistes et son meilleur ami qui est oubliée en deux minutes) et surtout l’abandon en court de route de certaines intrigues secondaires. Mais Nakata parvient à créer un vrai climat anxiogène dans le film, faisant monter petit à petit la pression comme à la grande époque de Ring. Une tension palpable, en grande partie due à la prestation d’Aaron Johnson. Le jeune acteur bouffe une fois de plus l’écran, dans un rôle beaucoup plus sombre et difficile que dans Kick-Ass. Son personnage est tour à tour terrifiant et pitoyable dans sa manière de manipuler les autres pour évacuer son mal-être.

Loin de dresser un portrait à charge d’internet, Nakata montre avec Chatroom à quel point le web peut avoir de multiples facettes. A la fois lieu d’échange et de perdition (où toutes les déviances sont présentes), de manipulation et d’entraide (les membres du groupe finissent par se rencontrer dans la vraie vie pour contrer les plans de William). Ce qui intéresse réellement le réalisateur c’est d’observer le malaise adolescent et les raisons qui peuvent les pousser à se refugier sur le web. Et il le fait comme toujours avec une infinie délicatesse et un attachement réel à ses personnages borderlines.

Chatroom est certes loin d’être parfait, mais constitue une expérience originale bénéficiant grandement du savoir-faire toujours intact de Nakata. Un film à découvrir.

Note: 7/10


Royaume-Uni, 2010
Réalisation: Hideo Nakata
Scénario: Enda Walsh
Avec : Aaron Johnson, Imogen Poots, Matthew Beard, Hannah Murray, Daniel Kaluuya


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