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La communication dans la politique tunisienne

Publié le 03 février 2011 par Mils
Le dictateur est partie, un vide politique s'est tout naturellement installé. La révolution du peuple s'est faite par la rue et a été relayé via Facebook pour éclairer l'opinion publique sur ce qui se passait à Sidi Bouzid, Kasserine et d'autres régions du pays et faire descendre plus de personnes justement dans cette même rue. Twitter a pour sa part donné matière à écriture aux média étrangers et les a alerté.
Pourquoi je parle de tout ça maintenant ?
En fait, on l'aura tous constaté, cette révolution n'a pas vu naitre un vrai Leader et n'a pas été reprise en cours de route par une quelconque personne. Le peuple a décidé, le peuple a sacrifié de son sang et le peuple a eu gain de cause.
Passé cette période de troubles qu'on a tous vécu, les potentiels candidats ont commencés leurs campagnes présidentielles et/ou législatives, chacun à sa manière, sans qu'aucun d'eux - ou presque - ne l'ai annoncé d'une façon officielle. Mais ça c'est une tout autre histoire.
Et dans toute cette course au Palais, deux candidats sont sortis du lot mais avec des fortunes diverses.
Il s'est trop vite emballé !
Le premier c'est Moncef Marzouki, tout heureux de revenir au pays, a annoncé la couleur dès la fuite de Ben Ali, en enchainant les émissions télé et les interviews radio en France.
La communication dans la politique tunisienne
Une fois sur place, son premier réflexe était de se faire accueillir en héros national à l'aéroport par ses compères et de visiter le lendemain les régions de Sidi Bouzid, Kasserine et Gafsa si je ne me trompe pas. De retour à Tunis, place à Nessma TV, aux journaux et autres déclarations radios.
En jouant la carte du sentimentalisme et voulant se rapprocher des régions martyrisées alors que le tunisien n'avait pas encore séché ses larmes et était pris par la succession d'un trop plein d'événements, Moncef Marzouki s'est vu collé une étiquette de "profiteur" ou si vous voulez "ركوب علا الأحداث" et n'a donc pas vraiment marqué les esprits, alors que le mec, contrairement aux apparences, en a dans la tête.
Le fourbe efficace, le Realy Social Media
Le leader charismatique et historique du mouvement islamique non reconnu Enahdha est de retour en Tunisie après des années d'exil. Il s'est fait discret durant les événements post 17 décembre et s'est félicité de cette "indépendance" en n'omettant pas de remercier le peuple tunisien.
La communication dans la politique tunisienne
Rached Ghanouchi n'a pas cherché à s'approprier cette révolution mais plus à se refaire une virginité sur le dos du régime sanguinaire et policier du RCD. Il a compris qu'il fallait être modéré dans ses propos pour se frayer un chemin sans causer de dégâts dans l'opinion tunisienne d'un certain âge, celle qui se souvient des attentats des années 80.
Arrivé plusieurs jours après la 14 janvier, il a laissé la chaîne Al Jazeera et le Social Media avec de la publicité sur Facebook et une page fan officielle (plus de 50 000 fans déjà) s'occuper de la nouvelle image à proposer au jeune tunisien comme étant "penseur islamique et président du Mouvement islamique d’Ennahdha". On remarque rapidement la volonté de faire passer le discours d'un homme intellectuel qui prône la démocratie.
Ses deux dernières apparitions sur la Télévision Tunisienne Nationale et sur Nessma TV ainsi que son interview sur Express FM, allaient tous dans ce même sens.
Un profil bas pour commencer, une image à améliorer, un discours toujours bien rodé et une volonté affichée de ne pas se présenter aux élections présidentielles pour se concentrer sur les législatives et sur la reconstruction rapide de son mouvement.
La communication est tout un art que Ghannouchi et ses conseillers sont entrain de mener d'une façon professionnelle et réfléchie pour prendre des positions dans ce vide médiatico-politique. L'étape de l'instrumentalisation politique de la religion commencera prochainement.

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