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Dans un mois, dans un an (1957) – Françoise Sagan

Par Delphinesbooks

J’ouvre mon blog aujourd’hui à Asphodèle, qui commente souvent ici. Elle n’a pas de blog, mais elle participe au Challenge Françoise Sagan. Elle a lu Dans un mois, dans un an et nous livre ici ce qu’elle en a pensé.

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Dans un mois, dans un an (1957) – Françoise SaganDans un mois, dans un an est un court roman de 180 pages qui se lisent à toute vitesse malgré une certaine désuétude de l’expression et de la construction. On passe outre, parce que Sagan est incisive, toujours, qu’elle sent d’instinct là ou ça fait mal et que le fond, lui, n’a pas vieilli : on aime, on trompe, on boit, on vit.

Huis clos à sept personnages principaux construit comme une pièce de théâtre où les gens entrent en scène d’un chapitre à l’autre, doucement ou violemment.

Et la violence de la passion, impossible bien sûr, s’incarne dans le couple défait, retrouvé, redéfait par Josée, jeune fille oisive et riche qui dort « par curiosité » aux côtés d’un étudiant en médecine plutôt « bourrin » de prime abord et Bernard, trop marié à la trop fade et fidèle Nicole, qu’il n’aime plus, obsédé par Josée et son livre qu’il n’arrive plus à écrire.

Le couple-pivot du livre, Fanny et Alain Maligrasse qui tiennent salon tous les mercredis après-midi dans leur appartement germanopratin, ne sera pas épargné non plus. A cause de la passion dévorante que voue Alain à « la belle et violente » Béatrice, jeune starlette inconnue et dont les dents restent accrochées aux mollets de ceux qui peuvent servir son ambition. La cocasserie voudra que le neveu d’Alain, Edouard, archétype du provincial naïf, tombe lui aussi amoureux de la belle. Edouard y goûtera jusqu’à l’extase pendant que l’oncle sombrera dans l’alcool et ce, dans l’indifférence générale. Pendant que Fanny, sa douce épouse, blessée, humiliée, préfèrera le laisser se perdre plutôt que de le perdre complètement…

On s’attend, (on espère) à ce que Josée et Bernard finissent enfin ensemble, eux qui se savent « pareils », « il me ressemble, pensa-t-elle, il est de la même espèce que moi. J’aurais dû l’aimer » même si, comme ils le disent, ils sont « des exemples de vie mal faite », « de lâcheté honnête » et qu’ils s’octroient « de petites bassesses » pour se dédouaner de la médiocrité générale qui flotte sur la marmite des couples qui s’éternisent.

En conclusion, ce qui ressemble à un gentil marivaudage mondain devient, sous la plume de Sagan, le jeu cruel des amours éphémères et du hasard capricieux.

Un an plus tard, un mercredi de plus chez les Maligrasse, Bernard et Josée, debout dos au mur, conclueront le livre ainsi :
Et dans l’ombre, elle lui prit la main et la serra un instant sans détourner les yeux vers lui. - Josée, dit-il, ce n’est pas possible. Qu’avons-nous fait tous… ?… Que s’est-il passé ? Qu’est-ce que tout cela veut dire ? - Il ne faut pas commencer à penser de cette manière, dit-elle tendrement, c’est à devenir fou.
Ainsi va la vie des héros de Françoise Sagan dans ce livre que j’ai beaucoup aimé. Ces héros sont attachants, légers, élégants, nous offrant un cocktail pétillant qui nous fait monter le rose au coeur… malgré un certain désenchantement propre à l’auteure.



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