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Dan Yack, de Blaise Cendrars

Par Carolune

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Dan Yack commence comme une parabole et s'achève comme un lamento : Le Plan de l'Aiguille et Les Confessions de Dan Yack furent d'abord publiés séparément avant d'être réunis par Blaise Cendrars. Ce livre de dissonances vire sans cesse du burlesque au tragique, de la violence au rire, du drame à la pantomime. Quant à Dan Yack, ce milliardaire anglais au nom bizarre, il échappe à la saisie. D'abord présenté à la manière de Charlot, il ressurgit sous les traits d'un héros en proie au mal du siècle. Dans le tourbillon des aventures qui l'emportent à travers le monde, une question pourtant ne le quitte pas : est-il possible de changer sa vie ? Et à quel prix ? Dan Yack reste le plus secret des grands romans de Blaise Cendrars, celui qui touche au plus brûlant, au plus intime.


Une merveille littéraire, que je dois à Blog-o-Book et aux éditions Folio, que je remercie !

Dan Yack correspond en fait à l’assemblage de deux œuvres à l’origine publiées séparément, Le Plan de l’Aiguille et Les Confessions de Dan Yack. Dans la première partie, Le Plan de l’Aiguille, donc, on suit ce personnage dans ses déambulations désordonnées : dans un bar de Saint-Pétersbourg – il vient y noyer son chagrin après que sa bien-aimée l’a quitté pour un prince -  il rencontre ses futurs compagnons de voyage pour une expédition improvisée vers le Pôle Sud : il leur promet de créer sur une île déserte une colonie de quatre personnes seulement. Puis, ses compagnons étant tous morts ou devenus fous, il finira par fonder une ville exclusivement masculine. Une intrigue de roman d’aventures loufoque, donc, suivi d’une introspection tout aussi loufoque dans Les Confessions de Dan Yack : cette fois, notre aventurier se trouve non loin du Plan de l’Aiguille (oui, les titres sont à l’avenant de l’ensemble de l’œuvre, dans le désordre), vers Chamonix et tient le journal de ses pensées et aventures…

 Cela suffirait bien sûr à faire un livre extraordinaire, mais l’immense force de ce livre est surtout dans son style.

…Dès la première ligne, en effet, on est saisi par la langue, poétique, vive, de Cendrars,  avec le sentiment fantastique de n’avoir jamais rien lu d’aussi évocateur, d’aussi désordonné aussi, mais dans le meilleur sens du terme : j’ai eu souvent la sensation assez curieuse que mon cerveau était à la fois déstabilisé et porté à lire plus loin ; la langue de Cendrars, pourtant si singulière, agit comme une drogue dont on veut toujours plus… Dan Yack est finalement un gigantesque poème en prose, que l’on peut lire à la manière d’un roman, mais aussi rouvrir de temps en temps au hasard pour se laisser happer par la force des images et le rythme de la langue.

Un petit exemple – quoiqu’il faudrait citer tout le livre pour lui rendre justice ! - :

« Les tringles dorées qui maintenaient le tapis rouge lui poignardaient le cerveau, douloureuses comme des dards, et chaque marche se dérobait sous son pas comme un tremplin qui s’écroule. »


C’est une œuvre sublime, qui permettra de découvrir l’immense écrivain et poète qu’est Cendrars, et dont je me sens finalement bien incapable de rendre compte…  mais ce dont je suis certaine, c’est que c’est de l’immense littérature !


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