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La ruée vers le gaz de schiste

Publié le 10 février 2011 par Sequovia

Gaz de schisteDepuis plusieurs mois maintenant, la question du gaz schiste fait polémique en Europe et sur le territoire national français. Un réel engouement se forme autour d’une éventuelle extraction de cette ressource dans la région du Sud Est du pays où l’or gazier a notamment été détecté par le géant pétrolier français Total suite à l’obtention de permis exécutifs de recherche, délivrés par le Ministre de l’Ecologie de l’époque, Jean-Louis Borloo. Les Etats-Unis et le Canada l’ont bien prouvé, la ressource est rentable, abondante et les procédés techniques sont aujourd’hui suffisamment développés pour assurer une rentabilité du processus d’extraction. Seul problème, un impact environnemental désastreux d’où l’inquiétude grandissante des ONG et des militants écologistes.

  • Le gaz schiste en quelques lignes

Le gaz de schiste se différencie du gaz conventionnel car il est réparti de manière diffuse dans les couches géologiques et ne peut être exploité de manière classique. Pour l’extraire, il est donc nécessaire de forer des puits horizontaux à partir d’un puits vertical, puis de fracturer la roche par injection d’eau sous forte pression avec du sable fin et des produits chimiques pour éviter que les fractures ne se referment.

  • Des enjeux décisifs

Jusqu’au début des années 2000, le coût d’extraction de ce gaz était trop important pour développer massivement l’exploitation. Mais la hausse, mondiale et continue, du prix du gaz a changé la donne. Outre l’accessibilité due à l’avantage économique, ce regain d’intérêt pour la ressource en gaz de schiste semblerait dissimuler un réel enjeu géopolitique dû à l’abondance des réserves détectées qui équivalent au double de celles existantes en gaz conventionnel : de quoi faire des adeptes lorsque l’on évoque la question de l’indépendance énergétique des pays.

On estime qu’en 2030, grâce à une proportion de ces gaz à hauteur de 25%, les Etats-Unis pourraient être autosuffisants sur la question de l’énergie alors même que des importations de gaz liquéfiés étaient envisagées. L’Europe aussi aura le droit à sa part du gâteau : les réserves potentielles de gaz non conventionnels permettraient de multiplier par 2 la durée de vie des réserves actuelles et de réduire la dépendance en importation, notamment en provenance de la Russie. A une échelle plus réduite, la France détiendrait 2380 milliards de mètres cubes de gaz sur son territoire, soit cinquante ans de consommation nationale.

  • Un danger pour l’environnement et pour la santé

Les Amis de la Terre, association luttant pour la protection de l’Homme et de l’Environnement, dénonce ouverte les impacts négatifs que le mode d’extraction de cette ressource peut engendrer en termes de risques sanitaires et environnementales. Les membres de l’association demandent donc un respect du principe de précaution et exigent la constitution d’une liste des risques liés à cette exploitation en déclarant que « Les gaz de schiste se situent au même niveau que les sables bitumineux: toujours plus loin, toujours plus profond, toujours plus sales ».
L’impact sur le paysage n’est pas des moindres : sachant que les puits s’épuisent rapidement, il faut régulièrement en forer de nouveaux. On peut ainsi en trouver tous les 500 mètres ! Même s’ils ne dépassent par 1 mètre de hauteur une fois finis, cela semble peu compatible avec la densité de population que l’on connaît en Europe…et rend l’acceptabilité sociale d’une telle exploitation difficile.

De même que l’exploitation du gaz de schiste nécessite un apport massif en eau pour pouvoir procéder à la technique dite de fracturation hydraulique et qui permet d’extraire le gaz de la roche. Autant vous dire que se sont des millions de litres d’eau (10 à 15L) qui sont utilisés pour satisfaire le besoin en extraction. L’utilisation de produits chimiques dans les procédés implique également une pollution des nappes phréatiques qui induit une contamination des sources d’eaux potables à proximité des sites d’extraction. Pire encore, la composition de ces produits chimiques est pour partie inconnus du grand public. L’agence Américaine de Protection de l’Environnement a déjà annoncé la présence de composés hautement cancérigènes dans ces mixtures industrielles.

  • Avis de Sequovia

Pour ne pas répéter les mêmes erreurs que nos amis américains et éviter la catastrophe environnementale, Nathalie Kosciusko-Morizet, a finalement décidé devant l’ampleur de la contestation que les travaux permettant l’ »exploration » de gisements de gaz de schiste ne débuteraient pas avant la remise d’un rapport d’analyses. Les autorisations de travaux nécessaires aux industriels pour l’exploration des gisements ne devront donc pas avoir lieu avant la remise du rapport. Cette mission sur les enjeux environnementaux de l’exploitation des gaz de schiste devra faire l’objet d’un premier rapport d’étape, prévu pour avril, suivi en juin du rapport définitif.

Le principe de précaution est un élément fondamental de la mise en œuvre du développement durable. Il prend toute sa signification dans cette affaire. Quel devenir pour nos territoires gorgés de trésors et d’histoire si jamais cette course effrénée au gaz de schiste continuait ? Non loin de Paris d’ailleurs, l’extraction d’huile de schiste a été prévue pour Mars après la remise d’autorisations de travaux à la compagnie pétrolière Hess. Ces autorisations étant préalables à l’interdiction d’exploiter, le gouvernement va devoir faire preuve d’ingéniosité pour dissuader ces industriels de ne pas passer à l’action : Château Thierry, ville prestigieuse et authentique, pourrait, dans le cas contraire en faire les frais.


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