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Entretien avec Simon Sanahujas, auteur de NERELIATH

Par Phooka @Phooka_Book

Simon Sanahujas est l'auteur de NERELIATH publié chez Asgard. Un roman de fantasy au ton enlevé et plein de peps, dont vous retrouverez la chronique ICI.
Entretien avec Simon Sanahujas, auteur de NERELIATH
Voici sa présentation telle qu'indiquée sur le site des éditions Asgard:
Né à Reims en 1979, Simon Sanahujas étudie la musique avant de devenir régisseur d’orchestres au conservatoire de Reims. Parallèlement il se passionne pour la littérature et se lance dans l’écriture, de manière professionnelle, à partir de 2001. Depuis il a publié deux romans Suleyman et L’emprise des rêves, parus respectivement en 2005 et 2008 chez Rivière Blanche (Black Coat Press). Les nombreuses vies de Conan, un essai consacré au célèbre héros de Robert E. Howard, est publié en 2008, chez Les Moutons électriques Éditeurs, avant d’être nominé au Grand Prix de l’Imaginaire dans la catégorie « essai » et récompensé aux USA d’un Valusian Award par la Robert E. Howard Foundation. Toujours chez les Moutons électriques, il publie deux récits de voyages illustrés en collaboration avec le photographe Gwenn Dubourthoumieu : Conan le Texan en 2008 et Sur la piste de Tarzan en 2010, cherchant à chaque fois à lier la découverte d’un héros de littérature populaire à celle d’un territoire réel. Simon Sanahujas a aussi à son actif une demi-douzaine de nouvelles, et de nombreux articles et dossiers écrits pour divers médias spécialisés (Black Mamba, Bifrost, Faëries,...). La série Karn représente un projet de longue haleine ; le personnage de Karn étant amené à revenir régulièrement dans la collection Reflets d’Ailleurs.
Visitez son blog: http://sanahultivers.over-blog.com
Entretien avec Simon Sanahujas, auteur de NERELIATH
Simon a très gentiment accepté de répondre à mes questions et je l'en remercie vivement! (J'ai été ravie de voir qu'il a lu Howard en collection Néo étant gamin, je me sens mois seule! :))
Phooka: Bonjour Simon
Voilà, je me sens assez mal à l'aise voire idiote, car pour ne pas êtreinfluencée par d'autres écrits je fais toujours mes chroniques sans avoir rienlu sur le livre en question. J'ai évidemment fait de même pour Néréliath allantjusqu'à comparer votre écriture à celle d'Howard dans mon billet
.Or, en regardant (c'est pas trop tôt, me direz vous!) votre bio sur le sited'Asgard je réalise que vous êtes un expert de Howard. Hummmmm, rouge deconfusion je suis avec ma comparaison à trois bouts de ficelles....
 Simon: Y’a pas de mal etpuis, comme ta critique est super sympa, tu es plus qu’excusée J.
Du coup mes premières questions vont concerner Howard qui m' a fait découvrirla fantasy:
P: Howard vous a t'il influencé et/ouincité à écrire de la Fantasy?
S: Nier l’influence de Robert E. Howard dans mon approche del’écriture serait ridicule. Cet auteur m’a accompagné durant chacune des étapesde ma découverte de l’écriture : j’ai lu Conan juste après le Seigneur desanneaux, vers 11 ans, et je dévorais les éditions Néo à la même époque quecelle où j’ai commencé à écrire. On pourrait même aller plus loin avec cetteanecdote : quand je suis né, ma mère lisait un Conan à la maternité…Lorsque j’ai commencé à écrire (des nouvelles de fantasy àl’époque, mettant déjà en scène Karn, mais que je me garderai bien deressortir, rassurez-vous !) j’avais évidemment en tête les histoires deConan. Mais si je regarde ce que je produis actuellement, l’influence de Howardne se retrouve que partiellement. Je me suis inspiré de ce que j’adore chezlui, de ses points forts : l’efficacité du style, le réalisme et unecertaine brutalité de son univers, et sa manière de mener un récit.Contrairement à Tolkien pour ne citer que lui, Howard va droit au but. Sestextes possèdent tous des introductions d’une efficacité redoutable, danslesquelles il ne perd pas une ligne à planter son décor mais jette directementle lecteur en plein milieu de l’action pour lui faire comprendre ce qu’il sepasse par petites touches successives. En quelques descriptions, quelquesattitudes, quelques phrases de dialogue, on apprend tout ce dont nous avonsbesoin pour suivre l’histoire sans même qu’on s’en rende compte. C’est quelquechose que j’apprécie énormément dans un texte et que j’ai essayé de remettredans mes écrits. La première scène de Nereliath en est l’exemple même :l’action est directe et (du moins je l’espère !) on apprend au fur et àmesure du chapitre tout ce qui est nécessaire pour comprendre dans quel mondeon se trouve, ce que Karn fait là et, vaguement, qui il est, d’où il vient etcomment il est parvenu dans cette situation.
P: Quelle est à votre avis l'influenced'Howard dans la littérature fantasy actuelle?
S: Je ne pense pas qu’on puisse écrire de la Fantasy sans avoirlu les précurseurs du genre. Après, je n’ai pas l’impression que Howard aitencore une grande influence sur le genre. Il me semble que le courant actuelprivilégié par nombre d’auteurs s’éloigne pas mal de Howard, mais pour en êtresûr il faudrait que je lise plus de nouveautés. La production est tellementénorme que je n’arrive pas à suivre… Au-delà de ça, je pense que Howard amarqué la fantasy avec plusieurs archétypes importants : Conan évidemment,mais je pense aussi à Solomon Kane ou Kull. Je pense que tous les écrivains defantasy connaissent ces archétypes et, soit les réutilisent, soit s’en écartentsciemment.
P: Revenons à Néréliath. Je ne peux m'empêcher de penser un peu à Conan envoyant Karn agir, même si Karn est plus "éclairé" de notre barbare!Vivre pour le plaisir sans se poser de questions, est ce votre philosophie devie?
S: Complètement ! Il est certainement important de seposer un minimum de questions, mais je le fais aussi peu que possible. J’aimevivre dans l’instant et j’ai souvent remarqué, autour de moi, que les gens quise posaient trop de questions nuisaient de cette manière à l’instant présent.Je préfère vivre au jour le jour, profiter de tous ces instants sans trop meposer les questions du lendemain. A partir du moment où on a un toit au-dessusde la tête, de quoi manger dans le frigo et de bons amis autour de soi, on a àmon sens tout ce qui est nécessaire pour prendre plaisir à la vie. Pourquoi seprendre la tête au-delà ?Quant aux liens entre Conan et Karn, ils sont de mon pointde vue assez faibles. Je pense que ce qui mène à cet amalgame provient surtoutde l’ambiance du roman et du fait que Karn est présenté comme un aventuriersans cesse en mouvement, qui vit des histoires toujours différentes. Maisau-delà de ces caractéristiques, leur psychologie, leur origine, sont à monsens très différentes.
P: Le personnage qui m'a le plus intriguée dans Néréliath c'est sans doute AliKupi. Pouvez vous nous en dire plus sur lui? Va t'on le retrouver dans lestomes suivants?
S: C’est amusant car, si j’ai positionné Ali dans un rôle assezsecondaire, ce personnage semble bien avoir pris lui-même une importance bienplus vaste et déchaîner les passions de beaucoup de lecteurs… Tout le mondem’en parle et il revient constamment dans les échos que je reçois du roman.Visiblement, les gens adorent son côté débonnaire, sa faculté à se contenter dustrict minimum et à s’émerveiller des choses les plus simples de la vie. Celame fait plaisir car c’est l’une des choses que je voulais faire passer dans letexte.Il y a peut-être une explication très simple à ce succès… Jevais balancer un scoop : Ali existe bel et bien dans notre monde ! Ily a quelques jours, je discutais avec un ami de mes inspirations et du soucisde crédibilité dans un texte, et je lui expliquais qu’il n’y avait rien demieux que de parler de quelque chose que l’on connaissait parfaitement pourrendre une scène ou un personnage crédible. De fait, pour les personnages parexemple, j’empreinte régulièrement certains traits de personnalité à despersonnes que je connais. Il ne s’agit jamais de copies conformes et, souvent,je mélange plusieurs personnes pour en construire une. Mais, pour en revenir àAli, le personnage est basé à 75% sur un pêcheur kenyan avec qui j’ai passéquatre jours en mer et sur plusieurs îles désertes de l’océan indien il y aplusieurs années.
P: Beaucoup de romans français de SFFF de ces derniers temps sont inspirés ouutilisent le monde de la piraterie. Qu'est ce qui  vous a incité à"parler pirates"?
S: Ca, c’est un peu le hasard des plannings en fait. L’écritureoriginale de Nereliath remonte à plusieurs années, avant par exemple lapublication du Déchronologue de Stéphane Bauverger, pour ne citer que celui-là.A l’époque, j’avais plusieurs idées concernant Karn mais, dans ce roman, jevoulais aborder les thèmes de la liberté, de l’égalité entre les hommes, deleur pouvoir décisionnel aussi. Et je suis très vite arrivée à la conclusionque l’univers de la piraterie se prêterait parfaitement à ces sujets. Outrecela, cela me permettait de mettre en scène de belles scènes d’abordages ainsique l’une des choses qui me fascinent depuis tout gamin : les profondeursmarines et les créatures fantastiques qu’elles abritent ou peuvent abriter.Pour résumer, je n’ai absolument pas aborder Nereliath en me disant« allez, il faut que j’écrive une histoire de pirates ».
P: Apparemment au moins une suite est prévue. Va t'on retrouver Karn (et Ali!:)). Combien de tomes sont prévus à priori? Un petit scoop sur la suite? :)
S: Le principe de base, c’est que Karn est le personnagecentral de la série, et il reviendra évidemment dans les suites. A chaque fois,je le présenterai à une époque différente de sa vie (avant ou après Nereliathdonc) et on en apprendra un peu plus sur ses origines, sur sa manière d’aborderla vie, sur ses objectifs, ses réussites et ses désillusions. Je compte aussile faire voyager et donc développer l’aspect géographique et culturel de monunivers.Pour Ali, je vais peut-être en décevoir quelques uns mais ilne devrait pas réapparaître dans le prochain roman. En effet, l’action sedéroulera dans un endroit géographiquement opposé aux archipels où a lieul’action de Nereliath, et Ali n’a pas de raison logique de se retrouver danscette nouvelle partie du monde. Par contre, rien n’interdit qu’Ali ou d’autrespersonnages de Nereliath réapparaissent dans un volume ultérieur.Pour l’instant, il n’y a aucun nombre arrêté pour leshistoires de Karn. La suite est pratiquement achevée et j’ai déjà toutes lesidées pour le troisième auxquelles s’ajoutent des embryons de pistes pourd’autres histoires. Après, tout dépendra du succès de la série. Si ça marche etque je continue à prendre autant de plaisir à raconter les aventures de Karnqu’en ce moment, alors il y aura probablement de nombreux volumes, à raison (sije travaille bien !) de un par an environ.Un scoop pour la suite ? Je ne sais pas si j’ai ledroit mais on va faire comme si… Dans le prochain roman, on va retrouver Karn àla tête d’une petite compagnie de mercenaires. Il sera un peu plus âgé mais niplus posé ni vraiment plus mur ! L’histoire se déroulera dans le sud de cemonde, dans une ambiance partagée vaguement inspirée de l’Egypte antique et del’Afrique Noire. Et Karn risque de tomber amoureux…
P: Etes vous un lecteur de fantasy et si oui quelles sont vos préférences?
S: Je suis un fan de fantasy, pas de doute là-dessus ! Auniveau des « anciens », il y a évidemment Howard, mais je suiségalement un gros fan de Fritz Leiber et de Clarck Ashton Smith. Un peu plusproche de nous, j’aime beaucoup Karl Edward Wagner (les nouvelles du cycle deKane sont absolument remarquables !) ainsi que, dans les moins connus etmalheureusement pas réédité en France depuis un bail, Charles Saunders et sonpersonnage d’Imaro. Sur Tolkien c’est plus compliqué. S’il s’agit du premierauteur que j’ai vraiment lu (je me rappelle de Bilbo en CE2 et du Seigneur desanneaux un peu après), je ne suis pas un grand fan de ces deux œuvres. Leproblème vient surtout de leur style et de leur construction, qui se trouventtout simplement à l’opposé de mes goûts. Par contre, je suis un fan absolu duSilmarillon, je trouve ce bouquin magistral… Quant aux auteurs« actuels », j’ai beaucoup aimé Gemmell, notamment Parménion et lespremiers livres du cycle de Drenaï, j’adore Glen Cook, que ce soit pour LaCompagnie noire ou les histoires de Garrett, et j’ai pris énormément de plaisirà lire Javier Negrete, notamment Zemal et Syphron dont j’ai hâte qu’ilpoursuive le récit. Et puis il y en a forcément d’autres, qui ne me reviennentpas en tête comme ça…
P: Vous avez fait des études de musique. Ecoutez vous de la musique enécrivant. Y'a t'il un lien entre écriture et musique?
S: En effet : j’écris systématiquement avec un fondsonore. Je choisis celui-ci en fonction de l’ambiance des scènes auxquelles jevais m’atteler. C’est souvent de la musique de film, mais il peut y avoir duclassique, de l’électro, du métal ou de l’indus, ça dépend vraiment de ce queje vais écrire. La musique permet de faire passer énormément d’émotion et, dansun sens, elle m’aide à me mettre dans l’état d’esprit nécessaire à laretranscription de ces émotions sur papier. C’est très important pour moi. Onm’a souvent dit que mes scènes étaient très visuelles et qu’elles empruntaientbeaucoup aux mécanismes du cinéma, peut-être que cela vient aussi de là…
P: Quels sont vos autres projets?
S: Actuellement je suis en train de mettre les dernièrestouches à un gros roman de fantasy qui n’a rien à voir avec Karn. C’est quelquechose d’un peu plus complexe, de plus ambitieux et un one-shot qui n’aura pasde suite. Cela fait deux ans que j’y travaille et je suis ravi, après tout cetemps, de le voir prendre sa forme finale. Ensuite je vais préparer un nouveaurécit de voyage avec mon ami photographe Gwenn Dubourthoumieu. Et puis il yaura aussi le futur Karn, à paraître normalement début 2012.
P: Un petit espace rien que pour vous, pour parler de ce qui vous passe par latête et que vous avez envie de partager avec vos lecteurs et futurs lecteurs:
S: Depuis toujours, j’écris des histoires que j’aurais moi-mêmeenvie de lire. J’y prends énormément de plaisir personnellement, et mon souhaitle plus cher est que les lecteurs puissent en prendre autant en lisant meslivres. Alors, disons simplement que j’espère que tel est le cas !
Encore merci de nous avoir consacré votre temps et d'avoir répondu à toutes ces questions! J'ai beaucoup apprécié, pour ma part la lecture des réponses!
Un auteur à suivre assurément!

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