Au zénith (Duong Thu Huong)

L'Histoire commence "Père ! Père ! Le cri du gamin réveille brusquement le président." Le président, c'est Ho Chi Minh. Nous sommes à la fin de sa vie, à la fin de son pouvoir, mais à l'aube de l'icône qu'il demeure.

Ce roman est tragique, comment l'être autrement ? On ne sait jamais rien des destins inconnus et des tragiques détails qui sous-tendent la vie des héros et l'héroïsme de leur vie. La grande histoire s’éclaire à la lumière de la petite. Le vieil homme, gardé comme un prisonnier, soigné comme un grabataire, trahi par les siens, traqué par des fantômes, est le père de la patrie.

L'auteur a publié ce livre alors qu'elle était enfin libérée de sa résidence surveillée d'Hanoï. Sans avoir connu le destin d'Ho Chi Minh, Duong Thu Huong s'est aussi retrouvée dans les méandres de l'introspection, méandres où le commun des mortels se perd. Le bilan d'Ho Chi Minh sur sa vie d’homme privé et politique a un goût bien amer. La révolution socialiste n’a pas tenu ses promesses, les guerres laissent le peuple exsangue, et cette épouse perdue à jamais et leurs enfants qu’il ne connaîtra pas.

Il fallait la finesse de Duong Thu Huong, sa réelle admiration pour Ho Chi Minh, son amour indicible pour son pays, pour offrir au personnage une épaisseur psychologique qui l’humanise sans le priver de son aura. Le pamphlet visant les trahisons de l’idéal communiste n’en reste pas moins virulent et effrayant, lors des conversations imaginaires entre Ho Chi Minh et une apparition aux traits gras de Mao.

A quelles autres œuvres cela me fait-il penser ? …

Aussi magistral que soit ce roman, il n'égale pas, pour moi, du même auteur, Terre des oublis.

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