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Lire en afghanistan et au pakistan

Publié le 16 février 2011 par Abarguillet

LIRE EN AFGHANISTAN  ET AU PAKISTAN

De Kaboul à Islamabad

Après avoir arpenté les vastes plaines de l’Asie centrale, nous revenons vers les hautes montagnes qui dominent l’Afghanistan et le Pakistan réunis dans une même étape pour les seuls besoins de ce parcours littéraire. La littérature est bien présente dans ces deux pays mais, hélas une fois de plus, les écrivains ne sont plus là, ils ont dû fuir la violence et la folie des hommes pour sauver leur vie. Atiq Rahimi, né à Kaboul, vit en France où il a reçu il n’y a pas si longtemps, en 2008, le Goncourt pour un livre qui n’est pas celui que je vous présente mais « Syngué Sabour ». Spôjmai Zariâb, Kaboulie elle aussi, réside également en France où elle est réfugiée politique alors qu’Hanif Kureishi appartient à la communauté pakistanaise de Londres. Et, pour suivre le chemin de tous ces exilés, nous partirons en compagnie d’un autre Afghan, Khaled Hosseini, qui, lui, vit aux Etats-Unis.

Les cerfs-volants de Kaboul  de  Khaled Hosseini (1965 - ….)

Pourquoi Khaled ? Pourquoi verser tant de ketchup américain dans cette belle histoire de fraternité entre deux frères de lait que tout sépare a priori, l’un riche l’autre pauvre, l’un maître l’autre valet, l’un Pachtoun l’autre Hazara ? La recette était belle et bonne pourtant sous le soleil d’un Kaboul que les médias ne nous ont jamais montré, éclaboussé du vol multicolore des cerfs-volants que les enfants manipulent en un combat prémonitoire. Et quelle émotion, quelle intensité dans le drame quand la trahison s’immisce dans l’amitié entre ces deux enfants dont le sort va se fondre dans celui de ce pays où les diverses communautés cohabitent mais ne pourront jamais se mélanger en un peuple uni.

Alors quand la guerre fait rage, que le remords dévore les tripes, il faut partir vers un ailleurs meilleur pour tenter d’oublier et de reconstruire mais le sort, comme dans toutes les grandes tragédies, rattrapent les fautifs et l’ami qui a trahi est appelé en Afghanistan pour accomplir une mission qui pourra lui rendre son honneur et sa fierté, nang et nanoos, les valeurs fondamentales des hommes de ce pays. Et là, hélas, la belle tragédie qui aurait pu prendre l’allure d’une épopée antique ou d’un célèbre western de Jack Schaefer ou de Dorothy M Johnson, sombre dans le polar de série B où les héros passés à la moulinette ressuscitent comme par miracle pour triompher tel David devant Goliath. Et le roman s’étire en une fin interminable digne d’un roman américain à l’eau de rose pour faire pleurer les âmes sensibles et racoler les amateurs de sensations faciles. Et voilà comment on transforme un succès littéraire en un succès de librairie où l’on voit trop les concessions à l’éditeur et au marché.

Hélas, mille fois hélas, car ce roman comporte de très belles scènes et une vision originale sur l’Afghanistan, même si tous les poncifs sur le conflit sont largement étalés, que les journalistes ne nous ont pas donnée. Cette histoire d’amitié et de trahison méritait plus l’inspiration de la tragédie grecque que certains auteurs de westerns ont bien su exploiter que la référence à des romans plus proches de Gérard de Villiers que d’Eschyle, Sophocle ou Euripide…

Terre et cendres  de Atiq Rahimi  ( 1962 - ... )

Un vieil homme attend le camion qui le conduira à la mine où travaille son fils, il doit aller là-bas pour lui apprendre la terrible nouvelle : une bombe a rasé le village, il ne reste rien, ni hommes, ni bêtes, ni maisons, la place n’est plus que cendres et le vieil homme doit rapporter l’horreur. Il y a cependant un survivant, un enfant qui est devenu sourd et à qui on ne peut plus transmettre l’histoire du village et de son peuple. Dans cette attente, le vieil homme essaie de ne pas sombrer dans la haine, de retrouver les chemins de l’amour et de l’espoir pour que son peuple puisse un jour entrevoir un monde plus serein. Un tout petit livre en forme d‘allégorie de l’Afghanistan martyrisé par l’armée rouge et son arsenal diabolique.

La plaine de Caïn  de  Spôjmaï Zariâb  ( 1949 - ... )

Un recueil de nouvelles, treize, qui évoque lui aussi la période communiste de l’Afghanistan quand les Russes et leurs sbires au pouvoir écrasaient le pays sous leurs lourdes bottes. L’auteur nous fait voir, à travers des regards de femmes, des villes dépossédées de leur âme, des enfants devenus bourreaux ou victimes, ou successivement l’un puis l’autre, toute la douleur d’un pays envahi et martyrisé. Pour dire toute cette horreur, il utilise la langue persane qui se prête cependant mieux à la poésie qui n’est, toutefois, pas absente de ces textes poignants, révoltants et émouvants.

Intimité  de Hanif Kureishi  ( 1954 - ... )

Kureishi est peut-être plus connu pour le roman qui a donné naissance au film « Ma beautiful laundrette » qui a été tourné en partie à Belfort. Dans «Intimité », il nous raconte la vie d’un homme qui a décidé de tout plaquer, femme et enfants, pour partir ailleurs, il évoque la dernière soirée qu’il s’apprête à passer en famille avec la tension qui l’habite, doit-il tout dire ? que doit-il dire s’il ne dit pas tout ? Demain sera un autre jour, un jour de liberté, un grand courant d’air frais dans sa vie mais ce soir il faut passer par l’épreuve de la rupture avec tout ce que cela comporte comme explications et comme silences.


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