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maladie maniaco dépressive, psychose maniaco depressive

Publié le 16 février 2011 par Darouich1
On parlait autrefois de psychose maniaco-dépressive, rebaptisée aujourd’hui trouble bipolaire.
Cette affection est très courante, elle touche 1 personne sur 100, et n’est pas toujours facile à diagnostiquer.
Pour les personnes qui en souffrent et pour l’entourage, cette maladie peut avoir de graves conséquences, et la détresse est souvent grande... Mais heureusement des solutions existent.
Entretien avec le professeur Chantal Henry, psychiatre à l’hôpital Chenevier, Créteil. Pourquoi les troubles bipolaires restent-ils trop méconnus ? C’est vrai que le diagnostic des troubles bipolaires est souvent long à affirmer. Et la méconnaissance de la maladie y est pour quelque chose.
On estime qu’il faut huit ans, en moyenne, pour poser un diagnostic. Et pendant toute cette période, les patients sont en danger.
Le problème se pose souvent lors d’une entrée dans la maladie par une phase dépressive. Cela se déroule lentement. La personne se sent mal et impute son mal à une simple dépression. C’est là que le médecin généraliste doit être suffisamment informé pour ne pas passer à côté du bon diagnostic. S’arrêter au symptôme dépressif, c’est courir un vrai risque.
En effet, les antidépresseurs prescrits seuls aggravent souvent l’évolution de la pathologie. Ils peuvent entraîner des décompensations ou s’avérer parfaitement inefficaces. Donc, lorsque quelqu’un de dépressif, traité par antidépresseurs, ne s’améliore pas, ou résiste au traitement, il faut penser au trouble bipolaire. Et en cas de troubles maniaques, le diagnostic est-il plus facile à faire ?
Même lorsque l’entrée dans la maladie se fait par la phase maniaque, on peut passer à côté, tant qu’il n’y a pas de trouble du comportement majeur. La personne semble très en forme, hyperactive et on ne se doute pas qu’il s’agit d’un état pathologique.
Il est donc très important que la maladie bipolaire soit mieux connue, aussi bien des médecins que du grand public. Elle touche 1% de la population, et elle peut être très invalidante. Pourquoi avoir changé l’appellation de la maladie ? (On ne dit plus psychose maniaco-dépressive mais trouble bipolaire)
Tout simplement parce que la gestion de la maladie, ses traitements, ont évolué. Avant les traitements pharmacologiques, on ne parvenait pas à stabiliser cette pathologie et l’évolution pouvait se faire sur un mode plus chronique avec des épisodes plus sévères.
Aujourd’hui, seuls 50% des personnes atteintes vivront un épisode psychotique. Le mot psychose renvoie à une évolution plus péjorative et plus chronique de cette maladie. Or, ce n’est plus le cas. Il est possible d’équilibrer le trouble bipolaire, comme on équilibre un diabète.
Bien sûr, il faut rester vigilent, mais on peut vivre normalement. A condition d’avoir une bonne hygiène de vie, des rythmes réguliers et de surveiller l’état de son sommeil, et de son humeur. La psycho-éducation est en voie de développement en France. Quels-sont ses intérêts ?
L’information. Aussi bien pour le patient lui-même que pour son entourage. L’idée est de savoir repérer les premiers signes d’une rechute et de l’éviter. Quand on a l’information suffisante sur la maladie, il est absolument possible de limiter les effets. Et, pour cela, le rôle de l’entourage, de la famille est essentiel.
Quand on voit que le sommeil est altéré, que la personne ne dort plus que quelques heures, par exemple, tout de suite, on peut intervenir et réadapter le traitement pour éviter la décompensation.
C’est une manière de prise en charge qui implique l’adhésion du patient à sa prise en charge. Comme dans le cas d’autres maladies chroniques, c’est le patient lui-même qui devient acteur de son propre équilibrage. C’est lui qui ressent les symptômes ou c’est son entourage qui en prend conscience et qui alerte le médecin.
En pratique, cela se traduit comment ?
Quelques séances de psycho-éducation peuvent permettre de réduire les rechutes pendant plusieurs années. Une quinzaine de séances, c’est la possibilité de diminuer de moitié la durée des hospitalisations. Et ça passe par des choses toutes simples.
Déjà, bien se rappeler qu’une simple insomnie peut provoquer une décompensation. Ainsi, on peut mener une vie bien remplie et constructive, à condition d’être attentif et bien informé.
Les troubles bipolaires, encore appelés maladie maniaco-dépressive, se caractérisent par des fluctuations de l’humeur.
En théorie, il s’agit d’une alternance de phases de grandes euphories, parfois délirantes, et de phases de mélancolie, de grande tristesse.
Dans la réalité, on peut souffrir d’un trouble maniaco-dépressif et ne connaître qu’une seule phase, toujours dépressive ou toujours maniaque. Les cycles sont en effet plus ou moins longs, selon les personnes.
Alors, certes, nous sommes tous, plus ou moins, d’humeur changeante. Il y a des matins où tout va bien et où l’on se sent une énergie de dragon et d’autres où le poids de la vie pèse plus lourd. C’est normal...

Mais dans les troubles bipolaires, c’est la même chose, mais en plus intense. Dans les phases dépressives, on ressent une tristesse extrême, une perte d’intérêt pour tout, des troubles du sommeil, mais aussi des troubles de l’appétit, des pertes de mémoire et des pensées de mort et des envies de suicide...
Au cours des phases maniaques, c’est l’inverse : on se sent capable de tout faire, l’énergie déborde, quelques petites heures de sommeil semblent suffire, mais le jugement devient erroné, l’agitation extrême et il est alors possible de perdre pied avec la réalité.
C’est quand on en arrive à ces phases extrêmes, à ces décompensations que l’on peut se retrouver à l’hôpital, voire au poste de police. Il est donc important de connaître la maladie
pour en éviter les symptômes invalidants.
Les causes des troubles bipolaires.
On n’en connaît pas vraiment les causes, même si le caractère familial de cette maladie a été bien étudié.
Environ 1% de la population souffre de cette maladie. Et certaines familles ont un risque plus élevé de souffrir d’une maladie maniaco-dépressive. Les gènes suspectés font l’objet de recherches. Pour l’ensemble de la population, le risque de développer la maladie est estimé à 1 ou 1,5 %, mais à 10% dans le cas d’antécédents familiaux et à 30% lorsque les deux parents sont concernés.
Lorsque l’un des parents ou des frères ou sœur sont atteints de ce trouble, il sera important d’être d’autant plus vigilent, en cas de dépression. De même lorsqu’un jeune présente des troubles de l’humeur, un caractère particulier, où s’alternent tristesse et euphorie, il sera important de penser à la possibilité d’un trouble bipolaire surtout si quelqu’un d’autre, dans la famille en est atteint. A noter encore que cette maladie dure longtemps. Il s’agit d’un trouble chronique auquel il faudra être attentif toute la vie, même si les symptômes disparaissent et que la maladie est bien équilibrée.
Les symptômes des troubles bipolaires.
Certains signes peuvent mettre en alerte, et faire suspecter un début de maladie maniaco-dépressive :
> une fatigue inexpliquée, une tristesse sans raison.
> une indifférence subite au monde environnant.
> un temps de sommeil rallongé : on dort beaucoup mais on reste fatigué. Ou, au contraire : des insomnies.
> des changements de niveau d’énergie : quelques mois à fond, plein d’énergie et tout à coup, le coup de vide. Dans le cas d’une dépression dont les symptômes sont aggravés par la prise d’antidépresseurs ou qui résistent à ces antidépresseurs, il faut tout de suite penser à une maladie maniaco-dépressive. Dans le cas d’une entrée dans la maladie par une phase maniaque, le diagnostic peut être difficile à établir, lorsque les signes sont modérés.
Les signes peuvent alors être : > un état de grande exaltation, sans raison particulière, > une irritabilité exagérée, > un niveau d’énergie inhabituel malgré peu d’heures de sommeil, > une hyperactivité exagérée, > un attrait excessif pour les plaisirs, au dédain de la gestion du quotidien, > un optimisme extrême, > une pensée qui s’accélère jusqu’à la confusion, > une trop grande agitation motrice, > une logorrhée sans fin, > un sentiment de grandeur et de toute puissance. Tous ces symptômes doivent faire penser à un trouble bipolaire, surtout, si des antécédents familiaux sont connus.
D’après l’Organisation Mondiale de la Santé, les troubles maniaco-dépressifs sont parmi les 10 maladies les plus handicapantes. En effet, si la maladie n’est pas équilibrée correctement, il est difficile d’avoir une activité professionnelle ou de poursuivre ses études régulièrement. Les risques de suicide sont importants, également. Il est donc essentiel de bien connaître les premiers signes de la maladie, car les solution existent...
Les traitements du trouble bipolaire.
Le traitement de référence est le lithium.
C’est la molécule la plus efficace pour traiter ou pour prévenir la récidive de troubles bipolaires.
Il agit en modifiant l’équilibre de certaines substances chimiques existant naturellement dans le cerveau.
Actuellement, les traitements médicamenteux sont de trois types :
> Le lithium réduit considérablement les risques de passage à l’acte et notamment de suicide.
> Les anticonvulsivants indiqués dans le traitement des états mixtes et les cycles rapides c’est-à-dire lorsque les phases maniaques et dépressives se succèdent plusieurs fois dans une même année.
> Les antipsychotiques atypiques prescrits dans le cas de personnalités complexes, en particulier pour réguler l’humeur. En plus des traitements médicamenteux, une psychothérapie est conseillée.
Les thérapies comportementales et cognitives sont efficaces notamment pour apprendre à mieux gérer les symptômes résiduels de la maladie.

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