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Claudine Loquen : art singulier

Publié le 27 janvier 2008 par Dominique Rémond
Ce qu’aujourd’hui on appelle « L’art singulier » puise ses racines dans ce qui a été considéré depuis la Renaissance, hors définition : gaucheries, couleurs trop audacieuses, proportions mal respectées…
Au 20ème siècle, les plus grands artistes s’en nourrissent. L’art populaire, l’art brut, les dessins d’enfants, les primitifs… Toutes ces expressions « hors normes » sont reconnues par eux comme des puits de liberté. …De l’audace, et encore de l’audace !
Mais où la chercher et comment ? Pour un jeune artiste, les choses ne sont pas toujours simples, à chacun sa voix.
Claudine Loquen tourne le dos à l’enseignement qu’elle a reçu aux Beaux - Arts. Elle veut désapprendre.
Elle laisse son imagination prendre le dessus sur la vraisemblance, les vérités du coeur sur le réalisme optique…. Elle trouve ses sujets dans ses rêves de petite fille, princesses et danseuses…. Il faut le faire !  

 

Pendant des années, elle peint des silhouettes très fines à l’encre de chine, technique qu’elle maîtrise bien.
Elle les allonge comme des calligraphies, les affuble de tutus et des perles, les fait danser et se pavaner gracieusement.
L’artiste invente des personnages pourvus d’un très long cou, des lèvres charnues, sur un fond relativement neutre, elle les dispose par groupes.
Comme dans un rêve, ces personnages reviennent sans cesse sur ses toiles. Avec des yeux enfoncés dans leurs têtes rondes, regards fixes, ils sont parfois assez inquiétants. Ses petits héros et héroïnes évoluent. Son œuvre change.
Une vraie explosion des formes et des couleurs, des drôleries et d’exubérance occupent la toile. Chaque petit coin en est habité et s’épanouit. L’artiste donne naissance à des nouvelles apparitions : la dame élancée à la tête de chat, la femme- coque, l’oiseau participent à un nouveau départ imaginaire.

 

 

Dans « Carnaval », l’atmosphère est bleue, transparente et fluide. Dans « Critérium », dulcifiée. Les mêmes têtes rondes aux cous démesurés guettent depuis longtemps l’espace. Leurs yeux ne bougent toujours pas, ils regardent tout droit, comme des automates.
Des fleurs partout.
Des fleurs qui naissent à partir d’elles- mêmes, sans tiges, sans la mélancolie de la nature morte classique. Prétextes graphiques, elles décorent et confectionnent une offrande votive au pied du Bonheur.
Dans « Baiser Volé », les personnages flottent … On pense aux « Mariées de la Tour Effel » de Chagall.
Tout est un peu ivre. Une véritable symbolique ponctue la narration. Des cœurs rouges clignotent, désirent ardemment.
La aussi des parterres des fleurs comme des papiers peints délimitent plusieurs espaces qui se superposent. L’artiste introduit le collage, se sert de l’écriture. Des fines lignes courbes accompagnées des petits points vont et viennent de haut en bas, donnant le mouvement. Les couleurs sont franches et vives.
Le raffinement du dessin est remarquable, le bonheur, l’émoi du baiser, fleurs calices, et bulles de rosée. La jeune femme perd sa chaussure le jeune homme rougit. Elle tient sa main gauche élégamment tendue, son sac à main rose est attaché au poignet. Étrangement il ferme comme une serrure. A-t-elle donné la clef à Vincent ? Ileana Cornea Paris, juillet 2007

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