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Au Bain.

Publié le 03 mars 2011 par Alexcessif

L'occasion de refaire une bonne action et la salle de bains.

Une sébile sur une couverture et un écriteau autour du cou communiquent son message laconique : « Gé fain » . Il attend en somnolant dans le froid la compassion du chaland à la sortie de la boulangerie. Il fait partie du peuple transparent. Un de la minorité invisible. La partie humaine du mobilier urbain dont je ne croise jamais les yeux honteux que je suis d’avoir le ventre plein et le lit garnis. J’étais dans ma période Amélie Poulain et mon empathie s’était revêtue des fringues gothiques de l’Abbé Pierre. Je lui ai tendu le sandwich que je venais d’acheter à son intention. Son :« - va te faire enc… » m’a cueilli en flagrant délit de pitié insane. Quelle admirable retenue que celle de cet homme blessé dans sa dignité qui n’ose dire qu’en réalité il a soif et préfère le cash! Bien que ne mangeant pas de ce pain là, j’avais mémorisé son verbe pittoresque et la particularité de ce caractère noble et entier. A quelques temps de là, j’étais résolu à refaire la salle de bains et je me disais que j’offrirais volontiers à cet homme concis, fier et abrupt une opportunité d’améliorer ses relations sociales par l’hygiène et à ma baignoire son chant du cygne. Je lui proposai donc l’hospitalité le temps d’un café et d’un bain chaud. Au Bain.Il était temps. L’envie avait rendez-vous avec la nécessité. Son ambulation depuis quelques temps devenait moins fluide. Le mouvement de ces fesses était comme une bouche cousue par les fils de super glue et rendait difficile l’élocution de chaque pas. Les vêtements demandèrent au déshabillage des gestes lents et réclamèrent de la prudence pour se séparer de la peau sans dommages. A  la mise à l’eau, les passagers clandestins fuirent, qui en sautant, qui en rampant, la trahison imprévisible de leur hébergeur renonçant à apprendre à nager. Une heure de trempage plus tard, l’eau, d’une couleur rendu indéfinissable par la décoction 

d' un magma de poils divers, barbe, crin, fourrures ou cheveux et les chicots qui n’avaient pas résistés au brossage, commençait à refroidir. Pour faire durer, il  tentât le redoux du liquide par des émissions de gaz naturel mais le parfum répandu par les bulles éclatant à la surface lui fit craindre pour le réchauffement climatique. A cause de son empreinte méthane et toujours écolo, il sollicitât sa vessie pour une miction secourable à vocation échauffante afin de prolonger son trempage, quelques desquamations tardant à se dissoudre. Il lui fallut pourtant se résoudre avant l’apparition des premiers nénuphars à quitter à regret cette confortable enveloppe. Moïse ou Boudu  sauvé des eaux, le voilà prêt, disponible, utilisable, consommable, potentiellement aimable et aimant avec un léger parfum de pisse. Bon ! Me reste à nettoyer le chantier. Ils ont des lances flamme chez Kiloutou ?

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