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PS : l’épine Marseillaise

Publié le 04 mars 2011 par Hmoreigne

 En remettant à la direction du PS un rapport accablant de quatre pages sur le fonctionnement de la fédération socialiste des Bouches-du-Rhône (BdR), Arnaud Montebourg a plongé Solférino dans l’embarras. De l’ennui au déni il n’y a qu’un pas vite franchi par Martine Aubry et son entourage. “Il n’y a rien dans ce rapport. Pas un élément concret, précis, pas un fait” affirme la première secrétaire dans le registre du “circulez il n’y a rien à voir“.

Courage fuyons. Martine Aubry répond au malaise par un autre malaise en estimant dans les colonnes du Point.fr que le rapport de l’avocat Montebourg, mué pour l’occasion en procureur, est vide sans pour autant diligenter une commission d’enquête comme le demande Malek Boutih. Signe que la ligne retenue par la maire de Lille a été soigneusement ciselée, son bras droit, François Lamy, s’est chargé de passer la deuxième couche en déclarant “C’est un avis d’Arnaud Montebourg, des affirmations péremptoires, des faits pas étayés. Aucune preuve, aucun fait réel“.

La couche de finition, c’est l’intéressé lui-même qui s’en charge. Considérant que la meilleure défense c’est l’attaque, Jean-Noël Guérini, porte plainte pour diffamation contre Arnaud Montebourg.

Chacun peut pourtant se faire une opinion. Le texte a été mis en ligne par LePoint.fr. Il confirme les images d’Épinal qui collent à la vie politique Marseillaise  et qui oscillent, entre clientélisme et menaces physiques.

Sur la base de ce constat peu flatteur pour la démocratie, Arnaud Montebourg invite le PS national à faire le ménage en démettant M. Guérini de ses fonctions à la tête de la fédération, et en plaçant celle-ci sous tutelle Solferino.

La patronne du PS n’entend, elle, surtout pas prendre de mesures sanitaires et mettre son nez dans les affaires de la fédération des BdR. Elle laisse ce soin, le cas échéant, à la justice qui dans l’immédiat s’intéresse à Alexandre Guérini, homme d’affaires bénéficiaire de marchés suspects avec le Conseil Général des BdR dont le président n’est autre que son frère, Jean-Noël Guérini.

Aujourd’hui, je lis des choses dans la presse, des rapports d’écoutes, mais rien de précis ou de répréhensible… Il faut laisser faire la justice. Pour l’instant, Jean-Noël Guérini n’a même pas été entendu“, déclare très prudemment à ce sujet Martine Aubry. Une prudence qui trouve un début d’explication dans le fait que c’est la première secrétaire en personne qui a validé la désignation, il y a un an, de M. Guérini au poste de premier secrétaire de la fédération des BdR en contradiction avec les statuts du PS qui précisent que cette fonction est incompatible avec le mandat de président de Conseil Général.

Le courage n’est pas lié aux années. Razzy Hammadi, proche de Benoît Hamon et ancien président des MJS estime qu’il ne sert à rien de “faire du zèle“. “Le climat est déjà tendu. On n’a pas à se substituer au juge en s’instituant procureur, et encore moins inquisiteur“.

Comme il fallait s’y attendre le député de Saône-et-Loire essuie les foudres de différends hiérarques socialistes qui l’accusent de faire, par ses accusations, le jeu de la droite voire de collusion avec elle, à quelques encablures des élections cantonales.

Dans LeMonde.fr, l’ex magistrate Laurence Vichnievsky, et ancienne tête de liste régionale pour Europe Ecologie dans les Bouches-du-Rhône souhaite ne réagir que sur les dérives clientélistes et laisse à la justice le soin de régler l’autre volet. Elle est cependant très critique sur la position de la première secrétaire du PS : “J‘ai dit qu’il fallait une réaction nationale. Martine Aubry doit mettre de l’ordre dans son propre camp. Sinon, cela fait le lit des extrêmes. La réaction de Martine Aubry est insuffisante”.

L’analyse de la conseillère régionale écologiste de PACA est juste. La position adoptée par Martine Aubry nourrit la machine FN du tous pourris et brise l’espoir naïf d’un retour à plus de morale et d’éthique en politique en cas de victoire de la gauche en 2012.

Car au-delà du folklore pagnolesque des BdR, l’affaire Guérini constitue la partie émergée de la vérole clientéliste qui ronge un parti à la base militante volontairement restreinte (130 000 adhérents) et aux affaires depuis trop longtemps dans de nombreuses collectivités.

La bataille sanglante qui avait opposé Martine Aubry à Ségolène Royal pour prendre la tête du parti avait révélé d’étranges pratiques qui a un cheveu près avaient failli finir sur le bureau d’un juge. Loin d’en tirer toutes les conclusions, la direction du PS s’est bien gardée de faire le ménage, hormis pour des raisons très personnelles à Montpellier.

Les pincettes prises pour parler du cas Marseillais témoignent du souci de ne pas casser un système d’équilibres fragiles à quelques mois des primaires. Un système d’arrangements dénoncé en son temps par Jean-Luc Mélenchon.

Pourtant, enterrer l’affaire Guérini, c’est enterrer le PS et donner raison à BHL lorsque le philosophe déclarait en juillet 2009, que “le PS est mort “.

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