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Le retour de René Frégni

Publié le 04 mars 2011 par Sheumas

   J’ai déjà à maintes reprises consacré des articles dans ce blog à René Frégni qui est, en même temps qu’un écrivain que j’apprécie beaucoup, un ami. Il y a même sur you tube deux vidéos qui retransmettent « l’interview » improvisée chez lui, à Manosque.

   Un article dans « Télérama » vient d’attirer mon attention sur ce roman qui vient de sortir et dont j’ignorais l’existence (la rencontre à Manosque n’a pu se faire cet été suite à un malencontreux malentendu). Je viens de commander l’ouvrage et je promets d’en fournir le plus vite possible une synthèse personnelle ici même. En attendant, je livre ici l’article de Télérama qui souligne les qualités intrinsèques de l’écrivain. (J’en souligne les points pertinents)

Une fin d'octobre, René Frégni se met à table. Cahier, stylo plume, encre noire. Aujourd'hui encore, il ignore - dédaigne - le matériel informatique. Sa fille, que ses lecteurs ont rencontrée dans quelques-uns de ses précédents livres, vient d'avoir 18 ans. Le bel âge pour voler de ses propres ailes. Mais partir, c'est contraindre le père à la solitude - à l'écriture ? Dans un silence qui désormais l'envahit - il dit « vivre avec le silence » comme on dit vivre avec une personne - René Frégni habille de mots doux les riens des jours. La Fiancée des corbeaux est le douzième ouvrage de l'écrivain. Une sorte de journal, intime forcément, qui court de l'automne au printemps. L'auteur prend soin de noter les dates (27 octobre, 19 février ou 13 juin), mais n'indique pas l'année. Qu'importe, c'était hier, ou il y a dix ans, c'est toujours cuisant.

L'homme se met à nu, ce n'est guère la première fois. Depuis ses débuts, en 1988, toute son œuvre (1), même baptisée roman, raconte son époque, ses aventures, bonheurs et malheurs. René Frégni est lui-même un personnage de roman. Il est son propre personnage, une mine d'or... noir. Parfois à peine dissimulé ou, au contraire, comme aujourd'hui, héros pour de vrai. Mieux encore : un antihéros, un homme à bout de souffle, père meurtri mais écrivain au mieux de sa forme, qui cherche une réconciliation avec la vie et la trouve avec les mots : « Rien que le plaisir d'attraper un souvenir, une lumière, un peu de vie. [...] Ecrire au fil de l'eau, des saisons, de presque rien. » Avec une nouvelle liberté, celle qu'impose la solitude, une espèce de réclusion volontaire.

La destinée de l'écrivain peut se lire rien qu'à travers les titres de ses ouvrages, romans d'amour ou romans noirs, tous trempés d'une sourde mélancolie, poésie des brumes et fougue libertaire : Les Chemins noirs, Tendresse des loups, Le Voleur d'innocence, Où se perdent les hommes, et le magnifique Elle danse dans le noir, hymne absolu à la mère disparue, et tant d'autres encore, marqués de cris de révolte, Lettre à mes tueurs, Tu tomberas avec la nuit..

Dans La Fiancée des corbeaux se mêlent des images de l'enfance, celle de la fille envolée, et la sienne - ivresse de la jeunesse. Surgit encore une fois cette mère tant aimée à qui il rend visite au cimetière, à la nuit tombée : « Maintenant que ma mère est ici, c'est l'endroit le plus rassurant de la terre, même à minuit. Mortes, nos mères veillent encore sur nous. »


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