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Portrait de Femme : Marie d'Agoult

Publié le 08 mars 2011 par Podcastjournal @Podcast_Journal

En cette année où l'on célèbre partout le bicentenaire de la naissance de Franz Liszt, il nous a semblé intéressant d'approcher une femme qui lui fut très chère et qui sut manifester son indépendance à une époque où cela n'était pas si fréquent. La comtesse Marie d’Agoult mérite bien qu'on l'évoque lors de cette Journée internationale des droits de la femme, officielle depuis 1977.


Liszt à 21 ans par Achille Devéria, (1800-1857) (c) DR
Liszt à 21 ans par Achille Devéria, (1800-1857) (c) DR
Marie Catherine Sophie de Flavigny est née le 31 décembre 1805 à Francfort-sur-le-Main, d'un père émigré, Alexandre Victor François de Flavigny, et d'une mère allemande, Maria Elisabeth Bethmann. Revenue en France, elle reçoit une éducation des plus sérieuses au couvent de la Société du Sacré-Cœur de Jésus, sis dans l'Hôtel de Biron devenu musée Rodin en 1919, rue de Varenne dans le VIIe arrondissement de Paris. Le 16 mai 1827, elle épouse un colonel de cavalerie, le comte Charles Louis Constant d’Agoult,1790-1875, avec lequel elle a deux filles, Louise, née en 1828 qui mourra à six ans et Claire-Christine, 1830-1912. Très belle et très intelligente, elle mène une vie mondaine et son salon du quai Malaquais est très fréquenté par les personnalités artistiques ou littéraires du temps. Liszt et Marie d'Agoult se rencontrent à la fin de l'hiver 1833, à une soirée de musique de la marquise Le Vayer, lui est un "homme couvert de femmes" pour reprendre le titre d'un roman de Pierre Drieu la Rochelle. Leur liaison est très vite tumultueuse. Après la mort de la fille aînée de la comtesse, Liszt propose à Marie de partir avec lui, elle quitte son mari le 25 mai 1835. Après plusieurs étapes, ils s'installent à Genève, même si l'austère cité de Calvin n'est pas ce qu'il y a de mieux pour ce genre de situation, et on le leur fait bien vite sentir. Ils ont une fille Blandine, née le 18 décembre 1835, elle épousera en octobre 1857 à Florence l'homme politique français Emile Ollivier. Elle mourut le 12 septembre 1862, deux mois après avoir donné naissance à un fils, Daniel. Elle est enterrée au cimetière des Salins à Saint-Tropez. 

Une famille illégitime

Couverture du roman Béatrix d'Honoré de Balzac (1839) par Adrien Moreau (1840-1906), Philadelphia, George Barrie & Son, 1897 (c) DR
Couverture du roman Béatrix d'Honoré de Balzac (1839) par Adrien Moreau (1840-1906), Philadelphia, George Barrie & Son, 1897 (c) DR
Les relations entre les deux amants se dégradent, et après plusieurs séparations et retrouvailles, ils décident d'aller en Italie, lieu idéal pour l'épanouissement des grandes amours à l'époque romantique. George Sand et Alfred de Musset vers les mêmes années en sont un exemple, cela se terminera mal d'ailleurs... Le 24 décembre 1837, à Bellagio, sur les rives du lac de Côme, naît Cosima, la seconde fille de Liszt. Elle se mariera avec un chef d'orchestre, ancien élève de son père, le baron Hans Guido von Bülow, avant de succomber au génie de Richard Wagner qu'elle épousera le 25 juillet 1870 à Lucerne, après sept ans d'une liaison assez bourgeoise et la naissance de trois enfants, Isolde, Eva et Siegfried. Elle est morte à Bayreuth le 1er avril 1930. Marie et Franz vivent à Milan, Venise et Rome, où naît leur fils Daniel le 9 mai 1839. Celui-ci meurt de tuberculose à Berlin le 13 décembre 1859. Le cimetière dans lequel il a été enterré a été fortement endommagé lors de la construction du mur et sa tombe se trouve actuellement au vieux cimetière Sainte-Hedwig de la capitale allemande. Leurs relations s'altèrent encore et la séparation a lieu à Florence le 6 octobre 1839. Ils ne se reverront que pour des affaires concernant leurs enfants. Marie s'installe à Paris dans un bel appartement du 11 de la rue Neuve-des-Mathurins, dans l'actuel quartier de l'Opéra. Son salon accueille écrivains, musiciens, hommes politiques célèbres. Sa personnalité ne laisse pas indifférent, en 1839, elle est l'héroïne du roman Béatrix d'Honoré de Balzac.

Une femme de lettres

Portrait de Marie d'Agoult (1843) par Henri Lehmann (1814 -1882) (c) DR
Portrait de Marie d'Agoult (1843) par Henri Lehmann (1814 -1882) (c) DR
Elle-même écrit sous le pseudonyme de Daniel Stern, des nouvelles Hervé, Julien, Valentia et en 1846 Nélida, un roman qui contient de nombreux éléments autobiographiques. En 1848, elle vit de près les événements qui se déroulent en France et suit les débats à la Chambre. Tous éléments qui allaient nourrir ses Lettres républicaines en 1848 et surtout son Histoire de la République de 1848 en 3 volumes, parus de 1850 à 1853. Dans les premières années du Second Empire, son salon affiche des idées républicaines, elle accueille des émigrés, notamment le Polonais Adam Mikiewicz ou le Hongrois László Teleki. Dans les années 1860, elle voyage en Italie où elle rencontre Cavour et Victor-Emmanuel II. La guerre franco-allemande de 1870 ne lui apporte que des tourments, dans ses lettres, sa fille Cosima manifeste son mépris pour la France. Dans plusieurs journaux, Marie s'insurge contre la politique de Bismarck. Elle rend visite au couple Cosima-Richard Wagner à Tribschen près de Lucerne où ils vivent entourés de cinq enfants, trois de leur union et deux du premier mariage de Cosima, Daniela et Blandine. Marie passe ses dernières années dans son appartement de la rue de Courcelles où la vie sociale reprend après la guerre. Elle rédige Mes souvenirs 1806-1833 qui paraîtront en 1877 et ses Mémoires qui couvriront la période de 1833 à 1854 et seront édités en 1927. Sa santé décline et elle est emportée par une fluxion de poitrine le 5 mars 1876. Liszt averti de cette mort par Emile Ollivier répondit : "La mémoire que je garde de Madame d'Agoult est un secret de douleur. Je le confie à Dieu en le priant d'accorder paix et lumière à l'âme de mes trois enfants chéris". Elle est enterrée au cimetière du Père-Lachaise à Paris.

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