L'Assaut de Julien Leclercq

Les images sont désormais mythiques et ont largement fait le tour du monde. Sans pour autant réduire l'histoire de l'unité d'élite de la gendarmerie nationale à cette seule intervention, cette opération d'anti-terrorisme est emblématique. Le fait divers en lui-même est tout simplement exceptionnel et on sait aujourd'hui, 17 ans après le détournement de l'avion et 10 ans après les attaques contre les tours du World Trade Center, qu'il préfigurait les événements du 11 septembre. Le fait divers, disions-nous, est exceptionnel et nul scénariste à l'imagination aussi débordante soit-elle n'aurait pu imaginer une telle prise d'otages.(2001 non plus n'était pas concevable...). Comment le cinéma français allait-il traiter le sujet? Comment allait-il s'en sortir dans la mesure où on le dit incapable de faire aussi bien que les Américains? En ce qui nous concerne, c'est réussi. Le film est d'une grande retenue et ne verse pas dans les effets de manche, la pyrotechnie anglo-saxonne où les exagérations patriotiques nous mettent mal à l'aise. Dans l'Assaut, la libération des otages est retranscrite au plus juste, au plus près de la vérité. Et pas de point de vue privilégié, que ce soit celui des terroristes, des politiques ou du GIGN. Ils alternent et nous montrent donc la famille bouleversée par la violence sociale qui entame le gendarme d'élite, la folie religieuse d'un quatuor intégriste, des politiques dépassés qui ne maîtrisent pas vraiment la situation, l'ambition dangereuse d'une technocrate qui est tout simplement à côté de la plaque. Pas d'éloge du groupe mais Julien Leclercq s'attache à nous montrer son entraînement quotidien afin de ne pas faillir le jour j, l'âpreté des négociations. Le film est "intimiste", juste, sans un dialogue de trop et Vincent Elbaz incarne un homme taiseux mais pugnace puisqu'il sera le premier à rentrer dans l'airbus. La tension est présente du début jusqu'à la fin. Aucun relâchement, aucun temps mort, que ce soit pour les personnages ou pour le spectateur. Pour qui se laisse faire, on suit jusqu'à l'assaut final filmé en temps réel. Et là encore, grâce aux images désaturées, parce que le choix de la sobriété nous semble juste, pas une balle de trop, si l'on puit dire. Les gendarmes ne défouraillent pas, n'arrosent pas sans raison mais appliquent le feu. Cette scène finale constitue l'apothéose et c'est simplement impressionnant. Oui, le cinéma français sait faire de bons films d'action.

PS: Dans le genre aussi du film d'action, un très bon film mais qui n'a rien avoir avec L'Assaut, c'est Nid de guêpes de Florent-Emilio Siri.

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