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Là où je vais la nuit

Publié le 11 mars 2011 par Fred Desbordes

4 grammes. La masse de mon corps en suspension. Le bout de mes pieds qui décolle et ma tête à l'envers, j'ai le sol au plafond et la tête de lit dans les talons. Mot à mot je chipe un petit bout de vous. 4 grammes, la densité de mes doigts qui coulent sur votre peau. Alors je laisse filer la mesure et c'est là toute la démesure de la portée. Le poids d'un baiser. Multiplié par autant de secondes que dure l'instantané. Baisers au carré, suspendus au crochet de la division. Nombre d'or. Calculez.

ligne de corps pour une partition inachevée.

Là où je vais la nuit votre peau sur la mienne n'en finit pas de glisser. Là où je vais la nuit, je pourrais bien briser les chaînes du silence et souffler tous ces mots qui me brûlent les doigts, on pourrait dire que j'y crois.

Mais là où je vais la nuit, l’aube n’en finit pas s’enfuir et moi de courir après.

Et après ? Pierre qui roule et Jacques qui dit, qui ne dit que des conneries.

Alors je vidange. Et l’huile nauséabonde pleine de vous se répand sur le carrelage saturé de mes nuits noires.

Là où je vais la nuit tous ces putains de chats sont gris, gris comme le ciel, gris comme le béton, gris comme les flammes de mes jours.

Alors la nuit je rêve, en technicolor. Voilà mon trésor, des rêves par milliers, trop plein de vous et moi chaussant mes bottes de sept lieues pour vous retrouver. Il faudrait bien que je vous dise adieu.

Et pour cela il faudrait que je ne vous aie jamais croisée.

Pourtant, un beau jour vous vous résumerez dans ce conditionnel passé, et quand j’y repenserai, le regard dans le vague, pendant une seconde le « il aurait fallu » viendra toquer à la porte de mes sentiments. Je m’arrêterai dessus un instant et le chasserai d’un revers de main.

Là où je vais la nuit on a qu’une seule vie. Game Over. C’est l’heure.


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