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Oui mais non

Par Bellgarath

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Ouï.fm était ma radio favorite, mon soleil, mon inspiration, mon bonheur. J’y puisais ma ration quotidienne de rock, de pop, de blues, de hard et même parfois, n’ayons pas peur de le dire, de punk. Oui, malgré l’aspect respectable de ce blog, je suis une rebelle. Et on ne rigole pas, merci.
Bref, en tant que rebelle, j’écoutais une radio de rebelles, avec des musiques qui-font-un-peu-mal-aux-oreilles-mais-c’est-ça-qui-est-bon, avec des groupes rocks, des vrais, des poilus, de ceux qui changent le cours de l’histoire musicale avec une guitare, une basse et une batterie. Une seule radio proposait ça, une seule radio vraiment rock, Ouï fm.

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Mais pourquoi diable Ouï fm n’est plus ma source de joie et d’allégresse mais un énervement et une déception journalière ? Reprenons les choses depuis le début. Et c’est parti pour un tour de « avant, c’était mieux » !
Avant donc, c’était mieux.
Ha ha, je vous ai bien eu. Bref, trêve de plaisanterie.
Lors du baby boom des radios libres, Ouï fm diffusait une programmation underground, avec comme signature « Le son qui a du sens ». Elle réunissait des gens comme Kad et Olivier dans des émissions aussi loufoques que géniales qui ont marqué l’histoire de la radio.

Vers 1990, Ouï fm devint un peu plus commerciale et beaucoup plus rock qu’underground. On y écoutait des groupes pas très connus mais prometteurs comme Nirvana. Oui, à une époque, Nirvana était un petit groupe pas très connu.
En écoutant cette radio, on découvrait les nouveautés d’outre atlantique, d’outre manche et d’outre autres. C’était ça Ouï fm, on ne savait jamais sur quelle morceau génial on allait tomber mais on se doutait bien que de nouveaux blousons noirs allait nous faire les poches en nous donnant furieusement envie d’acheter leur album.

Et puis, en 2008, Arthur rachète la radio.
Il avait envie de revenir à ses premières amours, de se payer une radio. Donc voilà le début de la fin (le rebut de la fin oserai-je même). Parce que l’esprit Ouï fm (La Radio Roooock) et l’esprit Arthur (J’ai le banquier en ligne Thérèse) ça ne colle pas trop. Voire même pas du tout. Les tunnels publicitaires commencent à rallonger, les émissions à se dégrader, la programmation à sombrer. « La belle endormie » comme il l’appelle, se réveille mais c’est pas joli-joli.
Devant le naufrage qualitatif qui s’annonce, les personnalités qui étaient l’âme de la radio quittent leur poste. En 2009, toute l’équipe de rédaction est finalement virée, dégagée, supprimée. Et… remplacée par l’équipe d’Arthur ! On retrouve donc des animateurs de Skyrock et de Fun Radio et les auditeurs qui passent à l’antenne ont 15 ans. Monde cruel.

Avec des animateurs nuls, forcément, on n’a que des idées d’émission nulles. Enfin, quand je dis « des idées », je suis sympa. Un jour, quelqu’un a eu UNE idée, celle du « Oui love / We love ». Elle a été déclinée à toutes les sauces et usée jusqu’à la corde : Ouï love Deezer, Ouï love Dimanche, Ouï want you, Ouï love Myspace etc. Bref, vous avez compris « l’idée ».


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Autre point qui-pourrait-être-bien-mais-en-fait-non : la programmation. On est passé d’une radio découvreuse de talents à Radio Nostalgie Rock. Quasiment toutes les chansons sont des vieilleries alors que ce ne sont pas les nouveaux groupes géniaux qui manquent (liste à la demande). Certes, ce n’est pas forcément gênant, c’est même sympa d’écouter de temps en temps les grands classiques du rock, les indémodables, les piliers, les bases. Oui, de temps en temps, et quand on l’a choisi ! Ecouter Chérie Fm ou Nostalgie, c’est une envie, un choix, un état d’esprit.

Entendre 80 fois par semaine « Because the night belongs to the lovers », ça lasse.
Quand ils essaient de camoufler ça sous l’appellation « la perle rock », on y croit moyennement.
Quand après 10 minutes de pub, ils collent un jingle « dans quelques minutes, un tube de légende » on sait qu’on en a encore pour un moment avant de se taper une vieillerie sortie de derrière les fagots.
Quant aux soi-disant nouveautés dont ils s’attribuent la découverte alors qu’on connaissait l’album par cœur avant qu’ils les diffusent pour la première fois, non.
Bref, entendre du TF1 à la radio, non.

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Là dessus, histoire de fanfaronner d’une gloriole sans assise, la radio a commencé à faire son auto-promo avec une campagne minable dont les jingles sont des inepties du style « Dieu a créé le monde. Après, il se faisait chier, alors il inventa le rock. »  ou « tu écouteras de la musique classique à ton enterrement, d’ici là, écoute du rock ».
Ma radio chérie, elle a du écouter du classique le jour où Arthur a pris les commandes.

Alors moi qui était une fidèle parmi les fidèles, une Ouï Fm addict, une inconditionnelle de la radio rock, leurs vieux tubes au rabais entrecoupés de pub et leurs animateurs décérébrés m’ont poussés à l’impensable mais indispensable, zapper.

 

Sources :

Wikipédia

Article Libération (très intéressant)


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