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Quand Attali nous libère de nos chaînes

Publié le 30 janvier 2008 par Pierre

Libérer la croissance, favoriser la concurrence, encourager la prise de risque… les 316 propositions du rapport Attali ont beau, selon leur auteur, ne pas être « partisanes », elles se rangent néanmoins clairement dans le camp des libéraux purs et durs. Il n’est pas très surprenant que Nicolas Sarkozy y trouve son compte.

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Que nous dit ce rapport ? Que la France est un pays riche de multiples potentiels, mais qui souffre d’une bureaucratie trop lourde, de prélèvements trop élevés, bref, de trop de freins à la croissance. Ces freins l’empêchent de bénéficier d’une croissance du PIB suffisante, et lui font perdre richesse et attractivité. Soit.
Les solutions ? Elles sont assez classiques, et auraient très bien pu figurer dans le chapitre « économie » du programme de l’UMP aux présidentielles : simplifier les procédures, alléger les charges sur les entreprises, supprimer l’âge de la retraite, renforcer la visibilité des universités, achever la décentralisation, entrer dans l’économie de la connaissance, etc.

Plusieurs remarques sur ce rapport.

Tout d’abord, le ton surprend. Dès l’introduction, il est dit que « Ceci n’est pas un inventaire dans lequel un gouvernement pourrait picorer à sa guise, et moins encore un concours d’idées originales condamnées à rester marginales. C’est un ensemble cohérent, dont chaque pièce est articulée avec les autres, dont chaque élément constitue la clé de la réussite du tout. ». A la fin du rapport, un calendrier détaillé de la mise en place des réformes. Ce rapport serait-il une nouvelle feuille de route pour le gouvernement ? D’autant plus qu’il garantit la réussite, et va même jusqu’à en chiffrer les résultats (2012 : chômage à 5%, fréquentation touristique anuelle de 90 millions de visiteurs, plus de 10 000 emplois créés dans les banlieues, etc.). Un programme politique pour Président en panne d’idées ?

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A côté de la forme, le fond. La croissance débridée prônée par Attali fait presque totalement l’impasse sur les enjeux environnementaux, ce qui est un peu gênant. La question est évacuée en quelques lignes : il suffit de créer une fiscalité écologique et de vivre le développement durable comme une opportunité. Renforcer les énergies renouvelables, etc. Un peu léger. Attali est-il au courant que le mode de développement économique actuel des pays riches est totalement incompatible avec les enjeux du réchauffement climatique ? Pour y répondre, il suffirait d’investir le marché des technologies vertes ? « La résolution des problèmes écologiques n’exige pas la réduction de la croissance mais, tout au contraire, demande une croissance forte, d’un genre nouveau, pour réorienter la production vers les secteurs non polluants ». A peine sorti, ce rapport semble déjà très daté : il aurait pu être écrit dans les années 1970. Comment sinon donc expliquer qu’il prône le développement massif des liaisons aériennes low cost, véritable aberration dans un contexte de fort renchérissement des prix du pétrole ?

Dernier point, la naïveté des propositions. Attali semble affirmer que pour chaque problème existe une solution, et que chaque solution amène des résultats immédiats (cf le chiffrage des résultats à 2012, promis sans l’ombre d’un doute). On manque de logements ? Créons des villes nouvelles (les « Ecopolis ») ! Comme si, pour régler tous nos problèmes, il fallait une bonne dose de libéralisme et pas mal de technicité (pour régler quelques détails gênants, comme la pollution). On se croirait revenu au beau milieu des années 60…

Bref, comme tout rapport ou programme politique qui n’engage que son auteur, tout ceci n’est pas très sérieux. Mais cela ne serait pas très grave si Sarkozy n’avait pas indiqué qu’il adhérait à l’essentiel des propositions.

Fred


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