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Le livre du jour - Les Larmes de mon père, de John Updike

Par Benard

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Dernières nouvelles de John Updike

16/03/2011

AprèsLes Veuves d’Eastwick, paru en 2010, les éditions du Seuil poursuivent la publication posthume des œuvres de John Updike avecLesLarmes de mon père. Un recueil de nouvelles écrites au cours des années 2000 par un écrivain au seuil de la mort.

Des maîtresses aguichantes, des voisines esseulées, des secondes voire des troisièmes épouses indifférentes ou franchement haineuses, des femmes soumises au diktat du paraître… Les hommes d’âge mûr desLarmes de mon pèreen ont croisé. Et ils en croisent encore, dans les fermes rudimentaires de Pennsylvanie, dans les maisons ultra protégées de banlieue, dans les appartements new-yorkais ou les villégiatures de Floride. A l’heure de dresser d’impossibles bilans, ils revivent un adultère ou un divorce, se rappellent une enfance heureuse et des parents aimants, retrouvent de vieux amis dans des décors défigurés par les années, voyagent entre seniors. Parcourus d’un vague frisson échappé de leur jeunesse perdue, ces retraités arpentent leur«mémoire trouée»à la recherche d’une résurrection qui ne viendra pas. Car le premier baiser qu’on évoque lors d’une réunion d’anciens élèves ou le souvenir d’émois sexuels avec une trentenaire aguerrie témoignent d’un seul et inexorable phénomène :«l’abîme du temps». Ils sont bien loin et déjà presque oubliés«ces instants où une vie cueille les fruits que la nature lui destine».

Derrière la galerie de portraits désenchantés, c’est le profil de John Updike qui se dessine. Celui d’un homme né dans les remous de la Grande Dépression, qui a vu l’Amérique changer souvent de visage, perdre la face parfois, et se redresser dans l’orgueil pour préserver sa toute puissance. Au crépuscule de sa vie, rongé par le cancer, l’écrivain promène son regard mi-sévère mi-amusé sur ses coreligionnaires. Il se remémore le temps où les voitures à cheval cédaient la place aux automobiles et rit sous cape des progrès techniques aliénants qui marquent l’évolution de l’homo erectus.«Il y a trop d’options maintenant». Et pas assez de temps pour goûter à tout. Alors l’homme s’agite, papillonne, tente de concilier désir primitif et règles du bonheur conjugal. Mais rien n’y fait, son instabilité pathologique ne le détournera pas de son ultime voyage.

On retrouve dans ces 18 nouvelles la trame des derniers romans de John Updike. Les souvenirs qui s’étiolent et la flamme que l’on voudrait raviver deVillages. Le traumatisme du 11 septembre - vu par les kamikazes, les victimes et les spectateurs dans la plus longue nouvelle du recueil, “Variété des expériences religieuses” - deTerroriste.«Le monde se renversait comme une locomotive qui déraille, crachant la mort et des étincelles de souffrance», dit l’Américain à propos des attentats. C’est avec l’image de ce chaos précipité qu’il a poussé son dernier soupir : conscient de la fragilité de nos existences transitoires et trinquant«à la santé du monde sensible».

Thomas Flamerion

Source : http://www.myboox.fr/actualite/dernieres-nouvelles-de-john-updike-6233.html


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