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Relâchement

Publié le 30 janvier 2008 par Omelette Seizeoeufs

Hier je parlais de la politique de la recherche prônée par le rapport Attali. J'avais l'intention d'en venir au discours de notre Très Grand Homme (TGH) sur la même question, et puis tout est devenu trop compliqué. Tout à l'heure je me suis replongé dans le discours, et je tombe sur ceci (page 3 de la version pdf):

Je le dis au risque de choquer, mais on ne peut pas dire toujours des choses faciles. De mon point de vue, c'est bien au Parlement, au gouvernement, et particulièrement au ministère en charge de la recherche, qu'il appartient d'attribuer l'argent public et de fixer les orientations stratégiques. Ce n'est peut-être pas le meilleur système, mais tous les autres sont pires. Je ne sais pas, sinon, à quoi servirait un ministère de la recherche.

Ce n'est pas à un organisme, si grand, si respecté, et si puissant soit-il, de définir à lui seul la politique scientifique d'un pays. Ce n'est pas non plus à un collège électif de scientifiques de décider de cette politique, car la science ne doit pas fonctionner en boucle fermée, la science doit rendre des comptes à la société.

Sarkozy, donc, le Très Grand champion de l'"autonomie" des universités, défend ici l'idée selon laquelle seul l'Etat, et surtout le Ministère de la Recherche, est apte à déterminer une politique de recherche. Car, comme il le dit, "la science doit rendre des comptes à la société." Comme je le disais hier, nous sommes bien dans l'optique d'une science utilitaire, soumise aux exigences passagères et temporelles des gouvernements. Tant pis pour l'initiative individuelle. Tant pis pour l'indépendance de la recherche. Mais nous avons compris déjà depuis longtemps que Sarkozy n'est pas un libéral (c'est-à-dire un vrai libéral) mais un étatiste, qui conçoit la politique comme une manière de contrôler les administrations de l'état dans une relation finalement antagoniste, et de soumettre l'état aux besoins des entreprises (tandis qu'un libéral se contenterait de laisser les entreprises évoluer sans intervenir -- mais alors c'est difficile d'être si "volontariste").

Mais si j'ai cité ce passage, c'est pour m'émerveiller devant ce petit bijou de logique politique :

Ce n'est peut-être pas le meilleur système, mais tous les autres sont pires. Je ne sais pas, sinon, à quoi servirait un ministère de la recherche. (C'est moi qui souligne, o16o.)

D'abord, il n'a pas prouvé que tous les autres systèmes sont "pires", laissant la référence à Churchill remplacer la démonstration. Le pire, pourtant, c'est le clou de son argument : "Je ne sais pas, sinon, à quoi servirait un ministère de la recherche". Oui, merde, on a ce ministère, il va bien falloir lui trouver une occupation. Sinon, on ne sait pas à quoi il pourrait bien servir.

Je reviendrai plus tard à la question de la recherche, mais ma question pour aujourd'hui est la suivante : qui écrit les discours du TGH? Comment peut-on expliquer une argumentation si faible? Y a-t-il un relâchement à l'Elysée qui fait que désormais on sort n'importe quelle banalité pour meubler pendant les céremonies? Ce sont les stagiaires qui décident tout maintenant? Je commence à m'inquiéter, moi.


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