Paso Doble n°199 : Les Mohamed ne se plus cachent pour mourir

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Par Toréador | mars 20, 2011

A las cinco de la tarde…

Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage…

L'intervention de la coalition Franco-anglo-américaine en Libye est une victoire Française et surtout un très grand succès pour l'ONU. On semble l'oublier, mais depuis la Guerre du Golfe, le droit de la Charte des Nations-Unies était sur une pente glissante, lentement bafoué par les puissances du Conseil de Sécurité des Nations-Unies. En 1999, au Kosovo, l'OTAN avait frappé d'abord et demandé la permission après (venue sous la forme de la résolution 1244 du Conseil). En Afghanistan, l'ONU avait autorisé l'attaque contre les talibans sur les bases dites de la légitime défense (article 51 de la Charte) alors que l'attaque terroriste contre le World Trade Centre n'était pas un acte de guerre et que l'intervention sur Kaboul sonnait plus comme une guerre de représailles. Enfin, en Irak, quelques années plus tôt, les Etats-Unis s'étaient carrément assis sur la légalité internationale… bien mal leur en pris. 

Aube d'une Odyssée* représente donc le cas parfait de l'intervention prévue par le chapitre VII de la Charte : strict respect des procédures, mariage heureux de la légalité et de la légitimité, interventions ciblées, et – suprême plaisir – une coalition qui, pour une fois, n'est pas (tout à fait) placée sous le patronage américain. Certains regretteront que l'ONU ne nous ait pas donné comme objectif le renversement du Guide, mais le droit international ne discrimine pas les régimes et être un dictateur ne vous exclut pas d'entrée du jeu international**, hélas. 

Il n'est jamais trop tard pour bien faire

Cette victoire du Droit est le vrai succès de Sarkozy, qui a réussi à convaincre les 27 de l'UE de reconnaître les insurgés comme interlocuteurs légitimes, puis les Etats-Unis à devenir les forces d'appoint d'une coalition internationale qui ne soit pas l'OTAN. Le duo franco-britannique a montré ce que pourrait donner une politique européenne de sécurité et de défense commune. Sarkozy-Obama ont ainsi réparé, effacé, reprisé le contentieux Villepin- Bush (chose qu'Angela Merkel, comme d'habitude, avec sa lourdeur naturelle, n'a pas compris), au plus grand bénéfice de notre aura dans le monde arabe, extrêmement malmené ces derniers temps… 

Après, ne triomphons pas. D'abord, parce que les anti-sarkozystes les plus acharnés ne supportent pas que Dark Vador puisse (parfois) faire le bien (surtout à la veille d'une échéance électorale), au point de vouloir absolument le dépouiller de ses succès ou imaginer des objectifs très différents de ceux affichés. Ensuite, et surtout pour plusieurs raisons objectives : cette intervention se paiera, dans 1, 5 ou 10 ans par des tentatives d'attentats sur notre territoire. De plus, on notera que ni la Russie et la Chine ne s'y sont vraiment associés. C'est donc peut-être la première belle intervention régulière du Conseil de Sécurité des Nations-Unies depuis 20 ans … et peut-être la dernière, car lorsque la Chine sera militairement suffisamment émancipée, elle risque de calmer nos ardeurs démocratiques et nous taper sur le bec, comme l'avait fait l'URSS en 1956 au Canal de Suez.  

Entretemps, la révolution démocratique Lybienne est peut-être en marche. Symboliquement, elle a débuté hier par la mort de son égérie, Mohammed Al Nabous, blogueur militant, tué par un sniper, comme un écho déformé à la mort de Mohammed Bouazizi en Tunisie. Uncommon value was a common virtue.

* Le choix du nom de l'opération montre quand même la prégnance anglo-saxonne. Aube d'une Odyssée, c'est Odyssey Dawn en anglais, ce qui est nettement plus compréhensible. Parait-il que le choix d'un nom obéit à un subtil équilibre de critères : http://fr.news.yahoo.com/79/20110320/tfr-d-o-viennent-les-noms-des-oprations-ba15d4f.html. La France a préféré choisir un sous-nom pour sa propre intervention : Harmattan, qui est un vent sec et chaud africain. 

 

** Il va d'ailleurs falloir s'y habituer… Lorsque la Chine sera LA puissance du Conseil et qu'elle souhaitera faire intervenir l'ONU pour soutenir un dictateur… Je plaisante évidemment, mais à moitié seulement…

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