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Anti-chronique sur Tron

Publié le 22 mars 2011 par Zebrain

« Personnages peu caractérisés, film de studio formaté, pas d'innovation visuelle, scénario inconsistant, esthétique datée, ratage commercial... ». Les critiques négatives pleuvent sur Tron : Legacy, le film de Joseph Kosinski, scénarisé par Adam Horowitz, et mettant en scène Jeff Bridges, Bruce Boxleitner (déjà acteurs du premier Tron de Steven Lisberger), Garrett Hedlund et Olivia Wilde. Seule la bande originale, concoctée par le duo français Daft Punk semble faire exception. A dire vrai, et pour commencer par ce dernier point, je ne peux que souscrire aux compliments : c'est une authentique oeuvre qui ne se comprend qu'écoutée comme un tout, un opéra digital, disons. Une merveilleuse source d'inspiration, par ailleurs, qui m'accompagne dans la rédaction de cette anti-chronique.

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Anti-chronique ? Oui, car, je m'inscris en faux et entend ici défendre le film, non seulement en répondant aux critiques, mais en montrant, surtout, l'amplitude de ce qu'il apporte en termes purement science-fictionnels et qui le hisse bien au-dessus de Matrix, histoire de provoquer l'ire des lecteurs qui préfèrent le vert pisseux ou rouge lumineux ou au bleu électrique, et les kimonos infroissables aux disques à double couche. Car, non seulement Tron : l'Héritage remplit ses obligations de moyen (techniques comme narratifs, plutôt que financiers), mais aussi sa seule obligation de résultat (du point de vue science-fictionnel, je le précise). Pour autant, je ne considère pas le film comme destiné à devenir culte, sinon compris comme l'un des éléments de ce qui, derrière la licence commerciale, est surtout le témoignage du rapport d'une certaine génération à l'univers numérique, à l'utopie, et à l'accélération technologique qui sont aujourd'hui devenues, pour les moins de quinze ans, soit un fait, soit un impensé. Ah, avant d'aller plus loin, je précise que ce qui suit ne peut être compris, critiqué ou apprécié, que par ceux qui ont déjà vu le film et, idéalement, qui ont aussi vu le premier Tron, de Steve Lisberger. Les autres, passez votre chemin, vous allez vous emmerder, et m'en vouloir de faire du spoiling à outrance.

C'est dit. Commençons par nettoyer devant la porte en répondant à une première critique : Tron : Legacy n'innove pas, ni sur le plan des images ni sur celui de l'histoire, par rapport au premier film de Steven Lisberger. Nul ne saurait le contester, bien sûr. Ce n'est pas des combat à deux disques, en 3D, ou des motos numériques désormais capables de superbes paraboles aériennes qui y changeront quelque chose. Mais... Qu'est-ce qu'un film ? Une histoire en images, n'est-ce pas ? OK, quelle est l'histoire ici ? Le fils de Kevin Flynn revient dans l'univers binaire de Tron, quelques vingt années après la disparition de son père, parvient à le retrouver, après un passage par les jeux. Sam Flynn tente de convaincre son père de quitter le jeu, pour le soustraire à l'ire (fort compréhensible, on y reviendra dans un moment) d'un programme nommé CLU (Codified Likeness Utility 2.0) qu'il a lui-même conçu (après la destruction d'une première version) et qui est devenu une sorte de dictateur numérique en lieu et place du fameux MCP (Master Control Program) du premier film (rappelons que le concepteur Kevin Flynn avait combattu le MCP avec l'aide du programme rebelle TRON, conçu par son ami Alan Bradley). En somme, la lutte pour la libre circulation des programmes, pour la victoire des système d'exploitation « open source » a échoué dans le monde réel comme dans l'univers numérique (l'enjeu, on le notera, est parfaitement d'actualité). CLU 2.0, livré à lui-même après la fuite de son concepteur dans les « outlands » (qu'on pourrait joliment traduire par « friches »), a accompli la mission qui lui avait été fixée par Kevin Flynn (du moins, à sa façon, comme le lui rappelle son concepteur à la fin de Tron Legacy), en figeant le monde binaire de Tron dans ce qu'il considère comme « la perfection », l'équivalent numérique d'une utopie, sorte de République platonicienne idéelle dans laquelle chaque programme est à sa place et remplit sa fonction ; ainsi CLU a-t-il traqué et impitoyablement supprimé les ISO (Isomorphic Algorithms), une forme de vie « bionumérique » à génération spontanée qu'il a considérée comme des aberrations (des « bugs »), ou, plus probablement, comme un virus qui affectait la matrice et risquait d'en altérer la perfection. L'univers de Tron : Legacy, si vous m'avez bien suivi, d'un point de vue strictement narratif, n'est donc pas une évolution de celui de Tron. C'est le même. A tout prendre, ni la ville, ni les jeux, ni les programmes, tous acculturés à la domination d'un seul depuis des centaines de « millicycles » (NB = le temps s'écoule différemment à l'intérieur de la grille/GRID que dans le monde réel, comme le rappelle Kevin Flynn à son fils, lors de leurs retrouvailles), n'ont connu la moindre évolution fondamentale. Aucun nouveau jeu, aucun nouveau type de programme, aucun zone de la grille, ne peut être introduit/modifié sans l'accord de CLU. Ne pas tenir compte de cela à l'écran, aurait été une pure incohérence, un contresens. Esthétiquement et scénaristiquement. Mieux encore, TRON est devenu le bras armé du dictateur CLU selon une logique tout à fait binaire : être contre le MCP, c'était forcément être pour Kevin Flynn, donc, en son absence, pour le programme qu'il a créé). Le seul programme qui fait montre d'originalité, d'intelligence et d'adaptabilité, se prénomme CASTOR/ZUSE, et, sous l'apparence du gérant extraverti du End of Line, le bar lounge où Daft Punk en personne se produit pour « électrifier » l'ambiance, est encore l'un des agents les plus efficaces de CLU, selon un schéma narratif aussi classique qu'implacable : il identifie les déviants, les attire à lui, en feignant d'être un contre-pouvoir, pour mieux les supprimer ensuite. Répétons-le : le fait que l'univers de Tron : Legacy soit, à quelques détails près, le même que celui de Tron n'est pas le fruit d'un manque d'ambition du scénariste, ou d'une directive du studio en vue du développement d'une franchise commerciale. C'est un acte de cohérence narrative nécessaire pour permettre le maintien de ce qui fait la jouissance du spectateur comme l'implication du lecteur, en science-fiction : la « suspension d'incrédulité ». Rien de gratuit ne devrait intervenir dans le récit, et c'est le cas ici. Je loue, donc, à l'opposé des critiques plus incompétents qu'indélicats, la maîtrise technique du scénariste et du réalisateur, en termes de récit. Par ailleurs, j'ajoute que l'absence d'évolution de l'univers de Tron Legacy, fait écho à celle du système d'exploitation qu'ENCOM met en vente, à grand renforts de publicité, et qui ne se distingue des précédents que par son numéro. Ce qui établit une passerelle claire entre le monde binaire et le monde réel, entre lesquels, au vrai, rien ne saurait vraiment changer. La critique de la mondialisation néo-libérale, arc-boutée sur une consommation-réflexe, et l'illusion de la liberté citoyenne, noyée dans l'entertainment à outrance, est transparente.
Mais, attaquons le fond. En quoi Tron : Legacy est-il un film de science-fiction digne de ce nom ? Et pourquoi apporte-t-il quelque chose de spécifique, par rapport aux autres films traitant des univers informatiques et/ou virtuels ? D'abord parce qu'il aborde, sans prétention et avec une belle efficacité, la question de la singularité, sans complexité inutile, tout en proposant, au spectateur, une approche de la question qui assume pleinement sa dimension eschatologique, voire métaphysique, et montre bien qu'elle n'a rien de nouveau. Les ISO sont un « miracle », la création spontanée d'un peuple d'être bionumériques. Kevin Flynn en parle dans un court passage d'un lyrisme echevelé, et littéralement : il sont apparus comme « une flamme », venus de « nulle part » (même s'ils sont montrés comme venant de traverser les « outlands » et comparés à des « fleurs dans une friche »), vierges de toute expérience mais nantis d'une sagesse illimitée, susceptible de briser toutes les certitudes acquises par l'humanité sur l'ordre et l'harmonie. Selon Flynn, leur apparition était imprévisible, simple fruit des conditions, mais il les présente pourtant à son fils comme « son cadeau pour le monde », leur ADN numérique devant permettre de vaincre toutes les maladies, toutes les inégalités, toutes les souffrances. Le clin d'oeil aux thématiques de la Révélation, du Peuple Elu, et du Prophète, communes aux religions du Livre, est évident ; et terriblement cliché, au fond. Le mérite de film est bien de montrer que la thématique de la singularité n'est que l'une de modalités actuelles de la quête métaphysique de sens. Et la fin du film, lent voyage à bord d'un voilier solaire numérique qui pointe vers une lumière élevée qui semble inaccessible, et dont la beauté subjugue les personnages, qu'ils soient programmes ou concepteurs, ne fait que confirmer cette tonalité. Bien sûr, la science-fiction doit être spéculative et rationnelle, par essence. Mais force est de constater que Tron : Legacy vient conforter certaines analyses récentes et érudites sur la prédisposition du genre, littéraire ou cinématographique, au questionnement métaphysique.

Mais, à mes yeux, l'essentiel de la charge science-fictionnelle du film, n'est pas là, tant je dois rappeler, sans relancer un débat qui a déjà fait couler des litres d'encre électronique entre des auteurs bien plus brillants et cultivés que moi, que l'ambition première de la science-fiction est de nous parler de l'Homme, dans sa condition, dans sa finitude, et oui, dans ses aspirations. Mais, pour la SF, c'est l'Homme qui est la clef, pas Dieu. Et c'est bien l'Homme, ici, qui est la clef du film. Tron : Legacy nous montre que la nature virtuelle de l'univers diégétique n'emporte nullement une réinvention des rapports humains ; ce qui, à l'heure de la multiplication des réseaux sociaux où l'on s'enlace sur facebook et qu'on s'exprime par avatars interposés, est d'une pertinence trop rare. L'Homme reste l'Homme et ses préoccupations sont toujours les mêmes, en particulier la question de son identité, acquise par l'éducation, consolidée par les émotions, puis façonnée, cent fois, par l'expérience du réel, et enfin réduite à néant par la mort, ou l'effacement. Bref, en un mot, ce qui porte le film, c'est le rapport au Père, s'exprimant largement dans le double rapport entre Sam et Kevin Flynn, d'une part, et entre Kevin Flynn et son programme CLU, d'autre part. Il y a là deux leçons anthropologiques d'importance. Commençons par la plus facile : Sam représente le fils classique, jeune adulte en rupture de ban, et de dialogue, avec son père, à la fois trop pesant (fondateur d'ENCOM), trop absent (invisible depuis vingt ans), trop pris par son boulot (au sens littéral, ici). Sam et Kevin n'ont rien à se dire, ou n'arrivent à rien se dire (ils parlent de chiens, de motos, de Wi-Fi, et de cursus d'étude...) et ce qu'ils ressentent profondément s'exprime mal, ou par l'intermédiaire de ces banalités. Puis, il y a CLU, le fils idéal, le double trop parfait, celui qui veut, en tout point, ressembler à son père qu'il pense infaillible, puis, dans un second temps, se met à le haïr lorsqu'il prend conscience des failles de la personnalité de son créateur. CLU porte une large part de la dimension pathétique du film. Sa colère contre Flynn n'est que le masque de son désarroi. Il lui lance un cri d'amour trahi ; l'appel d'un fils qui désespère de la reconnaissance qu'il pense mériter : « J'ai tout fait. J'ai fait tout ce que tu m'as demandé » (ou, pourrait-on dire, enseigné). A ce titre, la scène où CLU se rend dans la retraite de Kevin Flynn et s'agenouille pour effleurer le coussin sur lequel médite son « père », et la crise de colère qui s'ensuit, à l'évocation de leur complicité enfuie, sont tout autant révélatrices de la douleur que lui cause cette incommunicabilité. Il est clair que Clu aime son père/créateur et qu'il a terriblement besoin de lui, au point de l'appeler dans la solitude de son absolutisme. Le conflit est la dernière solution qu'il a trouvé pour être avec Flynn. C'est précisément cette solitude qui marque le passage à l'âge adulte, c'est cette perte de sens qui caractérise toute prise de conscience de l'inexhaustibilité du réel et, par corrélation, de l'insuffisance des théories et des valeurs inculquées. Et Kevin Flynn, par amour, laisse son fils biologique (qu'il n'a pu éduquer) repartir vers une nouvelle vie, tandis qu'il étreint son fils numérique (qu'il a, littéralement, formaté), dans une accolade sacrificielle qui lui sera fatale. C'est une leçon morale, philosophique, sur le clonage et la filiation, qui n'ont rien de commun entre elles. Le double reste stérile, l'enfant qui grandit, lui, doit briser l'image parfaite qu'il a de son père. Or, ce n'est pas le moindre des atouts de la science-fiction que de toucher à la définition anthropologique de l'identité par l'intermédiaire d'êtres virtuels, des programmes tels que Tron ou Clu, qui ne sont autres que de simplifications. Mais, en bon film de science-fiction, Tron : Legacy interroge aussi l'accélération technologique et la manière dont elle est confisquée par les logiques commerciales. C'est la scène de début, dans laquelle, Sam Flynn orchestre la divulgation du code source de son système d'exploitation sur le réseau, confrontant, comme dans la presse spécialisée, l'Open Source, aux OS cryptés, comme ceux de Microsooft ou d'Apple. Bref, Tron Legacy ne s'intéresse à la science et aux innovations technologiques qu'autant qu'elles permettent d'interroger la nature profonde de l'Homme et les mécanismes d'organisation des sociétés qu'il choisit de façonner. Comme, précisément, la science-fiction, au sens le plus orthodoxe du terme, ni didactique à outrance, ni fantasque au-delà de la rationalité. L'humain est la clef et doit le rester. Ce film a le mérite de le montrer : on en ressort amusé, peut-être ébloui par les images, mais aussi avec, tout au fond de notre conscience, l'impression que, derrière les jeux de lumière, quelque chose a été réveillé. Et même s'il se rendort très vite, souvent dès le regard posé sur la première publicité (c'est sans doute pourquoi il n'y en a aucune dans la grille), il continue de vivre en nous, de s'agiter dans ses rêves. Cet enfant qui attend la prochaine chance de s'étonner, encore et encore.
Enfin, pourquoi est-il aussi, d'une certaine manière, un film générationnel ? C'est sans doute la question à laquelle il est le plus facile de répondre. S'il peut plaire à tout spectateur, ceux qui sont nés entre 1968 et 1978, et qui ont été un tant soit peu immergés dans les productions issues de l'Imaginaire américain, européen ou nippon, ne peuvent qu'être subjugués par les clins d'oeil, jouissifs et presqu'innombrables, voire les hommages émouvants, à la culture science-fictionnelle de cette époque. Tout y est, de Goldorak à Star Wars, en passant par Blade Runner. La fin du film, par exemple, lorsque Sam et Quorra roulent en Ducati sous le soleil, alors qu'on ne l'a jamais vu de tout le film, est un hommage à Blade Runner. Mais pas n'importe lequel : la version qui, longtemps, a été la seule disponible pour ma génération. Celle avec le happy end, où l'on vois, dans la scène finale, Deckard et Rachel, en voiture, rouler le long d'une forêt majestueuse, le soleil rayonnant entre les troncs d'arbre. Que cette version soit jugée meilleure ou moins pertinente que le director's cut qui a prévalu par la suite, cela ne change rien au fait qu'elle a marqué l'imaginaire de toute une génération. La mienne. Et la fin de Tron Legacy est un salut haut et clair au film de Ridley Scott. Et, j'en suis convaincu, il n'a rien d'involontaire. Plus tôt dans le film, lors de la dernière poursuite sur le chemin du portail, lorsque les Flynn père et fils et Quorra affrontent l'escadron volant de CLU, il y a un clin d'oeil à Star Wars et à Goldorak tout à fait transparent. Sam prend la tourelle et le mouvement tournant de son siège, pour s'y positionner, reproduit exactement celui du siège d'Actarus, lorsqu'il doit passer de la soucoupe au robot lui-même. Et, une fois à la tourelle, le mouvement circulaire de celle-ci et le fait que les canons se trouvent des deux côtés du viseur, ressemble plus qu'étrangement à la tourelle qu'occupe Luke Skywalker dans le Faucon Millénium, dans l'épisode IV de la saga Star Wars (A new hope) et qu'il doit abattre les chasseurs Tie de l'Empire. On pourrait ajouter, mais c'est trop facile, l'armée de CLU qui l'acclame tel un dictateur. Ce genre d'images dystopiques a été vu et revu des centaines de fois. Mais, c'est vrai, plus particulièrement dans Star Wars, nouvelle trilogie, centrée sur la production et l'utilisation, puis la subversion, d'une armée de clones. Et le hall flottant dans lequel la scène se passe, rappelle, sans véritable ambiguité, celui de l'Etoile de la Mort, lorsque l'empereur vient superviser la construction de l'Arme Ultime, dans le dernier épisode de la saga, Le retour du Jedi. Au vrai, les parallèles avec Star Wars sont si nombreux qu'ils sont, à eux seuls, la preuve de la profonde imprégnation générationnelle du film qui ne passe pas tant pas l'esthétique, pourtant très années quatre-vingt, c'est entendu, que par l'approche narrative. On est ici dans les grands discours politiques bien tranchés, typiques des années Reagan, et, il faut bien le dire, un peu schématiques : c'est l'harmonie de la liberté contre l'ordre totalitaire. L'harmonie que représente la philosophie taoïste de Kevin Flynn, et qui fait écho à celle de Jedi, chargés de conserver la balance de la Force, souvent se contentant de rester passifs. L'ordre que représente CLU, et qui fait écho à l'autoritarisme de Palpatine, qui entend préserver l'univers du chaos, à force d'agir sur le monde.

Il y aurait encore beaucoup à dire, mais je me contenterai de vous rappeler la technique discursive, très simple, de l'inversion. Elle consiste à considérer, juste le temps d'une lecture, l'imaginaire comme réel, et, en retour, le monde physique comme une simple extrapolation d'un réel qui serait inintelligible. Sans même convoquer Philip K. Dick, on peut le faire avec Tron : Legacy. Si vous regardez bien, l'univers binaire est terriblement réel. Les personnages n'y recherchent que deux choses : la pure jouissance du jeu dans l'insouciance, et la protection bienveillante d'un être suprême qui prendrait en charge tout le reste. Regardez bien autour de vous, parmi vos proches et vos amis, ou même les inconnus dont vous croisez le regard dans la rue, et admettez que, même parmi les plus athés, même parmi les plus tristes, vous ne trouverez personne, qui, avec sincérité, ose admettre qu'il ne cherche ni l'une ni l'autre. Derrière ce quotidien hanté de défis professionnels, de devis techniques, de soucis financiers, de disputes infondées, d'actes manqués, il y a toujours la douleur d'avoir perdu ce que nous avions enfants : l'émerveillement sans conséquence, la béatitude. Et l'Imaginaire est, de loin, le meilleur moyen, aussi insatisfaisant puisse-t-il, de l'effleurer à nouveau, le temps d'un film, d'une lecture, d'une suspension d'incrédulité. Come on, kiddo !

Ugo Bellagamba


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