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Cannabis: effets physiologiques, psychologiques et pratiques

Publié le 23 mars 2011 par Darouich1
Le cannabis, vente et consommation étant illégales, fait souvent l'objet d'une méconnaissance de ses effets, qu'ils soient physiologiques ou autres.

Herbe, Marijuana, cannabis, shit, etc.: tous ces termes recouvrent une quasi même réalité : le cannabis, transformé ou pas. L'illégalité de sa consommation (et plus encore de sa vente) donne la parole aux campagnes de prévention auprès des jeunes, ainsi qu'aux médecins. Pour sortir d'un listing très clinique ou très "propagandiste" concernant les effets de ces substances, il faudra vous rendre sur des forum ou des sites de témoignages. L'information grand public, si elle sert la cause des "antilégalisation" et de la prévention auprès des jeunes n'en reste pas moins parcellaire.

Le cannabis et ses dérivés

Il convient tout d'abord de revenir à ce qu'est cette substance: à l'origine, une plante dont les plans femelles uniquement sont "chargés" de THC (delta-9-tétrahydrocannabinol), molécule psychotrope. Sa consommation s'opère selon plusieurs modes : soit par combustion en le fumant mélangé ou non à du tabac (les fameux "joints"), soit dans des pipes et pipes à eau, soit encore par ingestion. Le mot cannabis est généralement associé à l'herbe, c'est à dire la plante, séchée soigneusement, dont on fume principalement les têtes qui concentrent les plus hautes doses de THC dans la plante. Le "shit" ou haschich est quant à lui la résine issue de la plante et se présente en pâte plus ou moins dure et friable.

L'herbe, considérée comme plus pure et plus "naturelle" est préférée pour son goût et ses effets (relatifs à la qualité de la plante), le shit étant quant à lui préféré pour son plus faible coût au poids.

Il est plus qu'intéressant d'apprendre que les babas-cool des années 1970 ne fumaient pas les même substances qu'en 2010... Alors que les taux de concentration en THC se situaient autour de 2% alors que la manipulation et les hybridations des souches portent actuellement ce taux entre 15 à 40%.

Les effets physiologiques immédiats du cannabis et ses dérivés

Fumer du cannabis, comme du tabac, a un effet quasi immédiat sur l'organisme. Si les effets sont variables selon les individus, certaines constantes existent cependant.

  • Détente, détente musculaire, relâchement pouvant aller jusqu'à la somnolence.
  • Affectation des capacités motrices : difficultés à se déplacer normalement, à saisir les objets, à avoir des gestes précis.
  • Désinhibition et rires plus ou moins spontanés. C'est l'imagerie la plus répandue ("les cigarettes qui font rire"). Elle peut s'accompagner d'une augmentation notable de la conversation du consommateur.
  • Changement de rapport au temps: selon les moments ou les consommateurs, 5 minutes peuvent en paraitre 50 ou une heure peut paraître avoir passé en 5 minutes.
  • Modification du "flux" de la pensée: l'esprit se laissant absorber par un détail, ou bien enchaînant les idées à grande vitesse sans lien entre elles.
  • Sensation physique de bien-être et d'apaisement.
  • Pseudo-hallucinations: c'est-à-dire la perception de formes, couleurs, sons, ou autres étant reconnues par le consommateur comme n'existant pas. On pourrait parler de pures hallucinations visuelles ou auditives ne correspondant pas à une perte de la notion de réalité.
  • Augmentation de l'appétit pouvant aller jusqu'aux véritables fringales.
  • Hyperesthésie c'est à dire l'amplification des sensations, tactiles, auditives, olfactives, qui peut s'avérer aussi agréable que gênante.

Cependant les effets listés ci-dessus, plutôt attrayants, ne sont pas les seuls possibles.

  • Perte de mémoire à très court terme: il peut s'avérer difficile de tenir une conversation suivie avec un fumeur de cannabis, qui peut même avoir oublié la dernière phrase prononcée!
  • Assèchement de toutes les muqueuses.
  • Difficultés d'élocution.
  • Augmentation du rythme cardiaque et augmentation de la pression artérielle.
  • Anxiété, légère panique, agitation.
  • Douleurs abdominales possibles.
  • Irritation des voies respiratoires, au-delà de celle provoquée par le tabac (3 fois plus de goudron, et 5 fois plus de monoxyde de carbone).
  • Phénomène dit "du bad trip".

Les circonstances de consommation de cannabis ainsi que l'état psychologique et physique du fumeur changent notablement les effets ressentis. Fumer seul ou en compagnie fera une différence sensible. Sans inter-action avec quelqu'un, le consommateur "seul dans sa tête" sera plus sujet à la somnolence ou à la focalisation de ses pensées sur des détails, voire à l'anxiété. De la même manière, consommer ces substances en étant déprimé ou au contraire "bien dans sa peau" modifiera quasi systématiquement l'expérience, la faisant basculer plutôt du côté des effets désagréables dans le premier cas, et du côté des effets plus agréables.

A noter: les effets durent en moyenne 4 heures (variable selon les doses consommées), mais peuvent affecter le consommateur jusqu'à 24 heures, d'où la nécessité d'une grande prudence au volant notamment.

Les effets physiologiques à long terme du cannabis et ses dérivés

Même si les études manquent cruellement sur le sujet, notamment concernant les consommateurs occasionnels, certains constats ont été fait par les chercheurs. Encore une fois, les études commandées le plus souvent par les pouvoirs publiques vont dans le sens des dégâts éventuels, sans se pencher sur d'éventuels bienfaits encore inconnus.

  • Fatigue générale, pouvant aller, selon la régularité et la quantité de la consommation, jusqu'à la perte de motivation (syndrome amotivationnel) pour toute chose. Cet effet pouvant conduire à une forme de dépression.
  • Chez les sujets psychologiquement, voire psychiatriquement fragiles, les crises de paranoïa ou les épisodes psychotiques sont à ne pas négliger.
  • Dépendance psychologique: le THC ne produit en effet pas de dépendance physique, la dépendance psychologique semble en revanche l'obstacle le plus notable à l'arrêt de l'utilisation du cannabis chez les gros consommateurs.
  • Toujours chez les gros consommateurs, les risques de cancer du poumon se trouvent démultipliés eu égard aux taux de goudrons évoqués.
  • Les troubles immunitaires et de fertilité parfois évoqués n'ont pour le moment pas été scientifiquement démontrés.

Anecdote: le THC est un substance liposoluble, qui s'accumule donc dans les graisses du corps. Certains sujets menant des régimes (le THC se libérant pendant la "fonte" des graisses) ressentent des effets dits "cannabitiques".

Cannabis et applications médicales

De nombreux pays ont intégré le cannabis à leur pharmacopée, dans des cas précis. Il se révèle d'abord un antidouleur puissant, pouvant suppléer ou remplacer la morphine chez certains patients. Utilisé dans le traitement de pathologies douloureuses, il l'est aussi dans le cadre du traitement des cancers, stimulant l'appétit et réduisant considérablement les nausées provoquées par la chimiothérapie. Ces utilisations sont alors encadrées par le corps médical et dosées en fonction des besoin du patient. La France ne mène pour le moment aucune démarche visant à intégrer le cannabis dans les soins médicaux.

Pourquoi consomme-t-on du cannabis: quelques réponses de consommateurs

Le parallèle avec l'alcool ou la cigarette est flagrant dans de nombreuses réponses. Les uns allument un joint comme on se sert un verre pour se détendre après le travail, les autres l'associent à des moments festifs ou à un plaisir proche de celui d'un verre de bon vin, d'autres encore déclarent s'en servir pour "se déconnecter" comme certains avec l'alcool.

L'âge de consommateurs est aussi un paramètre notable: un adolescent de 14 ans, souvent victime d'un "effet groupal", ne fumera pas pour les même raisons qu'un trentenaire ou plus. La jeunesse du consommateur semble par ailleurs faire pencher la balance vers les effets les plus néfastes de cette pratique.

Bilan

A toutes fins utiles, n'oublions pas que le cannabis et ses dérivés sont des substances illégales en France, et constitue un délit, un danger sur la route notamment et une économie parallèle dont cet article n'est pas le sujet.

Ses effets à court, moyen et long terme restent assez flous, faute d'études indépendantes et à charge autant qu'à décharge. Néanmoins, justement parce que le parallèle avec ce que l'on nomme "drogues légales" est pertinent et en particulier avec l'alcool, cela rappelle qu'en toute chose l'abus et l'excès ont leurs conséquences, et que, de la même façon que la consommation d'alcool et tabac n'est pas souhaitable pour un adolescent. Le cannabis peut constituer un problème grave lorsque les plus jeunes (et de plus en plus jeunes) commencent à en consommer. Ce à quoi s'ajoute, concernant les adolescents particulièrement, le coût des ces substances qui n'est à priori pas à leur portée…

Hors de la considération légale ou morale, concluons par cette maxime du poète Horace: "Il faut de la mesure en toute chose."



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