Hausse durable des prix ?

Grand battage médiatique autour de la hausse des produits alimentaires : farine, café, huile, biscuits, beurre, pâtes, pain. L’augmentation des prix se situerait entre 3 et 20%. Explication des distributeurs : les produits céréaliers et laitiers, matières premières, sont eux-mêmes en hausse, et les coûts de transport et de conservation souffrent du prix de l’énergie.

(Illustration René Le Honzec)

Il faudrait pourtant pondérer ce pessimisme en se rappelant d’une part que l’alimentation ne représente en moyenne que 14% du budget des ménages français, et que certains produits alimentaires sont plutôt stables. Si les familles françaises ont du mal à boucler leurs fins de mois, c’est davantage dû aux coûts afférents au logement (loyers et charges), à leur endettement, et surtout à la facture fiscale, notamment les impôts locaux et la taxe sur les carburants.

Pour autant, peut-on prédire que la flambée des prix va s’éteindre prochainement ? Il existe en réalité un vrai motif d’inquiétude, qui est celui d’une inflation ouverte. Une hausse des prix de certains produits, une fois enregistrée, n’est pas de nature à se poursuivre. Elle entraîne en général des réajustements dans la gestion des budgets familiaux : on sacrifie des vacances, on retarde le changement de la voiture ou d’autres équipements, etc. Mais l’inflation, la vraie, ne s’arrête jamais, pour une raison simple : c’est la monnaie qui perd chaque jour de sa valeur. Il faut donc plus de monnaie pour se procurer le même produit, et cela concerne n’importe quelle transaction pour n’importe quel bien ou service.

L’euro s’affaiblit déjà et pourrait s’affaiblir davantage. La raison en est l’émission inconsidérée de la monnaie européenne en contre partie de l’octroi de crédits à des emprunteurs de moins en moins solvables : de l’argent, beaucoup d’argent, pour éviter la faillite des banquiers, des entreprises, mais plus encore des États.

Tel est l’enjeu des prochains mois : va-t-on continuer dans la même voie et pratiquer une politique « d’argent facile » ou les États vont-ils faire les efforts nécessaires pour limiter leurs dépenses et résorber leurs dettes ? Si l’indispensable rigueur n’est pas admise par les gouvernements ou les populations, l’inflation pourrait en Europe et ailleurs s’installer durablement. Les dégâts pour le pouvoir d’achat seraient autrement pires que ceux des deux euros de plus sur la bouteille d’huile.