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Chronique du WE : jouons ensemble

Publié le 10 avril 2011 par Brokenbird @JournalDuGeek

Le beau temps qui règne sur la France et vous donne de fortes pulsions de week end… Et me donne personnellement de fortes pulsions de jeu vidéo, le genre 110% : en mode nuit blanche, en mode dosage extensif, en mode avec un maximum de potes. Ces week ends que nous avons tous connu, mais qui tendent à disparaître. Le coupable ? Les coupables, plutôt : technologie, culture, usages.

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La DreamHack en suède, un des plus grands rassemblements LAN au monde.

Alors, est-ce la fin des LANs et autres week ends gaming ? Réponse dans la suite (que vous lirez en short, dans un parc)

Je suis passé à la DS in Paris hier soir. 200e édition de ces gamers acharnés comme du Dimanche qui se réunissent dehors, dedans, où ils peuvent, tant qu’ils peuvent se mettre joyeusement dessus sur les inoxydales Mario Kart, Tetris et autres Entraînement Cérébral.

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//200, DES HAUTS, DES BAS

Le premier étage du Quigley’s Point (bar central de Paris, point de rendez-vous traditionnel de ces soirées) était bondé de monde. J’étais étonné. Lorsque j’allais aux premières éditions il y a 4-5 ans de cela, nous culminions à 40, 50 personnes. Et puis les organisateurs d’origine (mais si, vous les connaissez : 1, 2, 3) n’ont plus eu le temps, passé le relai, pas mal d’anciens ont arrêté, moi le premier bref, je pensais ce genre de réunions un peu fâné…
Grosse et excellente surprise de voir tant de monde ce soir, presque 5 ans après la création des « DSiP ». CaliKen, un des admins actuels, me calme cependant : « on était plutôt aux alentours de 10 ces dernières éditions. Si c’est blindé ce soir, c’est parce que là c’est la 200e, tout le monde en a parlé, que Nintendo France a fait un communiqué, qu’il y a la 3DS »

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DS in Paris #2, on vous épargne les hurlements à base de carapace bleue…

Ah, tout de même, je suis rassuré : les rassemblements physiques autour du jeux vidéo sont bien en baisse, ces derniers temps. (ouais, je préfère avoir raison que de voir un évènement en bonne santé)
Ne me faîtes cependant pas dire ce que je n’ai pas dit. Enfin, pas sérieusement. J’aime les jeux vidéo et encore plus les réunions qui vont avec : squat avec un pote, soirée entre amis, grosses LANs etc. C’est une chose naturelle (cf. mon guide de défense du jeu vidéo) que la dimension social de cette culture. J’ai moi-même été extrêmement impliqué et actif, en participant, en organisant, travaillant pour des LANs, en créant des soirées Street Fighter etc. Mais j’ai l’impression ces derniers temps que oui, les gens se rassemblent moins.
Des amis qui organisent de grosses LANs (plus de 300 personnes) ont vu leur fréquentation stagner ou chuter, les ligues de type PES League sont moribondes (bon, le jeu n’aide pas trop) et il n’y a que la renaissance de la scène versus fighting qui, à son échelle, a relancé des tournois et rencontres IRL.

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//URL > IRL

Si l’on regarde l’évolution des technologies et des usages, cela semble soudain assez logique et inéluctable: Déjà à l’époque des salles de jeu en réseau, les gérants se savaient en sursis constant et grandissant, alors que haut débit et l’illimité allaient drastiquement baisser coûts et « pings » et ainsi rendre les gamers bien plus sédentaires. L’époque des kids passant plusieurs nuits blanches par semaine dans les salles car leur facture 56k avait rendu leur parents furieux est donc bien révolue. Les LANs gardaient cependant l’attrait du grand rassemblement exceptionnel, là où les clans pouvaient enfin se rencontrer, se défier.

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Les fameuses salles de jeu en réseau omniprésentes en Corée : les PC Bang. En France, combien de salles sont encore ouvertes ? (image Millenium)

La technologie ne faisait donc pas tout. Mais les services online moderne, presques. Car l’une des limites du net par rapport au « vrai », c’était la limitation de l’expérience sociale. Les jeux n’offraient guère plus qu’un chat pour communiquer et IRC restait au final la pierre centrale pour communiquer. Et puis, les offres ont évolué, se sont enrichies. Avec des services centralisés comme Steam, Battle Net ou le XBox Live, il devient facile et convivial de communiquer, fédérer, organiser, inviter ses amis dans une session de jeu. L’absence de sociabilisation physique est donc amoindrie, à mesure que la « culture online » s’enrichit, se perfectionne et devient par la force des choses la norme.

Car si dans le passé, l’ensemble des plate-formes online étaient destinés à casser la distance et l’absence physique, à y pallier au maximum, force est de constater qu’elles ont dépassé leur rôle d’origine. Si le rassemblement reste un must, on peut désormais passer des soirées tout à fait pleines en émotions et interactions sociales sur un gros raid de World of Warcraft, une session Endless Battle sur Super Street Fighter IV ou collectionner de l’achievement sur Modern Warfare avec des amis via le Live.

Et aujourd’hui, un nombre croissant de gamers commence leur expérience multijoueur par ce biais : le online est leur référent. Je ne cherche évidemment pas du tout à « rabaisser » cette culture, mais a synthétiser une tendance paradoxale dans son intitulé : à mesure que le gaming devient social, il s’éloigne de plus en plus du rassemblement au sens classique du terme.

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//CULTURE CONSOLE, CULTURE CANAP’

Le dernier facteur viendra de la culture console, clairement dominante aujourd’hui. Et la culture console, elle se joue dans le salon. Le sien, celui des autres, mais rarement ailleurs, comme un gymnase rempli de gamers, par exemple. Alors que le PC est associé à la culture des LAN Parties, les consoleux n’ont jamais vraiment bougé leur pad et leur console. Et rares, très rares sont les grandes LAN exclusivement consoles, hors des Etats-Unis où Halo a longtemps tenu une communauté massive et compétitive.

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Génération XBox Live, l’excellent service online qui nous garde au chaud chez nous…

Pour enfoncer le clou, on peut aujourd’hui résumer le jeu multi sur PC à une poignée d’éditeurs et pour extrapoler, Blizzard et Valve, les FPS et les RTS. Il semble que les grands rassemblements restent intimement liés à ce marché qui continue de tourner, mais devient clairement une niche en vue de l’évolution du marché. Le style de jeu reste le même, le public aussi.

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//TU VIENS PLUS AUX SOIREES !

Du coup, j’ai fait un peu le tour des évènements de jeu vidéo. Pas les salons, mais les évènements où l’on vient « doser » un week end entier. Les principaux. De par le monde, les gros sont toujours là : Gathering (moins gaming), MLG, Dreamhack, EVO et consorts, soutenus par moult évènement plus locaux mais toujours actifs : Stunfest, Gamer Assembly, Bushido Impact, Bargaming, DS in Paris… Il y a de l’activité, mais pas forcément de changement.

Car ces évènements font face à deux limites : ils ne grandissent pas et/car ils ne touchent qu’une frange « hardcore » des gamers. Si le jeu vidéo à évolué vers le grand public, aller en LAN ou dans une soirée jeu vidéo hors de son cercle d’amis reste toujours aussi « marginal ».

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//ENSEMBLE, MAIS PAS TROP

Au final, le jeu vidéo au sens grand public bouge vers plus de multijoueur à petite échelle : party games à 4, online avec quelques amis. On morcèle un média collectivement modéré et l’essor dans la première moitié des années 2000 des LANs n’aura été qu’une étape structurelle, en attendant la mise en place et la généralisation du online.
Je reste évidemment un fan de LANs et ces dernières continueront de s’organiser, mais je comprends désormais que mes illusions de gamers d’il y a quelques années de voir cette pratique se généraliser se basaient sur des prédictions naïves et un poil utopistes (je pensais aussi que les pro gamers exploseraient en France…).

Le gamer comme le geek (puisque nous sommes souvent les deux à la fois) est une personne hautement sociale. J’ai rencontré des personnes qui sont aujourd’hui des amis proches via LAN, DS in Paris et autres soirées Street Fighter.
Mais la pratique du jeu vidéo se doit de devenir confortable, accomodante, légère. Les logistiques de type j’emporte mes kilos de matos PC ou même juste mon stick/pad favori pour aller jouer 72 heures d’affilée et parfois loin de chez moi ne séduiront jamais plus qu’une frange des gamers qui ont placé le jeu vidéo comme un élément central de leur vie sociale comme culturelle. Nous jouerons donc plus que jamais, un peu partout, connectés, avec d’autres, mais moins tous ensemble…

EVO 2010 from richhhard on Vimeo.

Un grand rassemblement du versus : l’EVO 2010
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//BONUS : ET SI…

En tout cas au JDG, nous jouons régulièrement ensemble, nous avons même monté des PC pour cela et nous organisons des soirées gaming au bureau, déjà quelques petites LANs… Pour garder la flamme et mais aussi par pur plaisir.

Et je terminerai cette chronique donc par une petite requête: Avec la rédaction, nous parlons souvent d’organiser une grosse « JDG LAN » un jour. Avec vous, les lecteurs. Masse de PC, de consoles, un énorme week end bien roots et plein de cris, de joyeux jurons, de rencontres et d’apéro d’après (death)match. En rigolant, parce que bon, organiser une LAN, dans cette époque où les gens bougent moins, ce n’est pas gagné… Sauf si vous êtes assez motivés !
Je compte donc sur vous pour contredire cette chronique et soutenir une idée d’énorme LAN entre nous : un gros rassemblement comme les gamers en ont bien plus besoin qu’ils ne le pensent ? Go !

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“Les Chroniques du Week End sont des réflexions de Lâm Hua sur la culture et l’industrie geek. Elles engagent les opinions de leur auteur et pas nécessairement celles de l’ensemble de la rédaction du JDG.

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Vos meilleurs commentaires et suggestions : à vous de jouer !


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