Magazine Journal intime

La Lézarde

Par Eric Mccomber
Le milan noir
milvus migrans
posé
du zénith
jacasse
au balcon
n'habite rien
il siffle en trémolos
n'habite que bronches
et poitrine

oublie
les lézardes
et fissures
craques
gouffres
Igrieta
Igrieta
Igrieta
La Lézarde
paisse
aux rayons
dans son tissu
azur
nudité
en pâture
tiburon de playa
la fracture
ta crevasse
offre
au grizzli
son huile
de chatte
de ce jour
retire de sa bouche
la langueur
étends
le palais
de tes trésors
sous les nuages
de Trinidad
laisse le
plantigrade
à sa fin
laisse le
choir
sous les crosses
des hommes gris
laisse le
mordre
seul
les coupe-marguerites
de leurs aciers
déchiquetés
laisse
seul
dans la fosse
laisse
marcher
le soleil
laisse
cuire
embrasse
le plus
sec des fantômes
et offre
les myriades
à l'homme gris
regarde
le pelage
pelé
de l'ancien roi
de l'ancien toi
daigne poser
sur lui
tes prunelles
glacées
cinq
cinq fois
cinq fois la Terre
autour de l'astre
une mèche
de cheveux
d'or
une plaie
une paie
de cinq
au bidonville
viens
courageuse
cette fois
il a sombré
une fois
de plus
il avait
la sérénité
des grands brûlés
dans sa besace
rien qu'admiration
les joueurs savent
que le hasard
n'est pas la chance
ils sont légion
à s'y jeter
rêve
univers
sel
sale
solde
démarque
dégriffe
wild west
fantasme
global
exterminatoire
triomphe
sans jouissance
et péril
sans gloire
désir
de chaux
sur la fosse
lugubre
des Apaches
des Séminoles
des Sioux
de l'homme nu
et de la femme mobile
comme tous
le savent si bien
l'homme en croix
et la femme à la gatling
regarde bien
le sacré-cœur
regarde le bien
regarde bien
éclater
la baudruche
regarde
pose les yeux là
regarde-ça
Igrieta
Igrieta
sur la fosse
chaux
brûlante
sur formes
froides
Igrieta
la route
est crevassée
et Trinidad
est une perle
mais
tu fais oublier
la prière
aux anges
Igrieta
à dieu
les mensonges
Igrieta
tu ne viendras
plus
Igrieta
au plus profond
de la mer verte
garde la clé
comme s'il
habitait
garde la carte
d'une route
emportée
glissements
fissures
craques
le jour
s'engouffre
par les larmes
dandinantes
et blanches
de l'aube
le phare
au bout
de la péninsule
donne son nom
au village
le phare
de la
lune
au diable
Igrieta
au temps
mens encore
mens un peu
ouvre ta magnifique
rose crevasse
mens encore
cruelle fissure
conserve
la clé idiote
précieusement
la clé
du vent
la clé
des sables
précieusement
oublie
les plaines
et les vallons
des draps froissés
Igrieta
oublie
ce qui
reste
quand tout
a disparu
oublie
Vienne
et les épaules
oublie
les chandeliers
les éclusiers
oublie
les peupliers
le palais des glaces
le Danube
les yukuleles
les trompettes
improbables
du crépuscule
les platanes
et les cent clochers
oublie
les étendues
du Nunavut
et les nus
du Sahara
oublie
entre tes petits poings crispés
dans ta petite prison glacée
les banian
les saules
les ruisseaux
le blues
le jazz
le razzmataz
les tableaux
les valses
les songos
la Plaza de la Catedral
la Bieha ciudad
et Malecon
oublie
entre les lignes
de ta petite main
et les marges
de ta grande plume
oublie
au matin
ta chevelure
libre
sur le sable
sculpture
solaire
À dieu
Igrieta
adieux
atroces
sinistres
glauques
lugubres
la chaux
bouillante
sur les
yeux
vitreux
glacés
la fosse
fausse
crevasse
lézarde
à la poussière
soleil
et tout autour
les hommes gris
les opportuns
triomphateurs
déjà pendus
par le feu
et par l'eau
dans le mois de mai
décomposés
les hommes gris
suppôts du ciment
et de la plaie
serviteurs
de la cicatrice
esclaves
de l'esclavage
nés-enchaînés
réengendrants
les appels
les ordres
les imprécations
laconiques
mécaniques
distordues
hideuses
acides
appels
aux chaînes
des bambins
bouclés
courant pieds nus
les hommes gris
serrent à leur cou
les constrictions
qui coulent
à l'aube grise
des cités grises
reptiles
venimeux
au café gris
aux lampes jaunes
des avenues grises
lézardes
entre les barreaux
pré-pendus
les hommes gris
zèbres
et danseuses
en rangs d'oignons
nourriront
les mâchoires
puantes
et rouillées
en tout dernier
qu'il tombe aussi
que les morts
errants
pour le voir
et les âmes
tordues
des geoliers dacoïts
et les brumes aveugles
des gollems écartelés
pour le voir
choir
dans sa fosse
sa propre fosse
la fente
se referme
sur lui
la gueule
sans crocs
mastique
longuement
sans le briser
mais il
est
déjà
gris
*
dans le canyon
la pluie
fraîche
tombe
enfin
l'huile du ciel
tapote au clavier
des nénuphars
l'argent
et les doigts d'or
strient l'éclaircie
de traits
liquides
la fosse s'emplit
de vie
grouillante
fouillante
fangeuse
le gris
du siècle
stérile
moisit enfin
et des
vénéneux
stachybotrys
renaissent
les spores
qui colonisent
de vert
et de brun
les murs
clôtures
déserts
enserrent
les barbelés
oxydent
les miradors
rendent
la cellulose
aux marais
et de la lézarde
les tambours
émergent
un jour
les peaux
tannées
et tendues
des enfants
nus
et de la lézarde
glissent
les outres
gavées
d'étoiles
les jattes
de fruits
et les boucles
de gui
les tresses
de fleurs
sauvages
Igrieta
Igrieta
Igrieta
Igrieta
Évade-toi
—© Éric McComber

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