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Biya, l'antiheros

Publié le 15 avril 2011 par Politikos

La présidentielle camerounaise est un scrutin uninominal à un tour. C’est-à-dire que Paul Biya peut être réélu président de la république avec seulement 5% de suffrages exprimés en sa faveur. Si sa centaine d’opposants réunit et se partage les 95% restants, cela ne portera pas à conséquence, tant qu’aucun concurrent n’a 5,01%, il peut dormir sur ses deux oreilles. Le RDPC, quoi qu’on en pense, est la machine politique la plus performante au Cameroun, le parti politique qui détient le socle électoral le plus sûr, alors si Biya devait encore vivre 50 ans, avec ce système, sans avoir besoin de tricher, pendant 14 ans il gagnerait, et ce serait démocratie.

Les opposants se morfondent depuis des mois sur ELECAM. Plus précisément sur l’indépendance des cadres issus du RDPC. Paul Biya leur donne des postes et siphonne ELECAM de ce qu’elle avait de pouvoirs pour les transférer à la Cour suprême siégeant en lieu et place du conseil constitutionnel. Désormais ELECAM ne pourra plus proclamer les tendances (leçons de la crise ivoirienne). Ce qui me frappe c’est la sérénité de Biya, il veut une chose, il la fait. Veut-il lever les verrous de la limitation des mandats, il y va franco, sans porter de gants ! Et ne prend même pas la peine au passage de ramener le septennat au quinquennat. Dans l’exposé des motifs des textes qui avaient servi de base à l’adoption du système de septennat, il était dit que compte tenu de la limitation de ces mandats-là, il fallait donner un septennat au président de la république pour lui permettre de mener à bien ses programmes sociaux et économiques. Une fois le verrou levé, que n’a-t-on pas ramené à cinq ans le mandat présidentiel ? Et à quatre ans le mandat de nos députés ?

Voilà des questions qu’une opposition véritablement soucieuse de conquérir le pouvoir aurait du poser. Pourquoi la Cour suprême continue-t-elle de siéger alors que la Constitution prévoit l’existence d’un Conseil constitutionnel ? Tant que le président ne décrète pas sa création, l’opposition ne se plaint de rien, tant qu’il ne décide pas d’instituer des élections à deux tours, ils ne remarquent rien… j’en déduis que Paul Biya est d’une intelligence politique à nulle autre pareille et comme ses rivaux politiques ne sont bons qu’à lui emboîter le pas, il n’y a aucune raison de voter pour eux. Les opposants seraient bien naïfs de fantasmer sur un scénario à l’ivoirienne. Gbagbo a commis plusieurs erreurs (gaffes) politiques. Il avait de l’argent mais a accepté que les institutions organisent et supervisent les élections. La rébellion le menaçait-elle, il acceptait le soutien des forces françaises. Biya lui ne ferait jamais pareilles erreurs. La communauté internationale est invitée en tant qu’observateur, un point c’est tout. Si l’ONU veut financer, c’est à nos conditions pas aux leurs, alors les urnes transparents qu’ils envoient, les moyens logistiques, tout cela ne lie pas le gouvernement du Cameroun.

Seulement il y a une précaution mais alors inutile dans la constitution. Avec tous les juristes de haut vol dont Paul Biya s’est entouré, comment a-t-on pu essayer de le faire croire que l’immunité inscrite dans la constitution vis-à-vis des crimes commis par un président pouvait avoir une conséquence juridique à long terme. Ce qu’ils ont fait le premier président à lui succéder pourra le défaire ou plus intelligemment saisir cette fameuse CPI. Le seul effet d’une telle précaution est d’envoyer de mauvais signaux au peuple.

Monsieur Biya est un homme politique hors du commun, nous n’en aurons plus d’autres, son parcours est extraordinaire et dans deux cents ans, on parlera encore de lui. Tant qu’Antoine Ntsimi ne se présente pas contre lui, je voterai pour lui et appellerai à voter pour lui, parce qu’en face, je ne vois que des candidats que je dois diriger pas ceux qui peuvent me diriger ni à fortiori présider aux destinées du Cameroun.


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