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Darwin c’est tout bête!

Publié le 18 avril 2011 par Magazinenagg
Revue de livre par Louise Labrecque
Charles Darwin avec ses publications sur la sélection naturelle et ses travaux sur l'origine des espèces fut faussement accusé d'antisémitisme, ce qui relève d'une véritable imposture intellectuelle. J'aime beaucoup Darwin et je le propose souvent comme référence à mes élèves.
DARWIN: C'est tout bête ?
La sélection naturelle, l’adaptation au milieu, l’évolution des espèces, et quoi d’autres encore ? Ah oui : les histoires de fous aux Galapagos, les singes qui parlent (on en connaît tous !), l’architecture de l’embryon, les fleurs musicales, les hirondelles de Tchernobyl, et les batailles de mouches, constituent quelques exemples figurant au palmarès de ce livre extraordinaire : C’est tout bête, et relatant, avec un humour imparable, la vie du naturaliste et célèbre scientifique, Charles Darwin. L’auteur, Marc Giraud, a frappé dans le mille, en proposant aux néophytes en la matière, toute la rigueur de l’activité cérébrale de Darwin, mais sous une forme ludique particulière, où l’interrogation se dresse de tous bords, tous côtés.
Je conseille vivement ce livre à tous : il s’agit d’un ouvrage fort instructif et réjouissant, truffé de mille anecdotes sur la vie de Charles Darwin et ses travaux. En effet, impossible de résister à un livre pareil, tant tout y est intelligent, lumineux, cohérent, savoureux ! On imagine souvent Darwin comme un être austère, un peu fou, coupé du monde, et avec un caractère de chien. Or, il n’en est rien : Darwin était un tendre, un doux, un passionné, un être d’une extrême sensibilité, à la larme facile, et rempli de bonté et d’amour pour tout ce qui l’entourait ! Il avait également un humour communicatif, doublé d’un esprit scientifique rigoureux, pointilleux sur les détails, en somme, des caractéristiques ayant fait de lui un génie universel. Ce livre, en plus d’explorer la théorie darwinienne, propose de dépasser les préjugés visant à figer la pensée d’un seul homme, tel un gourou dogmatique, pour chercher les contradictions - et les richesses- de la théorie initiale. En effet, le darwinisme a dépassé Darwin; ainsi l’expression des gènes est passé au peigne fin dans ce livre captivant. Aussi, au fur et à la mesure de notre lecture, nous prenons concrètement conscience de l’importance à défendre courageusement la mémoire de Charles Darwin et de ses héritiers, à l’heure où les fondamentalistes religieux, fort nombreux, s’en prennent à lui afin de le caricaturer grossièrement, déformer ses propos, le ridiculiser, et le trahir lâchement. Pour se faire, son génie a été trainé dans la boue, qualifié blasphématoire par les créationnistes, ne pouvant supporter l’hypothèse que l’homme n’est pas LA création de Dieu. De ce fait, la théorie de Darwin n’est plus au programme dans les écoles et son enseignement, qui faisait figure d’autorité dans le monde de l’éducation, ne va plus de soi. De toutes manières, au dépend de l’orgueil crasse des hommes et de la bête,- ironie sois disant bien fondée-, Darwin a choisi son camp : les bêtes ! Ainsi, sous un rapport objectal extrêmement ténu, il reste un fil d’humeur : son amour pour les animaux, lesquels le lui rendent bien, en lui permettant, en attendant de devenir célèbre, de s’amuser follement de ses observations, qu’il note dans son journal personnel. Ainsi, il jouait du piano pour des vers de terre, afin d’observer leurs réactions, il découvre également des fossiles spectaculaires, qui furent des éléments-clés de sa renommé naissante. De plus, il va jusqu’à mettre un scarabée dans sa bouche, lequel lui brûle immédiatement la langue, en expulsant des substances chimiques, par mécanisme de défense. En somme, l’originalité de ses observations laisse sans voix, tant il va loin dans l’expérimentation. Ainsi, on comprend parfaitement que la loi du plus fort n’est pas toujours la meilleure. De la même manière, il est d’une évidence cartésienne que le sexe constitue le moteur de l’évolution. En effet, la sexualité, cette machine « à faire du différent », donnerait un avantage dans la lutte pour la vie. Dans ce même raisonnement, elle ne mérite pas le nom de reproduction, parce qu’au contraire, chaque être né de deux parents est entièrement nouveau et original. Aussi, des comportements homosexuels ont été recensés chez quatre cent cinquante espèces animales différentes, dont trois cents de mammifères et d’oiseaux. De plus, certains animaux sont bisexuels et multisexuels, dont l’exemple le plus célèbre demeure les bonobos. En somme, les animaux homos perturbent la théorie de Darwin, et il a fallu attendre jusqu’à 1999 pour que des chercheurs signent de nouvelles conclusions. Finalement, dans l’expression des comportements, on comprend que la science de Darwin est toute faite de mouvement et de vie. Les animaux s’expriment, de même que les végétaux, et cela est fascinant. Moins connu que L’Origine des espèces, mais fabuleusement innovant pour son époque, Darwin signa un livre : L’Expression des émotions chez l’homme et chez les animaux/The Expression of the emotions in man and animals, dont le contenu fait littéralement hisser les cheveux sur la tête, lequel exemple renvoie à la troublante animalité de l’homme.
Bref, dépasser la loi de la jungle, c’est la capacité pour l’homme de sortir de ses affects, pour entrer de plain-pied dans la raison. Si on aime les droits et libertés, il faut sortir de la loi de la jungle, afin de permettre à la diversité humaine de cohabiter de façon pacifique. Certes, la barbarie n'est jamais bien loin, à chercher à pénétrer, à défoncer les portes, mais nous sommes des êtres humains, et ce qui est le propre de l'Homme n'ignore pas le jour exceptionnel où s'opérera la symbiose entre tous les peuples de la Terre. En effet, aussi anarchique soit notre organisation sociale et cosmogonique, nous sommes obligés de prendre conscience de l'importance d'un échange constructif avec autrui, non seulement de civilité, mais pour la sauvegarde de la civilisation, à plus long terme. Tous les animaux vivent dans les affects, dans un mode “action/réaction”, sans Histoire, ainsi que l'étaient jadis quelques peuplades primitives.
Bref, travail de vulgarisation scientifique remarquable, ce livre : Darwin c’est tout bête !, de Marc Giraud, mérite une place de choix dans les bibliothèques, tant personnelles et scolaires.
GIRAUD, Marc, Darwin c’est tout bête!, Éditions Robert Laffont, France, 344 pages.

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