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Nolwenn Leroy et le jacobinisme parisien

Publié le 19 avril 2011 par Xylophon

Nolwenn Leroy a sorti un album de chanson celtiques et bretonnantes entre reprise de chansons popularisées dans les années 70 et textes inédits composés par Christophe Miossec et Didier Squiban.

Sans être l'album de l'année, ce que d'ailleurs ne revendique pas la chanteuse, ce disque est plutôt bien fait: la voix est belle et les arrangements sont plutôt plaisants.

Cependant, malheur pour elle, le disque a bien marché et comme souvent en France, le succès dérange.

Un journaliste du Nouvel Observateur Fabrice Pliskin, ami de la bien pensance, a voulu dénoncer par la sortie de cet album « une fin de non-recevoir à l'expérience jacobine ». Finalement c'est lui même qui est venu nous donner un cours de jacobinisme parisien.

Nolwenn Leroy ne porte aucun drapeau, aucun étendard: chanter en breton ne veut pas forcement épouser la cause régionaliste, défendre « un terroir »,ou dénoncer le centralisme républicain.

C'est pourtant l'angle choisi par le journaliste pour résumer ce disque: formulations ambiguës, jeux de mots et provocations gratuites semblent venir s'ajouter les unes après les autres comme une caricature de ce que le journalisme peut faire de pire.

Fabrice Pliskin évoque tout d'abord la coiffe le Nolwenn Leroy comme preuve de sa revendication identitaire: « un fichu qui se porte mieux dans l'opinion public que celui de Diam's ».

Puis nous avons le droit, au chantre de l'Action Française de Charles Maurras avec
« Nolwenn Leroy, droite dans ses sabots, s'enivre de cadastre, d'ancrage et de toponymie: «Qui voit Ouessant voit son sang.»  Gâtisme hors sol contre saga britannica. Son disque subjugue. N'est-il pas très comme il faut et propre à incarner «l'image de la France rurale, l'image de la France des terroirs et des territoires», comme dirait dans son style maurrassien le député UMP Christian Jacob? » »

Là où le journaliste devrait voir «Ouessant voit son sang » comme un semble dicton sur la dangerosité insulaire, Fabrice Pliskin y voit donc une diatribe exaltée pour la revendication génétique bretonne.

Pour finir en conclusion, l'auteur a invité Renan comme caution intellectuelle de son article pour définir « le breton », avec des citations qui laissent dubitatifs.

A vouloir dénoncer ce prosélytisme régionaliste, l'auteur ne fait que renforcer pour moi le clivage Paris/ Bretagne. Les clichés c'est lui qui les amène et qui les revendique.

La Bretagne, je pense, elle, ne revendique pas un sanctuaire ni l'envie de vivre dans le cloisonnement identitaire. Les gens qui y vivent généralement ne prônent pas loin plus le droit du sang et la traçabilité génétique pour donner à qui de droit des labels de bretonnitudes.

Mais c'est pourtant cette image qui souvent donnée de la Bretagne dans les médias par des journalistes qui semblent assez mal connaître la France en dehors des limites du périphérique parisien.

La Bretagne, ce n'est pas que le granit,des plages, de la bruyère et des ajoncs c'est aussi des villes universitaires et des centres de recherches.

Et si le journaliste avait écouté l'album au delà de ses idées préconçues, il aurait vu dans « je ne serais jamais ta parisienne », autre chose qu'une chanson « contre la ville lumière ».

J'aime Paris, pourtant je ressens à chaque fois que je retourne en Bretagne, que je me promène près de la mer un sentiment de liberté que je n'aurai jamais en région parisienne et là encore il ne s'agit pas forcement d'être née en Bretagne.

Pour moi, si ce disque n'est pas encore une fois indispensable, il a le mérite d'être assez éclectique pour que ma génération puisse découvrir des chanteurs comme Jean-Michel Caradec, et faire venir également tout un public vers Christophe Miossec et Didier Squiban.

La lettre de réponse du journaliste en question qui fait suite au droit de réponse de Nolwenn Leroy est assez révélatrice de la malhonnête intellectuelle de Fabrice Pliskin.

Après avoir écrit un article aussi nauséeux, la moindre des choses aurait été d'assumer ce qui avait été déversé. L'auteur s'en tire avec un tour de passe de passe

« Rappelons enfin quelques évidences touristiques. Qui ne sait que la Bretagne est le plus beau pays de France (après l’Auvergne et la Corse, bien sûr)? Brûler d’amour pour la plage de Trestrignel à Perros-Guirec ou pour les douves herbues du Fort de Hoëdic, quel rapport avec le pétainisme?"

Sans doute aucun.

Kénavo

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