Magazine Sport

Vincent Clerc : "Le calendrier est beaucoup trop contraignant"

Publié le 19 avril 2011 par Supra

Crédit Photo : Panoramic

Vincent Clerc s’apprête à vivre une fin de saison passionnante avec le Stade Toulousain, leader du championnat et qualifié pour les demi-finales de la H Cup. Pour after-sport.fr, il revient sur la défaite de Toulouse à Toulon. Sans langue de bois, il donne son opinion sur le Top 14 et son calendrier surchargé. Il revient également sur sa grave blessure au genou et évoque son avenir.

Que retenez-vous de la défaite de Toulouse contre Toulon (9-21) ?

Dans l’ensemble ça a été un bon match de rugby avec beaucoup d’intensité, mis à part dix minutes qui nous ont coûté la victoire. On a dominé jusqu’à la 50ème minute et on prend deux essais sur deux fautes d’inattention, sur deux renvois. Dans l’ensemble c’est plutôt positif, mais c’est dommage de perdre un match en dix minutes. On n’avait pas trop de pression sur ce match et on a eu un relâchement coupable. Il faut faire attention car c’est la deuxième fois que ça nous arrive après le quart de finale de H Cup. Contre Biarritz, on avait fait une très bonne première mi-temps et on avait souffert en seconde ; donc c’est un mal un peu récurrent sur ces derniers matches. Il faut qu’on soit vigilants en retour de mi-temps.

Vous avez été laissé au repos pour ce match. N’est-ce pas frustrant de ne pas prendre part à un événement comme celui-ci, au Vélodrome, devant plus de 50 000 spectateurs ?

Non, ce n’est pas frustrant parce qu’on est habitué à ce turnover au Stade, et encore plus à l’approche des phases finales. On est encore en course sur les deux tableaux ce qui signifie que l’on va disputer pas mal de rencontres de haut niveau donc de semaine en semaine l’équipe tourne et comme on a la chance d’avoir un groupe très homogène, ça se passe bien. On sait que le plus important pour les organismes c’est de récupérer pour durer dans la saison et être en forme au moment des phases finales donc c’est un turnover logique.

Beaucoup critiquent le calendrier et les cadences infernales imposées aux joueurs. Qu’en pensez-vous ?

Effectivement, le calendrier est beaucoup trop contraignant pour les joueurs. Le plus dur avec ce calendrier, c’est qu’on manque de préparation physique pour tenir sur des saisons aussi longues. Tant qu’il n’y aura pas moins de clubs en Top 14 on n’arrivera pas à trouver des créneaux pour la récupération, pour la préparation ou ne serait-ce que pour avoir moins de doublons.

Donc vous seriez pour passer du Top 14 au Top 12 ?

Oui, un Top 12 ou un Top 10. Mais déjà un Top 12 ça permettrait d’avoir un mois supplémentaire de récupération ou de préparation physique.

Toulouse est leader du Top 14 et qualifié pour les demi-finales de la H Cup. Y-a-t-il une compétition que vous privilégiez ?

Non, aucune. Pour l’instant, on est sur les deux tableaux, on se donne deux fois plus de chances d’accéder au moins à une finale. Je crois que le choix se fait naturellement, au fur et à mesure que la compétition avance. On va privilégier la compétition où on a le plus de chances d’avoir un titre mais pour l’instant il n’y a vraiment pas de choix de fait.

Guy Novès a déclaré que c’était impossible de faire le doublé. Partagez-vous son opinion ?

Impossible peut-être pas, mais il faudrait vraiment des conditions parfaites, qu’il n’y ait pas de blessés pour que le groupe puisse tourner et continue à être performant. Je ne sais pas si le doublé sera réalisable un jour. Nous en tout cas on joue sur les deux compétitions pour essayer d’avoir au moins un titre. Si ça veut sourire on verra, mais ça me paraît vraiment très compliqué vu la longueur du calendrier et les blessures qui s’accumulent en fin de saison avec la fatigue. Du fait des blessures, on peut moins faire tourner et c’est difficile à gérer sur les deux tableaux.

Depuis le début de la saison et malgré les très bons résultats, on a parfois l’impression que le jeu du Stade toulousain est moins fluide que par le passé. Qu’en pensez-vous ?

Je crois qu’il y a surtout, comme chaque année, une période de réadaptation après le tournoi avec cinq ou six semaines pendant lesquelles on n’a pas pu s’entraîner ensemble. Il faut retrouver ses repères, mais on est habitué. Je crois par exemple que le match contre Biarritz a été plutôt convaincant. Il y a vraiment des choses intéressantes, le groupe vit bien depuis le début de la saison et surtout on prend beaucoup de plaisir sur le terrain. Il faut qu’on continue dans cet état d’esprit si on veut aller plus loin dans les deux compétitions.

Avez-vous senti un resserrement par le haut en Top 14 ?

Absolument. Le Top 14 est devenu un des meilleurs championnats parce qu’il y a beaucoup de recrues, de joueurs de très haut niveau qui viennent en France ce qui donne un championnat de très haut niveau.

D’un point de vue personnel, avez-vous l’impression d’avoir retrouvé votre meilleur niveau depuis votre retour de blessure ?

Oui, j’ai retrouvé les mêmes sensations qu’avant. Au niveau du physique et de la vitesse, tout est revenu comme avant donc cette blessure est vraiment loin derrière moi.

Avec le recul, cette blessure a-t-elle été le moment le plus difficile de votre carrière ?

Oui, mais ce sont les mois qui ont suivi la reprise qui ont été les plus difficiles. La rééducation en elle-même, ça s’est plutôt bien passé, mais le retour à la compétition a été très compliqué parce que j’ai mis du temps à retrouver mes qualités physiques. Il y a des moments de doute, d’angoisse. On a beau te dire que ça prend du temps de retrouver son meilleur niveau, c’est difficile à accepter, ça demande beaucoup de travail.

Envisagez-vous de terminer votre carrière à Toulouse ?

Je ne sais pas encore. C’est un club où je me sens extrêmement bien, mais je verrai dans un an ou deux les opportunités que j’aurai, mes envies du moment. Ailleurs en France, ça m’étonnerait. Peut-être une aventure à l’étranger pour l’expérience culturelle, mais je suis tellement bien à Toulouse que c’est possible que j’y finisse.

Donc un retour à Grenoble est impossible 

Impossible non, il faut voir. C’est un club que j’aime beaucoup, ma famille et mes amis d’enfance vivent là-bas donc pourquoi pas, si le club remonte en Top 14 et que l’opportunité se présente. Je n’écarte aucune possibilité. Grenoble c’est mon club de cœur, mais pour l’instant ce n’est pas dans mes projets. En tout cas, j’espère qu’ils vont remonter cette année. Je suis ça avec attention.

Avez-vous déjà pensé à votre reconversion ?

Oui, j’ai fini mes études en début d’année dernière. J’ai un master 2 de Marketing et Management (master 2 en ingénierie et management des organisations sportives à l'IAE de Toulouse, ndlr). En parallèle, je suis associé dans une société de consulting et d’événementiel qui s’appelle «Team One Groupe». Je verrai les opportunités qui se présenteront à moi en fin de carrière. J’anticipe, mais c’est aussi pour le plaisir de faire d’autres choses en dehors du rugby.

Une reconversion dans le staff du Stade Toulousain est-elle envisageable ?

Non pour l’instant ce n’est pas quelque chose qui m’intéresse vraiment. Je ne sais pas si j’ai la fibre pour entraîner. Je n’ai pas fait les démarches pour passer les diplômes d’entraîneur.

Les indiscrétions de Vincent Clerc

Quel est le meilleur ailier que vous ayez affronté ? Sivivatu.

Quel est le joueur qui vous impressionne le plus ? Jonah Lomu. Je l’ai rencontré à mes débuts, c’était assez impressionnant.

Votre meilleur souvenir de sportif ? Toutes mes premières ont vraiment une saveur particulière : premier match avec Grenoble en équipe 1, premier match avec Toulouse, premier match avec l’équipe de France, premiers titres…

Votre pire souvenir de sportif ? Ma blessure.

Vos passions en dehors du rugby ? On a peu de temps pour tout mais j’adore voyager, je me suis remis à faire un peu de musique, j’aime bien bouquiner. J’essaye de prendre du temps pour ma famille et mes amis. Ce manque de temps c’est vraiment la seule contrainte du haut niveau.

Votre plus grosse bêtise ? Avoir fugué alors que je venais à peine d’apprendre à marcher.

GF38 ou TFC ? Je ne suis pas très football, mais on va dire les deux vu qu’il y en a un en Ligue 1 et l’autre en Ligue 2.

Ernest-Wallon ou le Stadium ? Ernest-Wallon.

Novès sélectionneur après la Coupe du Monde, pour ou contre ? Pour. Je pense que c’est quelqu’un qui a les compétences pour gérer une sélection de haut niveau.

Novès qui sourit, ça arrive ? Oui mais il faut vraiment qu’on fasse les choses bien. Il est très exigeant et il sourit dans les vestiaires, en privé, quand il est content de nous. Il a un degré d’exigence très élevé et quand il sourit, ça veut dire qu’on a été très bons.

Qui fait les blagues les plus nulles dans le vestiaire ? On a des types assez marrants, il n’y a pas de mauvais blagueurs.

Qui chante le plus faux sous la douche ? Clément Poitrenaud.

Sans rire, c’est qui le plus rapide entre Franck Ribéry et Vincent Clerc ? C’est Vincent Clerc. Non, je ne sais pas. Disons qu’il est beaucoup plus rapide ballon au pied. Sans ballon je suis peut-être un peu plus rapide.

Un grand merci à Vincent Clerc pour sa disponibilité et sa gentillesse, à la chargée de communication du Stade Toulousain pour son aide et aux membres d'accroprono (alex8713, pmx1, kazo, ronaldGomez, wriquelme) pour leurs questions.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Supra 201 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine