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On en parle - Le Musée de l’innocence, de Orhan Pamuk

Par Benard

Amours impossibles en Turquie

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Par André Clavel (L'Express), publié le 22/04/2011 à 08:00

Le prix Nobel turc signe une très belle histoire d'amour sur les rives du Bosphore.

La littérature turque possède un fakir mirobolant, Yachar Kemal, et un derviche frondeur, Orhan Pamuk. Le premier n'a pas eu le Nobel qu'il méritait et c'est le second qui le lui a “volé” - en 2006 - parce que les jurés de Stockholm, tout en saluant un romancier de haute lignée, voulaient prendre la défense d'un rebelle. Pamuk avait en effet été l'un des seuls intellectuels du monde musulman à condamner la fatwa contre Salman Rushdie et, en 2005, il avait eu le courage de reconnaître la responsabilité de son pays dans le génocide arménien - des déclarations qui faillirent le conduire en prison. Et si Pamuk passe pour un mouton noir sur les rives du Bosphore, il n'est pas plus tendre avec les dirigeants européens, qu'il accuse de mépris à l'égard de la Turquie.

Mais, lorsqu'il grimpe sur son tapis volant pour revenir à ses vraies amours - la littérature -, Pamuk remise son amertume et nous enchante. En écrivant, il ne cesse de confronter les sortilèges de l'Orient et la modernité de l'Occident, dans des fresques vertigineuses où Schéhérazade passe le relais à Emma Bovary, où Nabokov et Calvino copinent avec Nazim Hikmet et Soliman le Magnifique. AprèsLe Livre noir(fabuleuse plongée dans les entrailles d'Istanbul),Mon nom est rouge(un polar à la Umberto Eco, qui se situe dans les ateliers d'enluminures du xvie siècle) etNeige(tableau d'une Turquie déchirée entre laïcité et islamisme), voici le roman le plus surprenant de Pamuk :Le Musée de l'innocence, qui commence comme une bluette glamoureuse et qui se referme sur un funeste fracas, à bord d'une vieille Chevrolet lancée contre un platane à tombeau ouvert. Mélo ou tragédie ? Pamuk joue sur les deux registres. Et montre, après Tolstoï et Flaubert, que les histoires d'amour sont aussi des histoires de mort, comme si l'existence était un monstrueux traquenard, un piège sordide. Kemal, le beau et fortuné narrateur duMusée de l'innocence, doit épouser Sibel, dans une Turquie encore archaïque - celle des an-nées 1970 -, où les mariages se manigancent à l'amiable, entre riches. Mais il n'y a pas là matière à roman et Pamuk décide de pousser son narrateur jusqu'à cette boutique providentielle où travaille la radieuse Füsun, dont il va tomber follement amoureux : pendant que se préparent ses fiançailles, il connaît l'extase entre les bras de cette fille du peuple, qu'il butine et lutine sans relâche, dans sa garçonnière des quartiers chics d'Istanbul.

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