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Droits d'auteur : les regrets des anciens musiciens de Tabu Ley

Publié le 24 avril 2011 par Africahit
Derniers regrets en date, ceux de FAUGUS auteur de " Mokolo na kokufa ".Tabu Leytabuley4Nombreux anciens musiciens de l'Orchestre AFRISA de TABU LEY " Rochereau " regrettent voici plusieurs années, le fait d'avoir cédé leurs compositions  à TABU LEY qui en a  fait sa propriété. Naturellement, tous les droits d'auteurs lui sont revenus pour toujours. Bon nombre de ses compositions, sont ceux qui ont battu les records de popularité et de vente. Le dernier musicien à se faire entendre est FAUGUS IZEIDI pour sa chanson "Mokolo na kokufa" dont il est le véritable compositeur.

1953 - L'installation de la Sabam à Léopoldville (Kinshasa)

Pour la petite histoire, il y a lieu de noter que jusqu'en 1953, année au cours de laquelle la SABAM (Société belge des auteurs et de compositeurs) s'est installée à Léopoldville (Kinshasa), les droits d'auteurs étaient méconnus des musiciens congolais. Certes, si sur les disques des éditions musicales  de l'époque (Olympia, Opika, Ngoma, Loningisa...) le nom du compositeur y figurait, ce dernier par contre n'avait droit qu'à un cachet forfaitaire ou encore selon chaque édition, à un revenu relatif au nombre de disques vendus (royaltie). Le droit d'auteur, pour la simple raison qu'il n'existait pas de société de droit d'auteur au Congo, était méconnu.  Néanmoins, tenant compte des revenus précités, chaque compositeur tenait absolument à se faire connaître et à obtenir l'inscription de son nom sur le disque.
Avec l'installation de la SABAM en 1953, le bien fondé du droit d'auteur à trouver sa raison d'être. Mais après une rude bataille avec les éditeurs grecs et belges qui n'osaient pas se plier aux règles de la SABAM. Ils trouvaient leur compte en maintenant le statu quo. Tout finira  heureusement par rentrer dans l'ordre avec l'implication des autorités coloniales.
1953 - La dissolution du duo célèbre " Jhimmy Na Mwanga "
Pamelo
pameloLe compositeur d'une chanson se devait de la déclarer à la SABAM et attendre en retour après perception et répartition des sommes dues par  les utilisateurs de la musique. (commerces, dancings, radios...) C'est justement au moment où ce système s'est installé que va éclater la bombe à retardement qui va mettre la fin aux poudres du duo célèbre "JHIMMY na MWANGA", pour la célèbre chanson "Ondruwe" déclarée illicitement par JHIMMY à la SABAM au détriment de MWANGA Paul le véritable compositeur. Lorsqu'on sait le grand  succès que cette chanson a fait, JHIMMY ne pouvait en être que le plus grand bénéficiaire. Contrairement à Henri BOWANE  pour la chanson "Marie Louise" chez Ngoma;  véritable compositeur reconnu par la SABAM, pendant que d'aucun avait toujours pensé que la composition était de WENDO. Ici heureusement, il ne s'est posé aucun problème. Les droits d'auteurs à BOWANE, mais le succès à WENDO.

La dissolution en 1953 du duo "JHIMMY na MWANGA", loin d'inspirer les musiciens congolais sur l'opportunité de ne déclarer à la SABAM que leurs propres compositions, a au contraire laissé libre cours à tout compositeur de s'accrocher à un grand nom pour lui céder des compositions moyennant une rémunération fictive. 

La fonction d'auteur compositeur
Sam Mangwana
mangwana
Si en Europe, il a existé et il existe toujours des auteurs compositeurs reconnus comme tels  (sans faire partie d'un groupe) et membres d'une Société des droits d'auteurs auprès de laquelle ils ont fait protéger leurs compositions, (disponibles à tout interprète qui se conforme aux dispositions légales),  ce n'est pas le cas au Congo, où le compositeur doit absolument être chanteur ou instrumentiste. Sinon, le moyen le plus facile c'est de céder ses compositions à son chef d'orchestre ou à un célèbre musicien en contrepartie d'une rémunération. Ce n'est que plus tard que les intéressés se rendent compte de l'erreur commise.La ruée vers les compositions anonymes
C'est à partir des années 60 que les grands musiciens congolais, en dépit de leur talent de bon chanteur ou de bons instrumentistes, voire de bons compositeurs, se sont approprié des compositeurs anonymes pour acquérir gracieusement ou moyennant un cachet des compositions qui ont fait leur gloire.
Les grands foyers des compositeurs anonymes
Lorsqu'on fait le compte depuis les années 60, c'est au sein de l'AFRICAN, de l'OK JAZZ et de ZAIKO que l'on compte le plus grands nombre des musiciens qui se sont appropriés des compositeurs anonymes, avant parfois que ces derniers deviennent eux-mêmes propriétaires de leurs éventuelles compositions.
olomide1
Les recours les plus fréquents concernent l'African Jazz , l'African Fiesta,  l'Afrisa, Zaiko, Viva la musica et Quartier Latin de KOFFI.
Notamment : TABU LEY comme étant le fournisseur de Joseph  KABASELLE. - Valentin KUTU " Sangana ", Pamelo MOUNK'A, FAUGUS, etc. fournisseurs de TABU LEY - Koffi OLOMIDE, fournisseur de WEMBA - WAZEKWA, fournisseur de Koffi OLOMIDE et on peut multiplier les exemples. D'ailleurs on dit pour TABU LEY que 70% de ses compositions ont été l'œuvre de SANGANA  et PAMELO. Tout comme Sam MANGWANA et YOULOU MABIALA seraient aussi des potentiels fournisseurs auprès de l'AFRICAN et de l'OK JAZZ.
Nous ouvrons cet épineux dossier en attendant de plus amples informations des mélomanes ou musiciens  sur des chansons bien précises.
En attendant, la revendication qui fait en ce moment grincer les dents concerne la chanson " Mokolo na kokufa " dont le compositeur serait FAUGUS
clément OSSINONDE[email protected]

A savoir (par Clément Ossinondé)

En ce qui concerne " Mokolo na kokufa ", les paroles et quelques partitions musicales sont de IZEIDI Faugus.

Dans la musique congolaise, en ce qui concerne les partitions musicales c'est tout le monde qui met la main à la pâte. Lorsque la composition est enregistrée elle devient entièrement propriété du compositeur (vis-à-vis de la société des droits d'auteurs). Tous ceux qui ont mis la main à la pâte pour la réussite de la composition se contentent des droits mécaniques.

Ce qui n'est pas le cas en Europe, où le droit de chacun est bien déterminé, le parolier, le compositeur de la musique ou quelque peu l'arrangeur.L’interprète en fait, c'est le musicien ou le groupe qui exécute la composition ou le morceau d'un auteur-compositeur, dans sa globalité du point de vue des notes (arrangement plus ou moins identique) et des paroles de la chanson.

L'interprète se doit de signer son interprétation du nom de l'auteur compositeur. En principe, plus de 8 mesures reprises sur une composition quelconque, l’interprète doit obligatoirement la signer de son compositeur.
Rarement, voire même inexistants sont les auteurs compositeurs, ou paroliers congolais reconnus comme tels (affiliés à une Société des droits d'auteurs) et qui sont régulièrement consultés pour une interprétation.
Pour prendre le cas de Johnny Hallyday, il recourt souvent chez des compositeurs attitrés pour lesquels il interprète les compositions. Toutefois, chacun a son compte ; le compositeur s'attend aux droits d'auteur régis par sa Société, l'interprète ou les interprètes (orchestre) aux droits mécaniques ou aux royalties garantis par le producteur musical (selon le rôle joué par chaque musicien dans l'exécution de l'œuvre ou au prorata du nombre des disques produits).
Les musiciens qui cèdent gracieusement ou moyennant un cachet leurs compositions à une vedette célèbre se privent des droits d'auteur à vie au profit de la vedette célèbre. Mais souvent plusieurs après le véritable compositeur revient sur son don et c'est trop tard (dans la mesure où sa composition a été déclarée à la société des droits d'auteurs par la vedette célèbre comme étant sa composition).

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Ndlr - Il règne une certaine confusion en la matière, en commençant déjà par les termes utilisés.

Comme le faisait observer Ray Lema il est curieux que des journalistes parlent de Papa Wemba ou de Olomidé en disant qu'ils sont des musiciens, terme qu'ils n'employeront pas quand il s'agit de Michael Jackson ou de Johnny Hallyday. Dans ce cas ils parleront de chanteur ou d'artiste. Mais dans les deux Congo le terme " musicien " est assimilé à " artiste " alors qu'ailleurs ce terme s'utilise surtout pour les instrumentistes.

Idem pour " compositeur " qui est assimilé couramment à l'auteur d'une chanson quand il ne désigne pas l'interprète. En Europe ce terme désigne surtout celui qui écrit ou compose les musiques, l'auteur étant celui qui écrit les paroles.


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