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La Fille du Puisatier, Verlaine et Brassens invités chez Pagnol (2/2)

Publié le 28 avril 2011 par Sheumas

   Je me souvenais bien sûr de Jean de Florette, de Manon des Sources et de Galinette en regardant « la Fille du puisatier » de Daniel Auteuil, j’en revoyais les silhouettes dès les premières minutes du film... Les collines, les cigales, les mas et les terres des Soubeyran... Mais j’avais aussi en tête ces beaux vers de Verlaine... Tout le poème semble en effet éclairer le film. Lumière de Provence, éclat du soleil et des fleurs auprès de la rivière. Des « Coquelicots » de Monet en mouvement à « La nuit étoilée » de Van Gogh...

Vois, le soleil toujours poudroie à quelque trou.

   Taille cambrée, jolie robe à fleurs, chapeau de paille, Patricia, la fille du puisatier, est aussi fraiche que l’eau de la rivière et que la langue de Pagnol jaillissant du fond de la terre, derrière Pascal Amoretti, le puisatier. Pour franchir la rivière (et la frontière des interdits), « ile suffit de passer le pont »... Mais le pont est ailleurs... Patricia doit enlever ses chaussures, retrousser son jupon, s’aventurer dans le courant... Jacques, le « polisson », qui lui propose opportunément son aide, a l’audace et la légèreté du « bon petit diable à la fleur de l’âge » de la chanson de Brassens. « Cendrillon, ravie de quitter sa cage » hésite, vacille puis tombe dans ses bras et, lorsqu’il faut la ramener à son père, comme il le dit lui-même, « une motocyclette a suffi pour renverser le bonheur ».

Et je dorloterai les rêves de ta sieste / Et tu chantonneras comme un enfant bercé.

   Constat amer d’un père isolé avec ses cinq filles, un père soucieux de préserver l’honneur et la dignité blessée de la famille. On est en 14. La grande guerre ravage les familles et chacun s’enfonce dans la mécanique de ses tourments intérieurs. Le jeune aviateur qui, au cours d’un meeting d’aviation, a fait tourner la tête de Patricia, est porté disparu. Son avion s’est écrasé.

Midi sonne. De grâce, éloignez-vous, madame. / Il dort

   Des flancs de Patricia, un enfant est né. Un beau petit garçon qui a le sourire insolent du père. Les rancoeurs s’accumulent. Chacun porte sa part de culpabilité... Les parents de Jacques plongent dans le désespoir. Le puisatier continue de creuser et de se salir les mains dans l’argile rouge des puits.

   Jusqu’au moment du miracle final et du retour à un ordre familial et social arrangé non seulement par les deux familles mais aussi et surtout par les futurs mariés qui, tels des amants de Marivaux, imposent leur ordre et leur propre vision des choses.

L'espoir luit comme un caillou dans un creux. / Ah, quand refleuriront les roses de septembre!


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