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"Adoption : blessures secrètes", le doc

Par Kakrine
Moi, j'ai beaucoup aimé le doc sur l'adoption qui est passé hier soir sur France 3. Pourtant, je dois dire que j'avais quelques craintes au vu des articles qui le présentait (voir LeFigaro), axés uniquement sur l'échec de l'adoption: or, ce doc va bien au-delà, et aborde l'échec de l'adoption, c'est vrai, mais pas que, et loin de là! 
J'ai vraiment apprécié le regard lucide, le "parler-vrai" et la subtilité des différents témoignages, interviews, reportages qui permettent d'apprécier l'adoption dans toute sa complexité. Sûrement parce que, tout au long du reportage, les points de vue, ressentis, avis des adoptés et des parents adoptants sont pris en compte de façon équilibrée, tout au long de chacune des étapes du process d'adoption, voire bien après.
Pour une fois, c'est donc à la fois grand public et pour les adoptés, et pour les adoptants. Pour une fois, on ne survole pas le sujet à l'aide des clichés habituels... Ce doc creuse les choses, va au bout des choses et apporte aussi à ceux qui sont concernés par l'adoption: habituellement, les reportages sont beaucoup plus superficiels et j'ai souvent le sentiment que ça n'apporte pas grand chose. Là, c'est l'inverse! C'est extrêmmement complet, et surtout, pour une fois, ce n'est pas "à charge"!
Je crois que c'est aussi dû au fait que l'approche associe des familles, des adoptés, avec leurs émotions, leurs histoires, leurs ressentis, leurs personnalités ... et des reportages sur les aspects de la démarche d'adoption, aspects médicaux, administratifs, dans un conseil général, un orphelinat, un hôpital. J'ai par exemple adoré la scène de la découverte de l'album photo , dans un orphelinat, l'étonnement des enfants, leur curiosité et la simplicité avec laquelle la nounou leur explique les choses, "pour les habituer"... 
J'ai été très touchée par les témoignages des adoptés, notamment Julien, né en Ethiopie, et David, né en Corée. 
Julien, sa joie de vivre, son optimisme, ses yeux brillants, qui dit son bonheur, notamment lors de sa rencontre avec ses parents :"j'étais heureux, j'avais quelqu'un qui s'occupait de moi, qui m'avait désiré, c'était super"David, à l'inverse, à la fois plus posé, qui donne le sentiment d'avoir plus souffert tout au long de son enfance mais qui donne aussi aujourd'hui le sentiment d'une certaine sérénité. Il parle de façon très émouvante de ses premières années à l'orphelinat (il a été adopté à 7 ans): "j'avais un sentiment de grande solitude, et en même temps d'attente, attente qu'il se passe quelque chose, soit qu'on revienne me chercher, soit qu'on m'adopte".  "Au début, l'attention que me portaient mes nouveaux parents me paraissait inhabituelle et intrusive, je sentais une sorte d'obligation de les aimer»...Le reportage en Corée sur la rencontre de Maylis et son frère (dont j'ai oublié le prénom, David aussi, je crois) avec leur mère biologique et leurs grand-parents est poignant... un vrai "coup de poing dans le ventre", mélange de déception, de soulagement, de douleur finalement consolée par la mère adoptive,  "je croyais que j'avais été insignifiante"...Et l'échec est abordé, aussi. Les difficultés. "La différence entre l'enfant rêvé et l'enfant réel", comme le dit le professeur Choulot, filmé lors d'une conférence au redoutable mais salutaire parler-vrai! L'histoire, terrible de Jonathan et de la famille qui a été la sienne quelques années, déstabilisante, dérangeante, qui interpelle une fois de plus sur l'apparentement... le "père" se demandant si sa famille était bien celle qu'il fallait pour cet enfant-là ... et le désespoir toujours palpable de sa "mère", qui m'a beaucoup fait penser à la journaliste du NYTimes qui avait l'an dernier témoigné sur son échec, elle aussi (ici).L'histoire de cette jeune fille d'origine roumaine hospitalisée en psychiatrie... et la "sur-représentation" des enfants adoptés dans ces services, selon le pédopsychiatre du CHU de Nantes... ce qui va à l'inverse de ce que j'ai pu lire dans certaines études, mais qui semble être son constat.  Les difficultés d'une maman à se sentir mère véritablement d'un adorable petit garçon né au Mali...ou les doutes  d'une mère devant le comportement difficile de son petit garçon (celui sur la balançoire, je n'ai pas retenu son prénom)  et l'écoute bienveillante de la pédospychiatre Marie-Odile de la Pérouse de Montclous, qui les aide. Et ce "mot de la fin", assez terrible, asséné par une Anne-Laure dont on sent le parcours douloureux, qui cite une autre adoptée: "vous êtes mes parents, sans aucun doute, mais nous n'avons pas les mêmes ancêtres". Redoutable. Et juste. Mais... je pense que ce doc montre justement qu'il y a un "mais", que malgré ces difficultés, cette complexité, ça peut marcher!  C'est vraiment un doc précieux, d'une très grande richesse, et qui je vais revisionner une seconde fois, au moins, pour saisir encore des subtilités qui auraient pu m'échapper!Vous avez aimé, vous? 

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