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Prochaine séance de l'Association pour l'étude de la colonisation européenne.

Par Ananda
Association pour l’étude de la colonisation européenne
1750-1850
17, rue de la Sorbonne, 75005 Paris
Séance du 14 mai 2011
17, rue de la Sorbonne, Marc Bloch, escalier C, 2e étage, 14 heures 30
Cher(e)s ami(e)s,
Notre séance du samedi 14 mai portera sur un thème en apparence souvent
traité par l’historiographie de la Révolution de Saint-Domingue, mais
éclairé sous un jour nouveau par Jeremy Popkin : les événements de l’été
de 1793 au Cap Français, du 20 juin au 21 septembre, qui aboutirent à la
proclamation de l’abolition de l’esclavage par Sonthonax puis Polverel,
ratifiée par la Convention le 16 pluviôse an II, 4 février 1794.
Vous trouverez ci-dessous le résumé de la communication qui sera présentée.
Nous espérons vous retrouver nombreux en cette occasion,
Cordialement,
Marcel Dorigny, pour le bureau
‘Zotes tous libres’:
les abolitions de l’esclavage à Saint-Domingue (1793) et en France (1794)
par
Jeremy D. Popkin
University of Kentucky
A la fin de l’après-midi du 20 juin 1793, au Cap Français, les deux
commissaires nationaux civils Léger-Félicité Sonthonax et Étienne Polverel
prennent une décision historique. Face à l’assaut d’un millier de matelots
blancs venant des vaisseaux amarrés dans la rade, avec à leur tête un
général français, un certain François-Thomas Galbaud, les deux
commissaires lancent un appel aux esclaves de la ville offrant la liberté
à ceux qui prennent leur parti. Dans les rues de la ville, un témoin
entend les agents des commissaires qui crient aux esclaves, Zotes tous
libres ça commissaires là io qui bas zotes libres, tout blanc ça legal à
nous, tout pays-ce ça quine à nous. (“Vous êtes tous libres, les
commissaires disent que vous êtes tous libres, nous sommes les égaux des
Blancs, tout ce pays nous appartient.”).
Ce qui se passe dans les rues du Cap Français, ce 20 juin 1793, est le
commencement du processus qui va conduire, d’abord, à l’émancipation
immédiate de toute la population de Saint-Domingue, et ensuite au vote du
décret du 16 pluviôse an II par la Convention nationale, abolissant
l’esclavage dans tout l’empire français. Dans mon livre, You Are All Free
: The Haitian Revolution and the Abolition of Slavery, (Cambridge
University Press, 2010), j’essaie de reconstituer en détail la séquence
des événements qui ont amené à ces résultats.
Mes recherches remettent en question beaucoup d’idées reçues à l’égard de
l’abolition de l’esclavage et de la nature des Révolutions française et
haïtienne. En partant de la reconstitution des événements du 20 juin 1793
on arrive à se demander, d’une part, si on peut vraiment dire que
l’insurrection des esclaves avait rendu l’abolition de l’esclavage
inéluctable, du moins au moment où elle a été proclamée, en août 1793, et,
d’autre part, si les révolutionnaires français, à la Convention, avaient
vraiment eu la volonté d’abolir l’esclavage, avant que les faits accomplis
à Saint-Domingue ne leur ôtent tout choix en la matière. En effet, je suis
arrivé à la conclusion paradoxale que les abolitions de 1793 et 1794 sont
arrivées sans que personne, ni à Saint-Domingue ni en France, ne les ait
anticipées, du moins dans les formes qu’elles ont prises. De plus, je suis
amené à insister sur l’importance des événements imprévisibles et de la
contingence dans l’histoire. Les émancipations de 1793 et 1794 sont des
événements qui pourraient ne pas avoir eu lieu, et toute l’histoire de
l’esclavage et de la colonisation aurait pu être très différente.

Source : l'ARCC (Association Réunionnaise Communication Culture)


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