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[critique dvd] le soldat dieu

Par Gicquel

Dans la filmographie de Koji Wakamatsu, « United red army » (l’histoire du mouvement étudiant au Japon) précède « Le soldat dieu ». Une chronologie un peu chamboulée quand on découvre l’univers de ce nouveau film, où les parents des futures générations de « United red army » se confrontent au rigorisme social et politique de la seconde guerre sino-japonaise en 1940.
Le traitement entre les deux films est radicalement opposé. Malgré les digressions du premier, sa violence autant physique que morale et l’âpreté du propos, je l’ai nettement préféré à cet opus tout à fait concis dans son approche scénique, mais tellement répétitif qu’il en devient démonstratif.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

En dévoilant dès les premières images, ce revenant de guerre complètement amputé, on imagine la version nippone de « Johnny got is gun » de Dalton Trumbo, terrible réquisitoire contre la première guerre mondiale au cours de laquelle un jeune soldat perd ses bras, ses jambes et une partie de son visage. Il ne parle plus, n’entend plus rien, ne sent plus rien, mais il demeure conscient.
Le « héros » de Koji Wakamatsu, est du même acabit. Mais plutôt que de le suivre au cœur même de sa souffrance, comme le fera Tremblo, il lui redonne sa place au cœur de la cellule familiale, doublée de l’aura du vrai soldat nippon qui jamais ne se rend. Le voici, pour la version officielle, « soldat dieu », vénération « vivante » pour tous les villageois.

[critique dvd] le soldat dieu

Un supplice supplémentaire pour  le lieutenant Kurokawa dont le quotidien est à la merci de son épouse, qui ne peut rien lui refuser, et surtout pas les rapports sexuels qu’ils réclament fréquemment. Et le cinéaste ne se prive pas alors de revenir sur ce désir de chair, pour un corps-tronc en mal d’amour, mais aussi en quête de la même suffisance dont il devait faire preuve alors valide.
Koji Wakamatsu  s’attache à son personnage, (et à la longue ça devient lassant) alors que tout autour d’autres personnalités auraient mérité une attention plus soutenue. Je pense par exemple à celui qui joue l’idiot du village, dont l’innocence apparaît ici en filigrane comme le refus du pouvoir militaire de voir et d’entendre la vérité.
La charge anti-militariste poussée ici à l’extrême aurait trouvé un écho plus subtil dans un portrait plus approfondi de ce vieil homme, sage.

[critique dvd] le soldat dieu

Prix d'interprétation féminine à Berlin 2010, Shinobu Terajima

Shinobu Terajima a reçu pour son rôle d’épouse modèle le prix d’interprétation au festival de Berlin. Ce qui là encore me surprend, car au-delà d’une interprétation tout à fait correcte, il n’y a pas de quoi s’en relever la nuit.

LE SUPPLEMENT

Itinéraire d’un cinéaste révolté
Je ne sais pas s’il faut voir dans ce titre de chapitre un clin d’œil malicieux, une ironie discrète ou une maladresse bien involontaire. Il reste que pendant plus d’une demi-heure on assiste uniquement aux déambulations du cinéaste au festival de Berlin en 2010.
Accueil, débriefing de l’attachée de presse (les premières réactions des journalistes) réception, conférence de presse (mais on n’entend qu’une musique au piano), puis courte rencontre d’après-projection, et puis basta.
Pour un cinéaste révolté, c’est plutôt un itinéraire tranquille….


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