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Hilary Hahn violon - Valentina Lisitsa piano au Palais des Beaux -Arts, Bruxelles, le 4 mai 2011

Publié le 04 mai 2011 par Concerts-Review

La splendide  salle Henry Le Boeuf, construite par Horta, accueillait, en ce début du joli mois de mai, deux jeunes et séduisantes virtuoses pour un récital vernal.
La brune,  Hilary Hahn, 31 printemps, Lexington, Virginie, prodige de l'archet et la blonde,  

 Valentina Lisitsa, 38 bougies, Kiev, Ukraine, émigrée en Caroline du Nord, pianiste émérite!

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A 22h15', tu es ressorti du Palais des étoiles plein la tête avec à tes côtés ta légitime te susurrant 'je t'aime', t'avais plus entendu ça depuis la fin de la guerre du Vietnam!
Tu sais, cher ami, combien il est malaisé de décrire un concert de musique classique, de même qu'il est ridicule de retranscrire ses émotions en verbiage futile, mais, même sans maillot de bain, il faut se jeter dans les flots: alea jacta est, le Rubicon n'est pas si profond!
En ce mercredi demi-finale de la Champions League, garer son carrosse du côté du Ravenstein s'avère tâche fort ardue, bon nombre de Bruxellois débarquent donc tardivement chez ce cher Henry, les cloches ont beau sonner, il faudra attendre 20h10' avant que chacun ait trouvé son siège.
Les annonces classiques: no GSM, no Nikon, no Youtube, no smoking, no ronflements, please...
Le tandem sort de coulisses, magnifique robe gris/bleu pour l'Américaine, une toilette gris souris pour la Ruthène: la classe!
Antipasti ( 5', pas de cuisson):'Variazioni su un tema di Corelli' de Tartini.
Léger, vivace, du baroque digeste... tu confonds pas Arcangelo Corelli avec le capitaine à la mandoline, featuring Nicolas Cage, per favore.
Primo Piatto, Entschuldigung... on passe en Allemagne avec Ludwig van Beethoven et sa 'Frühlingssonate' ou 'Sonate für Klavier und Violine F-Dur Opus 24': le printemps reste d'actualité!
Romantisme et langueur !
Une incroyable complémentarité entre les deux artistes, un doigté infaillible au service de la passion pour Valentina, un violon virevoltant et lyrique pour Hilary. Le premier mouvement frivole fait place à l'adagio, après que les nombreux tuberculeux présents dans l'enceinte aient fait cracher bruyamment leurs poumons!
Un piano mélancolique sur lequel viennent se greffer les notes plaintives du copain de Stradivarius.
Un scherzo saccadé pour finir en rondo nerveux.
Délectation et volupté.
Courte sortie et une salade pour digérer: Charles Ives "Children's Day at a Camp Meeting" sonate pour violon et piano n°4 opus 22. (1915)
Une marche vive entame cette oeuvre assez brève, le ton se fait majestueux avant que le piano n'adopte une inflexion dissonante proche du free jazz, un thème country & western s'insère dans le final agité.
Moderne et culotté, le duo faisant preuve d'une adresse et maîtrise peu communes.
L'heure de la pause a sonné.
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Hilary se présente seule après le break, elle a choisi Johan Sebastian Bach: 'Partita for solo violin N°1 BWV - 1002' . ( 1720)
Allemanda: ce mouvement se révèle particulièrement complexe et périlleux, cette danse lente demande dextérité et souplesse.
Pour citer un spécialiste... it's not for sissy violinists... tu peux me croire à voir les glissandi, trilles, batteries, et autres démanchés, effectués à la vitesse de l'éclair, la petite n'est pas pour rien considérée comme an outstanding musician.
Corrente- Sarabanda et Tempo di Borea: ou danse rapide en va et vient audacieux, lenteur aristocratique pour finir en bourrée trépidante.

A couper le souffle, public enthousiaste acclamant Miss Hahn comme une star du rock.
Parenthèse, le rock, elle connaît pour avoir accompagné Josh Ritter en concert!
Dernière pièce, en duo, le clou du récital: Georg Carl Johann Antheil: ' Sonata for Violin and Piano n°1' ( 1923) .
Avant-garde music!
Georg, tout jeune, a connu le mouvement Dada, Maurice Maeterlinck, Stravinsky, Les Six( dont Poulenc et Milhaud) , Satie, James Joyce, Hemingway ... et très vite fut considéré comme le bad boy of music.
Sa sonate est filmographique, tourmentée, inquiétante, oppressante, surprenante, déstructurée, hachée, machiavélique, endiablée, truffée de mouvements jazzy, de modernisme à la Fritz Metropolis Lang ... bref, toute une palette d'émotions te traversent l'esprit et l'âme et tu vibres au jeu prodigieux des deux protagonistes se donnant corps et âme à l'oeuvre expérimentale.
Moment fort et rock'n roll, le tourneur de pages tarde à changer un feuillet, Valentina excitée et tout à son jeu, arrache la page, en fait une boulette et la balance aux pieds de l'endormi!

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Clelia, debout, bat des mains à tout rompre!
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En pousse-café: un doublé de Viennoiseries grand public, trois temps binaires moins Carrefour/ Intermarché que les efforts d'André Rieu!
Soirée éblouissante!


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