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Le « burn out » peut-on l’eviter ou l’anticiper ?

Publié le 06 mai 2011 par Agirplus

 »Le burn out est un chagrin d’honneur ». A l’heure où le rapport sur les risques psycho-sociaux figure en bonne place sur le bureau du ministre du travail, le psychiatre suisse Davor Komplita, spécialiste du burn out, explique les enjeux et dérives de ce qui pourrait bien être  »la maladie du siècle ». 
Par Davor Komplita, La Tribune.fr le 17/04/2011
PSY EN MOUVEMENT
n° 19042011

Risques psycho-sociaux

Vous traitez des urgences  des « malades du travail », quels sont vos constats ?

« Les nouvelles formes d’organisation du travail s’évertuent à mobiliser et à s’approprier la subjectivité des collaborateurs et, ce, à tous les niveaux de la hiérarchie. La culture du résultat, des chiffres, de la performance, de la gestion des projets et des évaluations, se développe dans une rupture croissante avec la réalité du travail humain.

Je découvre des pathologies que je ne voyais pas il y a quinze ans. A l’époque quand cela n’allait pas on changeait d’emploi. Le deuxième constat est quantitatif : un tiers de nos consultations spécialisées sont en lien avec la souffrance au travail. »

Dans le cadre de l’accompagnement de salariés, nous constatons qu’un certain nombre de personnes évoquent quand ils en ont la possibilité, quand ils s’autorisent à le faire des conditions de travail pénibles. Cette pénibilité est ressentie différemment selon les contextes et la personnalité .Cela se traduit souvent par une perte d’ « identification » à la structure ou à la personne dirigeante, par une perte de « légitimité » au poste et bien souvent par une perte de « confiance en soi ». Le fameux triangle d’or de la motivation  de Bellanger ne fonctionne plus. Souvent les salariés parlent d’absence de motivation, du fait qu’ils n’ont plus envie de continuer à travailler Ils en parlent mais ils continuent à assurer leurs postes
Quels sont les symptômes ?
« C’est comme lorsque vous êtes coincé en voiture dans les embouteillages. On s’habitue. Au fait d’avoir une boule au ventre en venant travailler le matin, à celui d’être inquiet à la perspective de rentrer en réunion, et on finit par tirer la sonnette d’alarme de plus en plus tard. »……

« Scientifiquement il a été prouvé qu’un cerveau soumis à un stress permanent et continu entre dans l’inhibition. Le cerveau est à ce point rétréci qu’il tombe en panne. J’appelle cela un « chagrin d’honneur ». Car il relève de la perte de dignité de l’être humain »

« Les plus vulnérables, ce sont les quadras et les quinquas qui ont intégré les valeurs du travail car leur dignité se joue là »

Chez  eux,  lors de l’accompagnement, nous pouvons y rencontrer la colère, la déception, une certaine forme de mutisme car rares sont ceux qui en parlent autour d’eux. Rompre l’isolement suscité par des situations complexes que l’on ne maîtrise pas, quitter ce sentiment d’impuissance se révèle importants. Quand on sent qu’on n’existe pas dans un contexte professionnel difficile, il s’agit de pouvoir prendre du recul, de comprendre, d’être à nouveau reconnu, de recréer du lien.

L’accompagnement de salariés même s’il ne peut tout résoudre permet de reprendre son souffle et de trouver des points de force. Peut –être en en attendant et en pensant comme   Davor Komplita que «Il faut soigner l’organisation par le dialogue sur le travail, le management, les politiques et la stratégie le «faire ensemble» et non dans «l’être ensemble».


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