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Le candidat Sarkozy rate son 8 mai.

Publié le 09 mai 2011 par Juan
Le candidat Sarkozy rate son 8 mai.Pour ce 8 mai 2011, Nicolas Sarkozy avait une corvée, qui cette fois-ci était bien nécessaire. Il pouvait se montrer lyrique, célébrer l'esprit de résistance, s'afficher enfin et encore « présidentiel ». Pour que l'effet électoral fut parfait, il était parti en Bretagne, aussitôt la célébration parisienne terminée. Les moyens de la République étaient une fois de plus tout entiers consacrés à la campagne de réélection de Nicolas Sarkozy. Un élu communiste protesta, publiquement. Il fut embarqué manu militari et placé en garde à vue.
La Sarkofrance a besoin de silence quand son Monarque parle.
En Bretagne, présidentiel...
Pour les cérémonies du 8 mai 1945, anniversaire de la fin du second conflit mondial, le Monarque voulait jouer local. Il s'était donc rendu en Bretagne, à Port-Louis, ce dimanche 8 mai 2011. Ces communicants, Henri Guaino en tête, lui avaient préparé le discours qu'il fallait. 17 minutes, pas une de plus, un texte essentiellement historique et sans originalité, que Sarkozy ne pouvait que lire.
« Pendant ces quatre années, les Bretons auront montré une capacité d’endurance et de résistance hors du commun. Ils ont pris la mer au plus gros de la tempête de 1940. Ils ont vécu sous un déluge de feu. Ils ont livré bataille. Souvenons-nous de cette formidable endurance. Souvenons-nous de cette détermination. Souvenons-nous que lorsque tout paraissait perdu, des hommes ont tenu, n’ont rien lâché, n’ont rien cédé, ni de leurs convictions, ni de leur amour de la France, et qu’ils ont finalement emporté la victoire… L’espoir a toujours un nom : le courage. »
Il pouvait rappeler la honte de la défaite de juin 1940 (« Le peuple français livré à lui-même, voyant se dresser le spectre de l'invasion, et avec lui son terrible cortège d'exactions et d'humiliations, prenait dans un désordre indescriptible, les chemins de l'exode.» ), exalter la mémoire des premiers résistants de la France libre (« Ce jour-là, ces marins avaient déjà commencé à sauver l'honneur de notre pays »), ou des réseaux bretons comme ceux du maquis de Saint-Marcel (Morbihan) en juin 1944, rendre hommage aux 69 résistants exécutés en 1944 à Port-Louis.« Nous nous devons à cet héritage, il est celui d'une génération qui a connu l'enfer et qui a voulu nous l'épargner pour toujours.» Il assista même à quelques coups de canons et un défilé aérien. Il s'est « longuement » (10 minutes) recueilli devant le monument aux victimes de la déportation.
Le Monarque confondait sa visite avec une visite électorale. Pour une fois, il n'a traité aucun Breton de connard.
... ou candidat ?
Ce déplacement n'est pas anodin ni même républicain, mais électoral. La Bretagne est un territoire à conquérir.
Pendant sa campagne de 2007, Nicolas Sarkozy avait été surpris bien plus méprisants à l'encontre des Bretons. « Qu’est-ce qu’on va foutre dans un centre opérationnel sinistre à regarder un radar ? Qui a eu cette idée de demeuré ? (...) Je me fous des Bretons. Je vais être au milieu de dix connards en train de regarder une carte ! (...) Derniers jours de campagne dans une salle à voir une carte ! Grand sens politique vraiment ! ». Ces propos, rapportés d'un déplacement à Corsan en 2007, ont été reproduits dans l'ouvrage de Yasmina Reza, « L’aube, le soir ou la nuit ».
Une fois élu, Nicolas Sarkozy avait de nouveau heurté la région, en jouant au petit coq contre un pêcheur énervé.Tranquillement protégé par une trentaine de gardes du corps, il avait défié un protestataire comme un Tony Montana de petite banlieue.
La Bretagne n'a pas voté Sarkozy en 2007. Le futur Monarque n'y obtint qu'un maigre 47% au second tour de l'élection présidentielle de 2007. Cette fois-ci, Nicolas Sarkozy, qui tente de convaincre qu'il n'est pas en campagne pour sa réélection, a tenu à célébrer la fin de la seconde guerre mondiale... en Bretagne. Coïncidence ? Non. Evidemment non.
« Au nom de la France, souvenons-nous de cette formidable endurance, souvenons-nous de cette détermination, souvenons-nous que lorsque tout paraissait perdu des hommes ont tenu, des hommes n'ont rien lâché, n'ont rien cédé, ni de leurs convictions, ni de leur amour de la France. Et ils ont finalement emporté la victoire. L'espoir a toujours un nom: le courage ».
A propos du général de Gaulle lui-même, Nicolas Sarkozy n'a pas toujours eu des mots très tendre. Franz-Olivier Giesbert, patron du Point, rapporte dans son dernier ouvrage, « Monsieur le Président », une confession peu amène à l'égard du chef de la France libre. « Moi gaulliste ? » a-t-il déclaré devant l'auteur, le 5 juin 2008. « Ce n'est pas aussi simple. Le général de Gaulle fut un grand homme en juin 1940, puis en mai 1958. La première fois, il nous a rendu l'honneur et la seconde fois, donné une Constitution. Mais après ? Quel est son bilan ? Laissez-moi rigoler. Qu'est-ce qu'il a fait, au juste, à part s'accrocher à un pouvoir qui se dérobait devant lui ? Et puis franchement, il serait temps d'en finir avec une certaine légende.»
Ce dimanche de mai 2011, la cérémonie sarkozyenne devait se dérouler devant une assistance triée sur le volet, encadrée par des centaines de militaires et gendarmes : militants UMP ou élus locaux seulement avaient été conviés.
Elle fut quand même troublée par l'intervention, en début de discours électoral, d'un élu communiste, rapidement maîtrisé par les forces de sécurité : « Votre politique est une insulte. C'est la mort de la liberté, de l'égalité et de la fraternité » a lancé Vladimir Bizet-Sefani, élu de Lanester et militant CGT. L'évacuation fut brutale et sans bavure. L'homme fut ensuite placé en garde à vue. Les cérémonies publiques sont donc bel et bien des spectacles silencieux où seul le Monarque a le droit de parler.
Sarkozy a dû enrager. Son discours a failli être gâché. On pouvait entendre, d'ailleurs, malgré le renforcement sonore opéré par les techniciens de l'Elysée, les cris du protestataires dans les premières minutes du discours.  
Montre en main, Nicolas Sarkozy n'est resté qu'une heure dans le Morbihan. Un temps largement suffisant pour un Monarque pressé.
Il est reparti en Falcon.


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